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VANG.

Ne me

jeune Prince eft fur le Trône comme s'il n'y étoit pas. TCHING. chargez pas feul du fardeau ; fi vous vous retirez, & fi vous ne fuppléez pas à ce que je fuis hors d'état de faire, je ferai privé des exemples & des inftructions d'un Miniftre illuftre, qui, à de grands talents, joint de rares vertus; je n'entendrai pas. le chant de l'oiseau (1), à plus forte raifon ne comprendrai-je Tfou-chou. pas les refforts qui font agir le Ciel.

Kang-mo.

1115.

1079.

1044. 1008.

avant J. C.

Hélas! fi le Royaume eft échu à notre famille, c'eft pour nous un grand bonheur; mais qu'il s'eft rencontré dedifficultés! Je vous le dis, il faut nous attacher de plus en plus à la vcrtu, & faire enforte que nos neveux ne s'écartent point de la justice.

Vou-vang déclara fa volonté, & en vous mettant à la tête du Peuple, il vous donna fes ordres, en difant: apportez tous vos foins à l'éducation du Roi ; acquittez-vous de cet emploi avec affection & avec droiture; fouvenez-vous toujours du Royaume que j'ai reçu, ne perdez point de vue la vertu de Ven-vang, & ayez pour le Roi un cœur rempli de tendresse & de compaffion.

Je vous ai dit fincerement, continua Tcheou-kong, ce que je penfe; ô Chi, vous êtes Tai pao (2), vous voulez remplir votre devoir dans toute fon étendue, faites donc, je vous prie attention à ce que je vous ai dit; confidérez que le malheur arrivé à la Dynaftie Yn, peut également nous arriver un jour.

Ne penfez pas qu'en vous avertiffant fi fouvent, je croye que vous n'ajoutez pas foi à mes paroles ; je veux feulement vous faire fouvenir que nous devons exécuter l'ordre qui nous a été donné de bien élever le Roi. Si ce que je dis eft de votre avis, vous direz ce que je dis, & vous reconnoîtrez que cette obligation retombe fur nous deux. Quoique. le Ciel

(1) Le chant de l'oifeau eft celui de cet oifeau fabuleux appellé Fonghoang. Selon les Chinois, la vue de cet oifeau eft un figne de bonheur pour le Prince. Selon cette idée, Tcheou kong dit que fi Tchao-kong fe retire, le regne de Tching-vang ne fera pas heureux, on n'entendra pas le Fong hoang.

(2) Tai-pao étoit un titre d'honneur; Tai exprime grand, pao fignifie: protection & confervation.

nous comble de ses faveurs; je crains encore que nous ne
rempliffions pas tous nos devoirs. Pour vous,
vous continue-
rez de plus en plus à aimer & à refpecter la vertu, vous pro-
duirez ceux que leur vertu diftinguera; &, dans un tems fa-
vorable, vous pourrez céder votre charge à quelqu'autre.

TCHING

VANG.

Kang-mo:

1115.

1079.

1044..

Nous avons l'un & l'autre fervi jufqu'ici avec zele, & nos services ont procuré l'heureux état dont nous jouiffons; nous Tfou-chou. ne nous fommes pas épargnés pour achever ce que Ven-vang a fi bien commencé. Il faut continuer d'affermir le Royaume, & lui foumettre les pays mêmes qui font au-delà de la mer, où le foleil fe leve (1).

S'il y a, dans tout ce que je vous ai dit, quelque chofe à reprendre, je l'ai dit à cause de l'inquiétude où votre retraite me mettroit par rapport aux ordres du Ciel & à cause du Peuple.

Vous favez de quoi ce Peuple eft capable. Dans ces commencements il s'eft bien comporté en toute occafion; mais penfez à la fin; fuivez l'avis que je vous donne, & continuez à remplir votre charge.

(1) [Il est affez fingulier qu'un Philofophe comme Tcheou-kong inspire ici l'efprit de conquête; c'étoit donc alors le goût des Chinois, qui cherchoient à s'étendre de plus en plus vers l'Orient ].

1008.

avant J. C.

VANG,

Kang-mo.
IIIS.

1079. Tfou-chou.

1044. 1008.

avant J. C.

INTITULÉ

TSAI-TCHONG-TCHIMING.

SOMMA IR E.

Ce titre fignifie ordre donné à T fai-tchong. C'est le Roi Tchingvang qui, accordant la dignité de Prince d'un canton du Honan, indique à Tsai-tchong de quelle maniere il doit fe conduire dans fon Etat; il lui ordonne de conferver la paix parmi le Peuple, l'union parmi les autres petits Souverain fes égaux, & d'être attaché à fa perfonne. Ce Chapitre n'eft que dans l'ancien texte.

DANs le tems que Tcheou-kong étoit Tchong-tfai (1), & à la tête des Miniftres, les oncles paternels (2) du Roi firent

courir des bruits féditieux. Kouan-chou fut exécuté à mort dans le pays de Chang (3), Thai-chou fut envoyé en prifon à Ko-lin (4), & on lui donna fept chariots (5). Ho-chou (6) fut dégradé, privé de fes titres, & pendant trois ans on ne parla pas de lui. Tcheou-kong donna à Tsai-tchong (7) le titre de

(1) Dans le Chapitre Y-hiun, on a vu le fens de Tchong tfai.
(2) Le caractere Chou exprime oncle paternel.

(3) Chang eft le nom du pays qui eft aujourd'hui Kouei te-fou, du

Ho-nan.

(4) Je ne fais à quel pays d'aujourd'hui répond Ko-lin.

(5) Le nombre des Chars défignoit la qualité & la puiffance des Princes vaffaux. Ces Chars, laiffés à Tfai-chou, étoient un refte de fa dignité.

(6) Ho-chou étoit Prince vaffal, on lui ôta ce titre ; il fut trois ans comme un fimple particulier, après ces trois ans on le rétablit.

(7) Tfai-tchong étoit fils de Tfai-chou.

King-che (1), parcequ'il ne s'écarta pas de fon devoir, & après
la mort de Tfai-chou, on donna à Tai-tchong la dignité de
Prince de Tfai (2), en conféquence de la requête préfentée au
Roi.

Le Roi (3) dit: jeune Prince (4), vous avez fait paroître de
la vertu, vous n'avez
vous n'avez pas fuivi de mauvais exemples, & vous
avez exactement gardé les devoirs de votre état, c'est pour-
quoi je vous nomme Hecu (5) dans la partie orientale; al-
lez dans votre nouvel Etat, & foyez attentif.

: Enfeveliffez dans un oubli éternel les fautes de votre pere, & ne penfez qu'à la fidélité & à l'obéiffance que vous me devez: gardez-vous de donner dans de semblables excès. Dès aujourd'hui vous devez tenir une conduite plus réguliere que celle de votre pere, & vous ne devez pas vous endormir fur un point qui demande tous vos foins: laiffez à vos fils & à vos petits-fils un exemple digne d'être fuivi; obfervez les regles & les inftructions de Ven-vang notre ayeul, & n'imitez pas votre pere qui a agi contre les ordres de fon Roi.

L'augufte Ciel ne fait acception de perfonne, mais fes faveurs font toujours pour l'homme vertueux. Le cœur & l'affection des Peuples ne font pas toujours les mêmes, mais ils fe tournent toujours vers ceux qui leur font du bien. La maniere de faire le bien n'eft pas toujours la même, mais tout ce qui contribue à conferver la paix, tend à la même fin. La maniere de faire le mal n'est pas toujours la même, mais tout ce qui tend à mettre le trouble, produit toujours le même effet. Soyez donc fur vos gardes.

Quand vous entreprenez une affaire, examinez d'abord quelle doit en être la fin, vous vous épargnerez des in

(1) King-che eft le nom de quelque grande Charge; je ne fais pas bien en quoi elle confiftoit.

(2) Tfai eft le nom d'un pays dépendant de Ju-ning-fou, dans le Ho-nan. (3) Le Roi eft Tching-vang.

(4) Tfai tchong étoit appellé Hou, & c'est ainsi qu'il eft défigné dans ce Chapitre.

(3) Heou eft le titre de Prince ou Seigneur d'un Etat.

TCHING

VANG.

Kang-mo. ∙1115. •1079. Tfou-chou.

1044.

1008.

avant J. C.

TCHING-
VANG.

quiétudes. Mais fi vous ne pensez pas à ce terme, vous en

ferez accablé.

Soyez exact & attentif dans votre charge, foyez ami des Kang-mo. quatre Vaffaux vos voisins, défendez & foutenez la Famille Royale, confervez l'union avec vos freres, & procurez la paix, qui eft fi nécessaire au Peuple.

1115.

1079. Tfou-choa. 1044. 1008,

Suivez toujours la droite raifon. Sous prétexte que vous vous croyez plus expérimenté que les Anciens, ne changez avant J. C. pas les anciennes coutumes, ce feroit un défordre. Affurezvous de ce que vous voyez & de ce que vous entendez; des difcours que la paffion à dictés, ne doivent pas vous faire chande conduite; fi vous exécutez ce que je vous dis, je ne ger pourrai me difpenfer de vous louer.

Allez, jeune Prince, continua le Roi, & fouvenez-vous de ce que je vous ordonne,

CHAPITRE

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