Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Ce Chapitre Tai-kia, divifé en trois Sections, concerne, comme le précédent, le Roi Tai-kia, petit-fils de Tchingtang. On y dit que ce Prince n'écoutant pas les avis d'Yyn, ce Miniftre le fit enfermer dans un Palais, d'où il ne le tira que lorfqu'il le crut en état de régner. Lorsqu'il l'eut rétabli fur le Trône, il lui donna de nouvelles inftructions. que ceci eft différent de ce que j'ai rapporté d'après le Tfou-chou, au fujet d'Y-yn. Les trois parties de ce Chapitre ne font que dans l'ancien texte, & forment tout autant de Chapitres différens.

On voit

LE

PREMIERE SECTIO N.

Le Roi fucceffeur (1) ne fuivant pas les avis d'Y-yn (2), çe

E

Miniftre lui parla ainsi:

Le Roi prédéceffeur, toujours attentif à l'ordre du Ciel fuprême, ne ceffa d'avoir du refpect pour les Efprits fupérieurs & inférieurs, pour Che-rfi (3) & pour la Salle des An

(1) Tching-tang eft le premier de la Dynastie de Chang; mais il n'eft pas sûr fi Tai-kia lui fuccéda immédiatement. Selon d'habiles Ecrivains deux oncles paternels régnerent avant lui, peu de tems à la vérité ; j'en ai parlé dans ma chronologie.

(2) Dans le texte il porte le titre de Gou-heng; c'est un nom de dignité ].

(3) Je ne fais fi du tems de Tching-tang, Che-tfi dénotoit un culte

cêtres.

S

cêtres (1). Le Ciel confidérant donc sa vertu, le chargea de
fes ordres, & favorisant tous les Royaumes, les affermit dans
la paix & la tranquillité. J'aidai moi-même mon Maître
& parceque nous réufsîmes dans cette entreprise, vous êtes
aujourd'hui en poffeffion de l'Empire.

Quand j'examine Hia (2) de la ville occidentale (3), je vois
que tandis que fes Rois garderent les regles de leur Etat, ils
conferverent jufqu'à la fin leur dignité, & la firent confer-
ver à leurs Miniftres; mais quand leur fucceffeur ne put
se maintenir fur le Trône, fes Miniftres perdirent auffi leur
rang. Prince, regardez avec crainte votre état de Roi; fi dans
pofte vous ne vous comportez pas en Roi, vous déshono-
rerez votre ayeul.

Le Roi paroiffoit infenfible à ces exhortations.

il

Y-yn ajoûta: le Roi prédéceffcur faifoit, de grand matin, briller fa vertu : affis, il attendoit le lever du foleil, & faifoir faire une exacte recherche des gens fages: par-là il aidoit, encourageoit d'avance fes fuccefcurs. Ne violez donc point fes ordres, fi vous ne voulez pas vous perdre,

Refléchiffez fur fes vertus; & qu'elles foient pour vous un

modele éternel.

Imitez le chaffeur, qui ne tire de la fleche qu'après avoir bandé l'arc & vifé au but. Examinez le point fixe fur lequel vous devez porter vos vues: c'eft la conduite de votre aycul; en l'imitant vous me comblerez de joie, & les ficcles à venir vous combleront d'éloges.

Le Roi ne fe corrigea pas.

teligieux rendu à des Efprits, ou un culte civil rendu à d'illuftres fages de
l'antiquité, comme étant les auteurs de l'agriculture; car Che-tfi peut être
interpreté par Efprits des fruits & de l'agriculture, & par illufire ou illuftres
perfonnages de l'antiquité, qui ont été les auteurs où promoteurs de l'a-
griculture.

(1) La Salle des Ancêtres eft exprimée dans ce paragraphe par le caractere
Miao. Sur ce caractere confultez une note du Chapitre Hien-yeou-y-te
qu'on verra bientôt.

(2) C'eft-à-dire les Rois de Hia.

(3) Il s'agit de Gan-y-hien: la demeure de Tai-kia étoit à l'orient.

N

[ocr errors]
[blocks in formation]

Y-yn dit encore: la conduite du Roi n'eft qu'une fuite de TAI-KIA. fautes: fon éducation reffemble à fon naturel. Il faut qu'il n'ait aucune communication avec ceux qui ont de mauvaises. mœurs. Je veux faire un Palais dans Tong (1): c'eft là qu'auprès du Roi prédéceffeur je donnerai au Roi des inftructions, Tfou chou. afin qu'il ne fuive plus des mœurs corrompues.

Kang-mo. 1753. 1721.

I540. 1529.

En conféquence le Roi alla dans le Palais de Tong; il garda. là le deuil, & fe mit enfin dans le vrai chemin de la vertu. avant J. C.

SECTIO
O N I. I..

A la troisieme année (2), le premier jour de la douzieme lune, Y-yn, avec le bonnet & les autres habits Royaux alla au-devant du Roi fucceffeur, & le remena à Po (3)..

Il fit alors ce difcours : des Peuples fans Maître ne peu-vent vivre ni en paix ni dans l'ordre; un Roi fans Peuple ne peut gouverner. C'eft par une faveur fpéciale de l'augufte Ciel pour l'Empire de Chang qu'on vous voit enfin perfectionné: dans la vertu. Prince, c'est un bonheur qui ne finira jamais.

Le Roi fit la révérence (4), & dit: jufqu'ici je ne me fuis point attaché à me rendre vertueux, & j'ai paru n'avoir aucune conduite. Pour fatisfaire mes paffions, je n'ai gardé ni modération ni bienféance, & une foule de crimes font préci-pitamment tombés fur moi. On peut fe mettre à couvert des calamités qui viennent du Ciel, mais nullement de celles que nos paffions déréglées nous attirent. Jufqu'ici je n'ai fait aucun. cas de vos inftructions (5); aussi ai-je mal commencé, mais je veux bien finir; & je compte fur les foins & fur les inftruc-tions que votre vertu me procurera.

(1) Tong étoit la fépulture de Tching-tang.

(2) La troisieme année eft la troisieme année du regne de Tai-kia.. Dans ce premier paragraphe, le premier jour de la douzième lune n'a pas : de caracteres du cycle de foixante.

(3) C'étoit la Cour.

(4) La révérence que fit le Roi dénote une inclination de tête jufqu'à

terre.

(5) Dans le texte il y a des inftructions de mon Che pao, terme qui veut dire directeur & protecteur..

Y-yn fit une profonde révérence (1) jufqu'à terre, & parla ainfi: un Prince intelligent travaille à fe perfectionner foi- TAI-KIA. même; & fon vrai talent eft de savoir s'accommoder au génie & aux inclinations de fes fujets.

Kang-mo.

1753.

1721.

Le Roi prédéceffeur traitoit les pauvres & les malheureux comme fes propres enfans; auffi fes sujets lui obéiffoient-ils Tou-chou. avec joie. Les Peuples des Royaumes voifins difoient : nous attendons notre véritable Maître; quand il fera venu, nous ferons délivrés de l'oppreffion.

Prince, redoublez vos efforts pour avancer dans le chemin de la vertu ; imitez votre illuftre ayeul, ne vous laiffez pas furprendre un feul moment par la molleffe ni par l'oifiveté.

Si dans les honneurs que vous rendez aux Ancêtres, vous rempliffez les devoirs de l'obéiffance filiale, fi vous gardez la gravité & la bienséance en traitant avec vos inférieurs, fi vous faites paroître du difcernement dans l'examen (2) de ce qui vient de loin, fi vous vous appliquez à bien comprendre toute l'étendue du fens des difcours falutaires que vous entendez, Prince, je ne me lafferai jamais de voir en vous ces vertus.

[blocks in formation]

Y-yn continua d'exhorter plufieurs fois le Roi en ces termes : le Ciel n'a point d'inclination particuliere pour perfonne; il aime ceux qui ont du refpect. L'attachement des Peuples à leur Souverain n'est pas conftamment le même; ils ne font attachés qu'à ceux qui ont de la bonté. Les Efprits ne regardent pas toujours de bon œil les cérémonies qu'on leur fait, & ils ne font favorables qu'à ceux qui les font avec un cœur droit & fincere. Qu'un Trône (3) a de difficultés!

(1) La révérence de Y-yn eft exprimée avec les mêmes caracteres que celle du Roi.

(2) Cet examen, qui vient de loin, eft l'examen de ce qui eft & de ce qui fe pafle dans tous les pays de l'Empire.

(3) Le Trône dont il s'agit dans ce premier paragraphe, eft la Dignité Royale; le texte porte Tien-goei. La place célefte; c'eft dans le même fens qu'on a vu les Miniftres & les Officiers de l'Empire défignés par les Miniftres & les affaires du Ciel.

I 540.
1529.

avant J. C.

[ocr errors]

TAI-KIA.

Kang-mo. 1753. 1721. Tfou-chou.

1740. 1529.

avant J. C.

La paix regne où regne la vertu; fi celle-ci manqué, tout eft dans le trouble. Celui qui tient une conduite pacifique, réuffit; mais s'il fe livre à la difcorde, il ne peut manquer d'échouer. Faire ce qui convient pour bien commencer & bien finir, eft l'ouvrage d'un Roi très intelligent.

pour

Le Roi votre prédéceffeur travailla fans relâche à fe rendre vertueux, & vint à bout d'être uni (1) au Souverain Seigneur (Chang-ti). Prince, puifque vous lui fuccédez, ayez les yeux attachés fur lui.

Pour monter fur un lieu élevé (2), il faut commencer par le bas; & pour aller vers un lieu éloigné, il faut partir d'un endroit qui foit près.

Ne méprifez pas les occupations (3) du Peuple, considérezen les difficultés; ne vous regardez pas hors de danger fur le Trône; concevez-en au contraire tout le péril.

C'eft en commençant qu'il faut refléchir, & non à la fin. Si ces paroles font contraires à vos inclinations, penfez à la raison; mais fi elles font conformes à ce que vous fouhaitez, penfez à ce qui eft contre la raison.

Si l'on ne fait point de réflexion, comment comprendre ce que j'ai dit? & fi l'on ne fait pas des efforts, comment réuffir? Un feul homme de bien peut régler tous les Royaumes.

Sur des difcours artificieux, un Prince ne doit pas changer l'ancien gouvernement. Si un Sujet, pour fon plaifir & pour fon utilité, ne veut pas refter en charge, quand le terme de fa commiffion eft fini, c'eft un avantage éternel pour l'Empire.

(1) L'union au Chang-ti eft remarquable, étant, felon le texte, de la vertu.

(2) Le fens eft que la vertu s'acquiert peu à peu.

l'effet

(3) Les Interpretes difent qu'il s'agit de l'agriculture & de l'entretien des vers à foie, par ces expreflions de l'occupation du peuple.

« AnteriorContinuar »