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TCHING

VANG.

Kang-mo.

IIIS.

1079.

fera foumis de lui-même, il fe corrigera & vivra en paix. Si vous agiffez avec lui comme avec un malade, il fe défera de ce qu'il a de mauvais ; fi vous l'aimez comme votre fils, votre Gouvernement fera tranquille.

Prince (1), ce n'eft pas vous qui puniffez de mort ou de quelqu'autre peine les criminels. De vous-même & felon vos Tfou-chou. defirs, vous ne devez punir ni de mort ni de quelqu'autre fupplice; ce droit ne vient pas de vous: s'il faut couper à quelqu'un les oreilles ou le nez ne le faites pas felon vos inclinations particulieres; gardez la justice.

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avant J. C.

Quant aux affaires du dehors, faites connoître & publier ces loix; faites obferver ces fages loix que les Rois d'Yn ont portées pour la punition des crimes.

S'il s'agit de fautes confidérables, penfez-y cinq, fix, dix jours, & même jufqu'à trois mois, enfuite foyez exact à exécuter l'arrêt.

En publiant ces loix d'Yn, en les faifant exécuter, ayez toujours égard à ce que les circonftances & la raison exigent; ne fuivez pas vos propres fentiments, & quoique vous vous conformiez à toutes les regles de la droiture, dites toujours en vous-même: peut-être ai-je manqué à quelque chofe.

Jeune Prince, peu de gens ont le cœur auffi bon que le vôtre; vous connoiffez le mien, & le defir que j'ai de pratiquer la vertu.

Quand on voit les fautes qui fe commettent, ceux qui volent & qui excitent des troubles, les fourbes, les trompeurs, les homicides, ceux qui tendent des piéges aux autres pour avoir leur bien; enfin ceux qui, fans craindre la mort commettent ouvertement toutes fortes de crimes, il n'est fonne qui n'en ait horreur.

per

Prince, ces fautes font certainement dignes d'horreur, mais elles font moins dangereufes que la défobéiffance d'un fils & la difcorde dans les familles. Si un fils n'a pas pour fon pere le refpect qu'il lui doit, s'il ne lui obéit pas, il bleffe le cœur de ce pere, qui alors ne l'aime plus, & l'abandonne. Si un frere

(1) Les Interpretes difent qu'un Roi juge à la place du Ciel.

TCHING

VAN6.

cadet n'obferve pas l'ordre établi manifeftement par le Ciel, & ne refpecte pas fes aînés, ceux-ci ne prendront aucun soin de leurs cadets, & n'auront pour eux aucun fentiment de tendreffe & de compaffion. Si nous, qui gouvernons les autres, Kang-mo. ne puniffons pas féverement ces excès, nous détruifons de 1115. fond en comble les regles de conduite qui ont été données aux peuples par le Ciel. Allez donc, Prince, hâtez-vous d'exécute Tfou-chou. les loix que Ven-vang a décernées contre les crimes, & dan la recherche & la punition de ceux que j'ai indiqués, ne foyez pas indulgent.

Il faut punir féverement ceux qui ne gardent point les regles; mais j'ai encore plus d'horreur de ceux qui, par état, doivent enfeigner les autres, de ceux qui gouvernent, & en général de ceux qui ont quelque dignité. Lorfqu'ils alterent ou changent les ordres du Souverain, lorfqu'ils recherchent les applaudiffements & les éloges des peuples, lorfqu'ils ne font point attentifs, qu'ils n'obéiffent pas, & qu'ils caufent du chagrin au Prince, une pareille conduite eft d'un mauvais exemple, & porte les autres à mal faire. Peut-on fe dispenser de punir de telles fautes? Vous, Prince, hâtez-vous de suivre ces regles & de punir de tels Miniftres.

Un Prince qui ne fait pas gouverner fa famille, ne pe gouverner fes Miniftres, ni ceux qui ont de l'autorité: s'il eft févere, s'il eft cruel, s'il n'a pas foin d'exécuter les ordres de fon Souverain, il n'aura point de vertu ; comment donc gouverner?

Ayez du refpect pour les loix établies, & fervez-vous de ces loix pour mettre la paix parmi les peuples; penfez à ce que Ven-vang a fait; confervez le peuple dans la paix & dans l'union. Si vous pouvez dire, j'en fuis venu à bout, cela me remplira de joie.

Si on connoît clairement ce qui regarde le peuple, fi on y pense fans paffion, on lui procurera le repos & la joie. Je veux imiter la vertu des fages Rois de la Dynastie Yn, & gouverner par la paix & par la douceur. Aujourd'hui, parmi ces peuples, il n'y a perfonne qui ne foit docile à fuivre le chemin qu'on lui indique. Peut-on, fans loix & fans guide, gouverner un Peuple!

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avant J. C.

TCHING

VANG.

"Kang-mo. 1115.

pas

Prince, je dois néceffairement examiner ce qui s'eft paffé autrefois. C'est pour cela que je vous ai parlé de la vertu, & de la maniere de punir les crimes. Les peuples ne font encore entierement en repos, leur cœur n'eft pas encore entierement fixe, & l'union parfaite ne regne pas encore parmi eux. Quand j'y pense (1), fans paffion, je ne puis me plaindre Tfou-chou. fi le Ciel veut me punir: ce qui fait le coupable ne vient pas de la grandeur ni de la multitude; mais que dire de ce qui eft fi clairement entendu par le Ciel.

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1008.

avant J. C.

Prince, foyez fur vos gardes; ne donnez pas occafion de se plaindre de vous, rejettez les mauvais confeils, & ne faites rien contre la droite & faine raifon. Dans les jugements ayez en vue la vérité & la droiture, travaillez avec foin à imiter les grands exemples de vertu; tenez votre cœur fixe fur les vrais objets, examinez quels font vos progrès dans la vertu; étendez jufque dans les lieux les plus reculés ce que vous aurez trouvé de bon & d'utile; procurez la paix & la tranquillité au peuple, & ne ceffez jamais de vous reprocher vos fautes.

Jeune Prince, penfez que les Royaumes ne fubfiftent point éternellement; ne laiffons donc pas périr celui que nous avons reçu; comprenez bien le fens des ordres que je vous donne, exécutez ce que je vous dis, & gouvernez vos fujets en paix.

Allez, Prince, ne tardez pas à faire obferver les regles que je vous prefcris; fi vous faites exactement ce que je vous dis aujourd'hui, votre Etat fubfiftera toujours.

(1) Je ne vois pas trop la liaison de ces phrases. Il paroît que Vou-vang veut dire que c'eft peut être fa faute fi les peuples nouvellement conquis ne font point encore entierement changés, que la grandeur de cette faute doit fe mesurer, non par la grandeur du pays & la multitude des peuples, mais par les foins qu'on ne fe donne pas, par le défaut d'application. Si par ces fortes de fautes Vou-vang croit qu'il doit être puni à plus forte raifon croit il pouvoir l'être pour de plus grands crimes commis par les peuples, comme la défobéiffance, le meurtre, le vol, & autres crimes qui font pouffer aux malheureux des cris vers le Ciel.

INTITULÉ

TSIE OU - KA O.

SOMMAIRE.

Le titre de ce Chapitre fignifie avis ou ordres fur l'ufage du
vin. Il s'agit ici du vin de riz, qui fut découvert, fuivant
la plupart des Auteurs du tems de Yu, fondateur de la pre-
miere Dynaftie. Le raisin n'eft à la Chine que depuis les
premiers Han. Ce que l'on dit ici du vin & de fon ufage eft
remarquable. C'eft encore Vou-vang qui parle & qui donne
ces avis à son frere Kang-cho. Il blâme beaucoup le trop fré-
quent ufage du vin, & veut qu'on ne le permette que dans
certaines occafions, il cite en plufieurs endroits les pré-
ceptes de Ven-vang fon pere. Suivant Kong-gan- koue &
Kong-ing-ta, c'eft Tcheou-kong qui parle au nom de Tching-
vang à Kang-cho; mais les autres Interpretes penfent que
c'eft Vou-vang; c'est la même difficulté que pour
le Chapitre
précédent. Ce Chapitre eft dans les deux textes.

LE Roi dit : annoncez clairement aux peuples du Royaume

de Mei (1) les ordres importants que je vous donne.

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Quand Ven-vang mon refpectable pere, fonda dans le pays occidental notre Dynaftie; depuis le matin jufqu'au foir il inftruifit les Chefs des Officiers de tous les Royaumes, leurs Officiers & tous ceux qui étoient chargés des affaires, & leur défendoit de boire du vin, en leur difant qu'on ne devoit en

(1) Mei, ou Fong-mei est le nom du pays Quei-hoei-fou, du Ho-nan

VANG.

Kang-mo

1079. Tfou chou.

1044.

1008.

avant J. C.

ufer que dans les facrifices & dans les offrandes. Cet ordre TCHING ajoûtoit-il, eft venu du Ciel; quand pour la premiere fois il VANG. donna le vin aux peuples, il voulut que ce ne fut que pour les dcérémonies religieufes.

Kang-mo.
ITIS.

Le Ciel a manifefté fa colere, tout a éte en trouble dans le Royaume; on a abandonné la vertu, les grands comme les Tfou-chou. petits Royaumes fc font perdus, parceque l'on s'est trop livré au vin.

1079: T

1044.

1008. avant J. C.

Ven-vang, en inftruifant les jeunes gens, difoit: que chacun dans fon emploi, dans fes affaires, s'abftienne d'aimer le vin. On ne doit en boire que dans les cérémonies qui fe font dans tous les Royaumes pour les facrifices & pour les offrandes, mais encore avec modération, & nullement avec excès.

Qu'on inftruife, difoit encore ce Prince, les jeunes gens du Royaume, afin qu'ils ne fe plaifent qu'à ce que leur pays produit; ce fera le moyen de conferver l'innocence & la droiture du cœur. Que ces jeunes gens foient attentifs aux regles & aux préceptes que leur pere & leur ayeul ont laiffés; qu'ils eftiment les grandes & les petites vertus.

Si parmi les habitants du pays de Mei ( dit Vou-vang), vous voyez des laboureurs qui fe donnent beaucoup de peine, qui, accablés de fatigue, s'empreffent de venir fervir leur Roi, leur pere, leur mere ou leur ayeul; de même fi vous en voyez qui fe foient beaucoup fatigués à atteler les bœufs à la charrue ou à faire le commerce dans les pays éloignés, & qui, à leur retour, fervent leur pere & leur mere, les nourriffent & leur procurent de la joie; lorfqu'ils feront dans l'intérieur de leur famille des repas où rien ne manque, mais où tout fe passe avec décence, dans ces fortes de cas on peut permettre l'ufage

du vin.

pru

Que ceux qui font en dignité, que les Chefs des Miniftres, les Grands, & ceux qui font recommandables par leur dence & par leur expérience, écoutent mes inftructions. Si vous avez foin de l'entretien des gens âgés, fi vous fervez fidelement votre Maître, on vous permet de bien boire & de bien manger. Si vous pensez férieusement à vous rendre vertueux & à fuivre le jufte milieu, fi vous vous mettez en état

d'offrir

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