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des Anciens, je ne fuis point en faute, j'exécute les ordres

du Ciel.

Quand je revins de Yen (1), je me relâchai fur la peine de mort que devoient fubir les Peuples de quatre de vos Royaumes (2); je me contentai de les punir par l'exil, le Ciel fut fatisfait de cette punition, & je vous mis avec les fujets dø Tcheou, afin que vous fuffiez foumis & obéiffants.

Après avoir accordé la vie, j'ai donné de nouveaux ordres; j'ai fait bâtir dans le pays de Lo une grande ville, afin que les Vaffaux (3) des quatre parties de l'Empire cutfent des lieux propres pour s'aflembler, & afin que vos Officiers des environs me ferviffent fidelement.

Outre cela je vous ai donné des terres à cultiver & des mai fons où vous pouvez habiter en sûreté.

Si vous gardez l'obéiffance qui m'eft dûe, le Ciel vous fa→ vorifera, autrement vous perdrez vos terres, & je vous ferai fubir les juftes peines décernées contre vous par le Ciel.

Si vous pouvez demeurer long-tems dans vos villages, & faire paffer à vos héritiers les terres que vous poffédcz; si dans ce pays de Lo, vous êtes toujours attentifs & retenus, vos defcendants feront comblés d'honneurs & de biens, ils en fe ront redevables à votre tranfmigration.

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Le Roi dit (4). . Il dit encore: ce que je viens d'or donner concerne les lieux de vos habitations.

les

(1) Yen étoit un pays vers l'orient, qui fe révolta contre Tching vang. (2) Les quatre Royaumes révol és étoient celui de Vou-teng, fils du dernier Roi de Yn, & ceux des oncles paternels du Roi; voyez Chapitres Kin-teng & Ta kao. Les Officiers à qui on adreffe la parole étoient non feulement du pays de l ancienne Cour de Yn, mais encore des autres pays de ces quatre Erats. Les trois oncles paternels du Roi tenoient leurs Etats de Vou-vang leur frere après la défaite de Cheou.

(3) Les grands Valfaux venoient de tems en tems à la Cour on les trai toit, on les défrayoit, & ceux qui éto ent les plus diftingués avoient le nom d'hôte ou d'ami, qui loge en paffant chez un ami, ou qui vient voir un ami; ici on leur donne le titre d'hôte. Pin.

(4) Après ces paroles le Roi dit.. Il y a quelque chofe qui paroît manquer dans le texte, felon plufieurs Interpretes; peut être aufli le fens eft-il, le Roi dit & redit: on vouloit bien inculquer ce que le Roi ordonnoit.

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INTITULÉ

VOU : Y.

SOMMAIRE.

Le titre de ce Chapitre fignifie, il ne faut pas fe livrer au plaifir Tcheou-kong le compofa pour détourner Tching-vang de l'amour des plaifirs. Il lui retrace l'hiftoire des anciens Rois de la Dynaftie de Yn, & lui fait voir que ceux qui ont gouverné Jagement leurs Peuples, ont régné long-tems, que les méchans au contraire n'ont fait, pour ainsi dire, que passer fur le Trône. Ce Chapitre eft dans les deux textes.

TCHEO

CHEOU-KONG dit: hélas! un Roi fage ne pense pas Le livrer au plaifir.

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Il s'inftruit d'abord des foins que fe donnent les laboureurs & des peines qu'ils fouffrent pour femer & pour recueillir; il ne fe réjouit que quand il connoît ce qui fait la reffource & l'efpérance des gens de la campagne.

Jettez les yeux fur cette claffe d'hommes: les parents ont beaucoup fouffert pour femer & pour recueillir; mais leurs enfants qui ne penfent point à ces travaux, fe divertiffent, paffent le tems à tenir des discours frivoles & remplis de menfonges, & méprifent leur pere & leur mere, en difant: les vieillards. n'entendent & ne favent rien.

J'ai appris qu'autrefois Tchong-tfong, Roi de la Dynaftie de Yn, conformément à l'ordre du Ciel, travailloit fans relâche à devenir homme de bien, il menoit une vie dure, il étoit attentif & exact, il craignoit toujours de tomber en faute; il gouvernoit fes fujets avec beaucoup de prudence & de précaution, & n'ofoit perdre le tems dans l'oifiveté ni dans

VANG,

Kang mo. 1115.

1079. Tfou-chou.

1044.

1008.

avant J. C

TCHING

VANG.

Kang mo. 1115.

1079.

les plaifirs; auffi Tchong-tsong (1) régna-t-il pendant foixante

quinze ans.

Dans la même Dynaftic le Roi Kao-tfong (2) vécut d'abord parmi les gens de la campagne, & y fouffrit beaucoup; lorfqu'il fut monté fur le Trône, il paffa trois ans dans le Palais de Leang-gan (3) fans parler, & après un fiTfou-chou. lence fi long, il ne parla jamais que d'une maniere modefte & honnête ; il ne s'abandonna point à la pareffe ni au plaifir, il rendit illuftre la Dynaftie de Yn, tout fut en paix. Sous avant J. C. fon regne, les Grands & les Petits ne fe plaignirent point de lui; c'eft pourquoi il régna cinquante-neuf ans (4).

1044.

1008.

&

Dans cette même Dynaftie le Roi Tou-kia (5) ne croyant pouvoir monter fur le Trône fans commettre une injuftice, alla fe cacher parmi les gens de la campagne, vécut comme eux; enfuite devenu Roi, & connoiffant parfaitement les reffources & les moyens qui font fubfifter les payfans, il fut plein d'amour & de complaifance pour le Peuple; il n'ofa jamais faire peu de cas des veufs ni des veuves ; auffi Tsou-kia (6) régna-t-il pendant trente-trois ans.

(1) Tchong-tfong eft le Roi Tai-vou. Selon l'hiftoire Tong-tienkang-mou, la premiere année de ce Prince eft la 1637 avant J. C. C'est de ce Chapitre que les Hiftoriens ont pris les foixante-quinze ans du regne de

ce Prince.

(2) le Roi Kao-tfong est le même que Vou-ting. On en a parlé dans le Chapitre Yue-ming.

(3) Leang-gan eft le nom du Palais où Kao-tfong gardoit le deuil pour fon pere

(4) L'Hiftoire Tong-kien-kang-mou met la premiere année du regne de ce Prince à l'an 1334 avant J.Č., & c'eft d'après ce paragraphe que les Hiftoriens lui ont donné cinquante-neuf ans de regne.

(5) le Roi Tou kia étoit un des fils de Kao-tfong. Selon le Tong-kien-kang-mou la premiere année de Tfou-kia eft l'an 1258 avant J. C. C'est également de ce paffage que les Historiens ont pris le regne de trente-trois ans. Tfou-kia avoit un frere aîné appellé Tfou-keng. Kao thong ne voulut pas défigner Tfou-keng pour être Roi, & nomma Tfou-kia; mais celui-ci jugeant bien que c'étoit faire tort à fon frere s'enfuit. Tfou keng fut donc Roi, & après lui Tfou-kia

(6) Il faudroit favoir en détail l'âge de ces trois Rois de la Dynaftie'de Yn, & quand ils monterent fur le Trône. Un regne de trente-trois ans n'eft

TCHING

VANG.

Kang-mo.

Les Rois qui régnerent après ces Princes, ne fe plaifoient dès leur naiffance qu'aux divertiffements; uniquement occupés des plaifirs, ils ne connurent point ce que les payfans fouffrent dans la culture de la torre ; les peines que le Peuple endure ne vinrent point jufqu'aux oreilles de ces Princes; parceque ceux-ci pafferent leurs vies & leur regne dans les délices & dans les excès, leur vie, & leur regne ne furent pas de Tfou-chou. longue durée. On trouve des regnes de dix, de fept & de huit, de cinq & de fix, de quatre & même de trois ans.

Dans notre Royaume de Tcheou, Tai-vang (1) & Vang-ki furent modeftes & réservés.

Ven-vang fut attentif à s'habiller modeftement, à établir la paix & à faire valoir l'agriculture.

Ŝa douceur le fit aimer, il fe diftingua par fa politeffe, il eut pour les Peuples un cœur de pere, il veilla à leur confervation & il fut libéral & généreux pour les veuves & les veufs.

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pas fenfé affez long pour mériter tant d'éloges, & fans doute ce Roi étoit déja âgé quand il prit poffeffion de l'Empire. Tcheou-kong étoir au fait de l'Hiftoire des Rois de la Dynaftie de Yn & il avoit fans doute des raifons particulieres pour ne parler que de ces Rois. Il auroit pu, par exemple, parler du regne de Yao & de celui de Chun, mais voulant relever les avantages d'une vie frugale & laborieufe, il choifit les trois Princes de la Dynaftie de Yn, qui s'étoient diftingués en cela, & qui pour récompense avoient vécu & régné long-tems. Il importoit fort à Tchingvang d'être inftruit de l'Hiftoire de la Dynaftie de Yn, dont beaucoup de fujets puiffants étoient mécontents. Il eft clair que Tcheou-kong avoit devant les yeux le catalogue des années & des regnes, au moins pour cette Dynaftie. Selon l'Hiftoire qui nous refte, outre les trois regnes dont Tcheoukong parle, il y en a qui paffent quinze & vingt ans ; mais peut-être qu'eu égard à l'âge que ces Princes avoient en montant fur le Trône, c'étoir fort peu, peut-être auffi Tcheou-kong ne vouloit-il parler que des trois. Les Interpretes ne s'accordent pas fur le Roi Tfou-kia; les uns difent que ce Tfou-kia du texte eft Tai kia, petit fils de Tching-tang, d'autres difent qu'il s'agit de Tfou-kia, fils du Roi Kao-tfong ; de part & d'autre il y a des Auteurs d'une grande autorité; mais le fentiment pour Tfoukia, fils de Kao-tsong, paffe pour être mieux fondé.

(1) On a vu que Tai-vang fut le premier Prince de Tcheou, qui eut une Cour, des grands Officiers, &c. c'eft pour cela que Tcheoukong ne parle pas des autres plus anciens.

1115.

1079.

1044.

1008.

avant J. C.

TCHING-
VANG,

1115.

Depuis le matin jusqu'à midi, & jufqu'au coucher du foleil, il n'avoit pas le tems de faire un repas, tant il étoit occupé du soin de mettre & d'entretenir l'union parmi le Peuple.

Ven-vang (1) ne fe livra point aux plaifirs qu'il falloit prenKang-mo, dre hors du Palais & dans les campagnes: il ne reçut de fes 1079. fujets que ce qui lui étoit exactement dû; auffi quand il comTfou-chou. mença à régner il étoit au milieu de fon âge, & il régna cinquante ans.

1044.

1008.

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Prince, vous êtes l'héritier de Ven-vang, dit Tcheou-kong, fuivez fon exemple, ne vous abandonnez point à tous ces plaifirs ni à tous ces amufemements; ne recevez des Peuples que les redevances qu'ils vous doivent,

gens

de

Gardez-vous de penfer que, de tems-en-tems, de tems-en-tems, vous pouvez vous livrer au plaifir, ce feroit un mauvais exemple pour vos fujets, & une défobéiffance au Ciel. La plupart des ce fiécle font portés à imiter les fautes des autres; ne foyez pas comme Chcou, Roi de Yn, qui donna dans l'excès du vin; ce défaut le perdit & le jetta dans un aveuglement déplorable.

J'ai appris, ajoûta Tcheou-kong, que les Anciens s'avertif foient mutuellement des fautes qu'il falloit éviter, & qu'ils s'animoient réciproquement. Ils s'inftruifoient les uns les autres, & fe communiquoient avec franchise leurs penfées; auffi ne voyoit-on pas alors des gens qui euffent recours à la fraude & au menfonge.

Si vous ne fuivez pas le confeil que je vous donne, Prince, vos vices feront imités; on changera & on dérangera les fages loix portées par les anciens Rois contre les crimes; il n'y aura. aucune diftinction du grief au leger; tout fera dans la confufion; le Peuple mécontent murmurera; il en viendra même jufqu'à faire des imprécations (2) & à prier les Efprits

contre vous.

vassal

(1) Pour le regne de Ven-vang, il s'agit de fa dignité de Prince vaffal; & puifqu'il commença à l'être au milieu de fon âge, & qu'il régna cinquante ans, il s'enfuit qu'il vécut environ cent ans ; c'est l'âge que lui donne Meng the ou Mengcius.

(2) Le Chou-king ne fpécifie ni le tems de ces Anciens, dont il e parlé plus haut, ni les imprécations dont il s'agit ici.

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