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INTITULÉ

KAO-Y A OM O.

SOMMAIRE.

Ce Chapitre n'offre que des confeils & des préceptes fur
le Gouvernement, donnés par le Miniftre Kao-yao fous
le
regne de Chun. Son titre fignifie confeils & avis de
Kao-yao. Ce Chapitre eft dans les deux textes; mais
dans le nouveau il eft réuni au Chapitre fuivant, intitulé
Y-tfi.

VOICI

Voici ce que dit l'ancien Kao-yao, au rapport de ceux

qui ont examiné fon Hiftoire: Si un Prince eft véritablement
vertueux, on ne lui cachera rien dans les Confeils, & fes Mi-
niftres feront d'accord. Cela eft jufte, dit Yu; mais expli-
quez-vous, Kao-Yao continua ainfi : celui qui eft occupé à fe
perfectionner dans la vertu (1), doit s'en
doit s'en occuper éternelle-
ment; il doit mettre l'ordre dans fa famille : alors les gens
fages viendront de tous côtés, & l'animeront par leurs exem-
ples & par leurs confeils; c'eft ainfi que de près on va très loin.
Yu, à ce difcours fi fage, fit la révérence à Kao-yao, & dit:
vous parlez jufte.

Oui, ajoûta Kao-yao, un Prince doit bien connoître les hommes, & mettre l'union parmi les peuples. Hélas! dit Yu: l'Empereur (2) même a bien de la peine à réuffir dans ces deux

(1) On voit ici le grand précepte de Confucius; qu'il faut 1°. fe régler & fe réformer foi-même 2°. fa famille, 3° le Royaume, 4°. l'Empire. (2) Yu ne prétend pas accufer Yao & Chun; mais il veut faire voir la difficulté d'avoir les deux chofes dont Kao-yao parle ; & il veut dire que fi Yao & Chun n'ont pû éviter les maux caufés par de mauvais fujets, il faut s'attendre à de bien plus grands maux fous d'autres Princes.

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choses. Si un Prince connoît bien les hommes, il n'emploie que des fages; s'il met l'union parmi les peuples, il fait fe faire aimer par fon bon cœur & par fes libéralités: fi, à un cœur bienfaifant & généreux, il joint la prudence, il n'aura rien à craindre de Houan-teou, il ne lui fera pas néceffaire Tfou-chou, d'exiler Yeou-miao, & il ne redoutera point les difcours artificieux des hypocrites & des fcélérats.

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Dans les actions, reprit Kao-yao, il y a neuf vertus à conavant J. C. fidérer : Cet homme a de la vertu dit-on; mais il faut voir ce qu'il fait. Yu ayant demandé l'explication de ces paroles: celui-là eft homme de bien, continua Kao-yao, qui fait unir la retenue avec l'indulgence, la fermeté avec l'honnêteté, la gravité avec la franchife, la déférence avec de grands talents, la conftance avec la complaifance, la droiture & l'exactitude avec la douceur, la modération avec le difcernement, l'efprit avec la docilité, & le pouvoir avec l'équité; celui-là eft, à juste titre, appellé homme fage, qui pratique conftamment

toutes ces vertus.

Celui qui tous les jours en pratique trois, & en donne des exemples, eft en état de gouverner fa famille. Celui qui, avec respect & avec attention, en pratique conftamment fix, & en donne des exemples, eft en état de gouverner un Royaume, Si un Prince s'attache à raffembler de tous côtés les hommes vertueux pour s'en fervir, ceux qui fe diftinguent par les neuf vertus, feront tous leurs efforts pour être employés les uns dans les poftes qui demandent de grands talents; les autres, dans ceux qui ne font pas fi importans: les Officiers fans jalousie ne penferont qu'à s'animer à bien faire; & ceux qui fe diftinguent dans les Arts, fuivant les faifons, s'appliqueront à toutes fortes d'ouvrages, felon les cinq Chin (1).

Les grands Vassaux ne doivent point apprendre de vous les

(1) Les cinq chin font les cinq chofes les plus néceffaires, le bois, le feu, la terre, les métaux, l'eau. Chin eft exprimé par un caractere qui fignifie en général tems, faifons. Selon quelques Interpretes, ces cinq chofes peuvent s'exprimer par les cinq planetes Saturne, Jupiter, Mars Venus, Mercure. Selon ces mêmes Interpretes, ces cinq planetes président aux faifons de l'année.

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plaifirs: foyez fans ceffe fur vos gardes; dans l'efpace d'un ou de deux jours il fe trouve une infinité de rencontres délicates CHUN. veillez à ce que vos Officiers ne négligent pas leur emploi. Ils gerent les affaires du Ciel (1); & c'est du Ciel qu'ils tiennent leur commiffion.

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Parceque les cinq enseignements (2) viennent du Ciel, Tfou-chou. nous les prenons pour la regle de notre conduite, & nous faifons grand cas de la diftinction des cinq états (3). Parceque le Ciel a fait la diftinction des cérémonies, nous prenons ces cérémonies pour des loix immuables. Nous obfervons de concert les regles du refpect & de la déférence, & nous gardons paifiblement le jufte milieu. Parceque le Ciel met audeffus des autres les gens diftingués par leur vertu, il veut qu'ils foient reconnus à cinq fortes d'habillements (4). Parceque le Ciel punit les méchants, on emploie les cinq fupplices. L'art de gouverner mérite qu'on y pense férieufement.

Ce que le Ciel (5) entend & voit fe manifeste par les chofes

(1) Voyez ce qui eft dit dans les notes du vingt-quatrieme & du vingttinquieme paragraphe du Chapitre Chun-tien, ou fecond Chapitre, pag 27. (2) Les cinq enfeignements font les cinq regles du deuxieme paragraphe du Chapitre Chun-tien, ou fecond Chapitre, pag. 12. Ils font appellés ici

Ou-tien.

(3) [Les cinq états font indiqués dans le même Chapitre. Il s'agit des devoirs réciproques que l'on fe doit : ceux du Prince & des fujets, ceux du pere & des enfants, ceux des freres aînés & des frères cadets, ceux da mari & de la femme, ceux des amis: voilà ces cinq états ].

(4) [Les cinq fortes d'habillements Ou-fou. Les Chinois avoient diftingué les états & les conditions par la différence des habits; & cet ufage fubfifte encore. On appelle les robes de cérémonies Ming-fou; c'est une longue robe qui tombe jufqu'aux pieds, & qui traîne par derriere. Sur le devant comme fur le dos, font brodées des figures d'animaux ou d'oifeaux. fuivant la qualité de ceux qui les portent. Par-deffus cette robe cft une ceinture d'or maffif, large de quatre doigts: elle eft chargée de figures ou de montagnes, ou de rochers, ou d'arbres, ou de fleurs, ou de caracteres anciens, ou d'oifeaux ou d'animaux, fuivant la charge que l'on occupe, ou le rang que l'on tient. Anciennement les bonnets que l'on portoit avoient encore la marque diftinctive de l'état des perfonnes; chaque Miniftre ou Officier, fuivant fa place, portoit un bonnet plus ou moins orné]. (1) On voit ici des idées bien contraires à celles que quelques Euro

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que les peuples voicnt & entendent. Ce qu. les peuples jugent digne de récompense & de punition, indique ce que le Ciel veut punir (1) & récompenfer. Il y a une communication intime entre le Ciel & le peuple: que ceux qui gouvernent les peuples foient donc attentifs & réservés.

Kao-yao ajoûta: ce que j'ai dit eft conforme à la raifon, & peut être mis en pratique. Oui, dit Yu; on peut acquérir de la gloire en le pratiquant, Ah! répondit Kao-yao, je ne puis encore me le perfuader: je n'ai prétendu, par mon difcours, qu'animer & qu'exhorter.

péens, peu inftruits du Chou-king, ont données d'un Ciel matériel, fans connoiffance & fans autorité fur les hommes, honoré par les Chinois anciens. Ce feroit bien s'aveugler que de penfer que les textes qu'on voit ici ne font que des textes qui expriment l'athéisme.

(1) Plufieurs fois les Chinois ont abufé de ces paroles, quand il y a eu des révolutions & des mécontents.

INTITULÉ

YTS I.

SOMMAIRE.

Ce Chapitre eft intitulé Y-tfi, du nom de deux Miniftres, l'un nommé Y & l'autre Tfi ou Heou-tfi, dont il y eft fait mention. Yu, qui fut depuis Empereur, y donne encore des avis à Chun. Ce Chapitre, dans le nouveau texte, eft réuni au précédent, au lieu que dans l'ancien il en eft féparé, & forme un Chapitre particulier.

VENE

ENEZ, Yu, dit l'Empereur, donnez-moi de fages confeils. Que puis-je dire, répondit Yu, en faluant ce Prince? tous les jours je m'efforce de bien faire. A ces paroles Kaoyao dit: expliquez-vous. Yu continua ainfi : quand la grande inondation (1) s'éleva jufqu'au Ciel, quand elle environna les montagnes & paffa au-deffus des lieux élevés, les peuples troublés périrent dans les eaux : alors j'employai les quatre Tsai (2), je fuivis les montagnes, & je coupai les bois. Avec Y, je fis des provifions de grains & de chair d'animaux pour faire fubfifter les peuples. Dans les neuf parties du monde je ménageai des lits pour les rivieres, & je les fis couler vers les quatre mers. Au milieu des campagnes je creufai des canaux pour communiquer avec les rivieres. Aidé de Tfi (3), j'enfemençai les terres, &, à force de travail, on en

(1) Il faut joindre ceci à ce qu'on dira dans le Chapitre Yu-kong, qui fuit, pour favoir ce qui fe fit après l'inondation arrivée fous Yao.

(2) Les quatre tfai étoient des barques pour les rivieres, des voitures pour les montagnes, les marais, les plaines. [ Le mot Tfa fignifie la charge d'un vaiffeau & celle d'un charriot; charger un charriot ou un vaiffeau].

(3) Thi est Heou-tfi, tige des Empereurs de la dynastie Tcheou.

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