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tres difent; depuis le matin jufqu'au foir, n'aycz en vue que la droiture & la vérité.

CHUN.

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Enfuite il ajoûta: ô vous, qui êtes au nombre de vingt- Kang-mo. deux (1); foyez attentifs, & traicz, felon les conjonctures dcs tems, les affaires (2) de l'Empire. Une fois tous les trois ans Chun (3) examinoit la conduite Tfou chou. de fes Officiers. Après trois examens, il punifloit les coupables, & récompenfoit ceux qui s'étoient bien comportés; par ce moyen, il n'y avoit perfonne qui ne travaillât à fe rendre digne des récompenfes. On faifoit auflì le choix & l'examen des San-miao 4).

Chun (5) avoit trente ans lorfqu'il fut appellé pour être employé il resta dans ce pofte pendant trente années ; cinquante ans après il monta fort loin (6), & mourut.

(1) Selon les Interpretes, les vingt-deux font les Miniftres proposés à Chun, les quatre Yo, les douze Mou, &c.

(2) Les affaires de l'Empire font exprimés dans le texte par les deux caracteres Tien, Cali, koung, opera, negotia commiffa. Par cette noble idée, Chun vouloit engager les Mandarins à s'acquitter dignement de leur devoir, & à les faire reffouvenir que c'étoit le Ciel même qui les chargeoit de leurs Emplois Les Interpretes rapportent de très belles fentences à l'occafion de ce paffage.

(3) On voit ici l'antiquité de la courume Chinoife de faire l'examen du mérite & des fautes des Officiers. On a vu que San-miao étoit le nom d'un Vaffal exilé.

(4) Ici c'eft le nom des peuples qui étoient fans doute fujets de ce Vaffal. Les San miao fe révolterent quelquefois; mais, parceque la révolte n'étoit pas générale, ou qu'ils s'étoient foumis, Chun veut qu'on récompenfe même ceux des San miao qui fe comporteroient bien.

(5) Dans le Yao-tien, ou Chapitre précédent, on a vu que Yao appella Chun à la foixante-dixieme année de fon regne. Chun, après trois ans d'épreuve, fut inftallé héritier de l'Empire; &, à cette inftallation, il avoit trente trois ans. Il gouverna, avec Yao, vingt-huit ans ; à cette vingt huitieme année Yao mourut. Yao régna donc cent ans. A la mort d'Yao, Chun avoit donc foixante ans. Il régna encore cinquante ans ; Chun mourut âgé de cent dix ans.

ainfi

(6. Ce texte, que je traduis monta fort loin, c'eft, felon quelques Commentateurs, une expreffion métaphorique, qui exprime la mort de FEmpereur Chun: encore aujourd'hui on dir d'un Empereur qui vient de mourir ; il est dans un grand & dans un long voyage. D'autres difent qu'effectivement Chon mourut en faifant la vifite de l'Empire, & que le lieu. de fa mort éroit loin de la Cour..

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Ce Chapitre ne contient que des préceptes fur le Gouverne-
ment, le choix
que Chun veut faire d'Yu pour lui fuccéder,
l'éloge d'Yu, le refus que celui-ci fait d'accepter l'Empire ;
la punition de quelques rebelles. Ta-yu-mo fignifie avis ou
délibérations du grand Yu. On trouve dans le fecond volume
du P. du Halde, pag. 298, in-fol. une traduction de ce
Chapitre; mais on verra qu'elle eft paraphrafée : ce Cha-
pitre n'eft que dans l'ancien texte.

C'EST

EST ainfi que s'expriment ceux qui ont examiné l'Hiftoire de l'ancien Grand Yu (1): en publiant dans l'Empire (2) les ordres & les inftructions du Roi son Maître (3), il fit paroître beaucoup de refpect & d'obéiffance.

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Voici ce que dit Yu: Quand le Prince (4) & le Sujet favent furmonter les difficultés de leur état, l'Empire est bien gouverné, les peuples font, en peu de tems,

de la vertu.

dans le chemin

Cela eft vrai, dit l'Empereur Chun: des difcours fi fages

(1) Ce premier paragraphe eft des Hiftoriens ou des Editeurs poftérieurs aux Hiftoriens de l'Empereur Chun.

(2) [Dans les quatre mers.]

(3) [C'est l'Empereur Chun.]

(4) Il y a dans le texte: Quand un Roi peut furmonter les difficultés de fon état; quand un Sujet peut furmonter les difficultés de fon état. Le P. Gaubil a réuni en une phrafe les deux du texte.

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& fi vrais ne doivent pas être cachés ; être cachés; les pratiquer, ne pas laiffer les gens fages dans les lieux déferts & inconnus, mettre l'union & la paix dans tous les pays, porter fon attention fur tous les peuples, facrifier fes lumieres & fes vues à celles des autres, ne pas maltraiter ni rebuter ceux qui font hors d'état de faire des plaintes, ne pas abandonner les pauvres & Tfou-chou. les malheureux; voilà les vertus que l'Empereur (1), notre Maître, pratiqua,

(Le Miniftre) Y dit; quel fujet d'admiration! La vertu de l'Empereur fe fit connoître par-tout, & ne fe démentit jamais. Elle fut relevée par une grande fageffe & par beaucoup de pénétration. Il fut fe faire craindre & refpecter; & fes manieres douces & agréables le firent aimer. C'est pour cela que l'augufte (2) Ciel le favorifa, & que l'ayant chargé de fes ordres (3), il le rendit Maître de l'Empire.

Yu répondir: celui qui garde la loi (4), eft heureux : celui qui la viole eft malheureux; c'eft la même chofe que l'ombre & l'écho.

Hélas! ajoûta Y, il faut veiller fur foi-même, & ne ceffer de fe corriger: ne laiffez pas violer les Loix & les Coutumes de l'Etat; fuyez les amusemens agréables; ne vous livrez pas

(1) Il s'agit, dans ce paragraphe & dans le fuivant, de l'Empereur

Yao.

(2) L'augufte Ciel eft exprimé par ces caracteres hoang, augufte, & Tien, Ciel. On voit ici que l'Empereur Yao reçut du Ciel l'Empire; que c'eft le Ciel qui le chargea de l'exécution de fes ordres. C'eft par ces fortes de textes qu'il faut juger de la vraie doctrine des anciens Chinois; & l'on verra conftamment les mêmes idées dans la fuite du Chou-king.

(3) [Dans le texte, il pofféda les quatre mers, & fut le Maître du

monde. ]

(4) Le caractere Ti, que je traduis par la loi, veut dire la loi naturelle, la droite raifon. Yu prétend que le bonheur & le malheur attachés à l'obfervation de la loi naturelle, font des effets néceffaires, qui fuivent infailliblement de leur caufe; comme l'écho & l'ombre fuivent de leur cause. [C'eft-à-dire que comme l'ombre fuit le corps & l'écho la voix, celui qui fait le crime ne peut éviter le châtiment, comme celui qui fais bien eft toujours récompensé. ]

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aux plaifirs défendus. Quand vous donnez des commissions aux gens fages, ne changez pas ce que vous leur avez dit. Ne balancez pas à éloigner de vous ceux qui ont les mœurs dépravées. Si dans les délibérations vous voyez des doutes & des points difficiles à déterminer, ne concluez rien d'abord; Tfou chou. attendez que vous foyez inftruit; affurez-vous de la certitude de vos jugemens. Quand la raifon (1) vous démontre une chofe, ne vous y oppofez pas. Recherchez les fuffrages des peuples, & ne vous en écartez pas pour fuivre vos defirs & votre penchant Si vous êtes appliqué aux affaires, les Etrangers viendront de toutes parts fe foumettre à votre obéiffance.

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Yu reprit la parole, & dit: ah! Prince, pensez-y bien ; la vertu eft la bafe du Gouvernement ; & ce Gouvernement confifte d'abord à procurer au peuple les chofes néceffaires à fa confervation, c'eft-à dire, l'eau (2), le feu, les métaux, le bois & les grains. Il faut encore penfer à le rendre vertueux, & enfuite à lui procurer l'ufage utile de toutes ces choses. Il faut enfin le préferver de ce qui peut nuire à sa santé & à sa vie. Voilà neuf objets qu'un Prince doit avoir en vue pour se rendre utile & recommandable. Ces neuf points doivent être la matiere des chansons. Quand on enfeigne, on emploie les éloges; quand on gouverne, on emploie l'autorité. Ces neuf fortes de chanfons fervent à animer & à exhorter; & c'est ainsi que l'on conferve le peuple.

(1) Ici la raifon, ou la loi naturelle, a pour caractere Tao; & cette loi vient du Ciel, felon la doctrine conftante des livres claffiques. On doit fe fouvenir que la Partie du Chou-king que l'on traduit ici, eft un monument de plus de deux mille ans. Il eft aifé de voir quelle étoit l'idée Yao, Chun, Yu, &c. fe formcient d'un augufte Ciel qui donne l Empire, que d'une droite raison & de la loi naturelle, d'où dépendent le bonheur & le malheur des hommes.

les Chinois

(2) Le feu, le bois, la terre, l'eau, les métaux font ce que appellent ou-hing. Plufieurs Européens ont traduit ces deux caracteres par quinque elementa. Je crois que l'idée des Chinois a été de représenter ces cinq chofes comme cinq chofes très néceffaires à la vie, & nullement comme les principes des corps.

L'Empereur

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L'Empereur dit alors: j'approuve ce que vous dites. Depuis que vous avez achevé les ouvrages pour remédier au dégat de Finondation, le Ciel peut procurer ce qu'on doit attendre de lui. Les fix fortes de provifions (1) & les trois affaires font en état: on eft en sûreté pour tous les âges ; & c'est vous, Yu, à qui on eft redevable d'un fi grand bien.

Venez Yu (2), ajoûta ce Prince, je regne depuis trentetrois ans; mon grand âge & ma foibleffe ne me permettent plus de donner aux affaires toute l'application convenable: je veux que vous ayez une autorité abfolue fur tous mes sujets; faites donc vos efforts pour vous acquitter dignement de cet emploi.

Mes foibles talens, répondit Yu, ne fuffifent pas pour gouverner les peuples. Il n'en eft pas de même de Kao-yao (3); fes talents font au-deffus de ceux des autres ; les peuples les connoissent, & leur inclination eft pour lui; c'eft à cela fur-tout que l'Empereur doit refléchir. Soit que je penfe à la Charge que vous m'offrez, foit que je la refufe, foit que j'en parle & que je tâche de dire ma pensée avec toute la droiture & la fincérité poffibles, j'en reviens toujours à Kao-yao, & je dis toujours que le choix doit tomber fur lui. Vous, qui êtes fur le Trône, penfez au mérite de chacun.

L'Empereur s'adreffa à Kao-yao, & lui parla ainfi : les Officiers & le Peuple gardent les Réglements que j'ai faits. Vous avez la charge de Juge (4); vous favez vous fervir à propos des cinq fupplices, & vous employez utilement les cinq inftructions; ainfi l'Empire eft paifible; la crainte de ces fupplices empêche de commettre beaucoup de fautes qu'il faudroit

(1) Les fix fortes de provifions font, outre les cinq hing, les grains. Les trois affaires font l'étude de la vertu, l'ufage des chofes néceffaires à la vie, & le foin de conferver la vie des peuples. C'eft Yu qui eut la meilleure part aux ouvrages faits pour réparer les dégats de l'inondation. (2) "Chun avoit réfolu de nommer Yu héritier de l'Empire.

(3) Ce qu'on dit ici de Kao-yao fait bien de l'honneur à cet ancien Sage Chinois.

(4) On emploie ici le mot Chi, qui veut dire Juge criminel.

D

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