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homme fut défait par Tchouen-hio, & qu'il fe jetta dans le fleuve Hoai. Son corps étoit rouge comme le feu, & il reffembloit à un ours. Un autre Miniftre encore plus cruel fe nommoit Siang-lieou. Le Chan-hai-king dit qu'il avoit neuf têtes pour dévorer les neuf montagnes, & le met au nord du mont

Kouen-lun.

Kong-kong régna en tyran pendant quarante-cinq ans : fon fils étoit, comme lui, fans mérite; il mourut au folftice d'hiver, & devint un Esprit malin. Le Fong-fou-tong (1) donne à Kong-kong un autre fils nommé Sicou, qui fut fi grand voyageur qu'on le prît après fa mort pour l'Efprit qui préfide aux voyages. Tfo-chi dit qu'un fils de Kong-kong nommé Keou-long, acquit du mérite dans l'agriculture; fous l'Empereur Tchouen-hio, il eut la charge de Heou-tou. C'est une erreur, ajoûte le Fong-fou-tong, de le prendre pour l'Efprit de la Terre. Le même Tfo-chi parle d'un autre fils de Kongkong nommé Huen-min, dont on a fait une étoile qui préfide à la pluie.

Lie-tfe & Yun-tfe mettent Kong-kong avant Niu-va; mais on demande s'il faut le traiter de Roi (Vang), ou bien de Pa ou de Prince? Lo-pi répond qu'il n'a été ni l'un ni l'autre ; mais un ufurpateur. L'idée de Pa étoit inconnue dans l'antiquité, & n'a commencé à paroître que lorsqu'on n'a plus reconnu de véritable Roi (Vang). Se-ma-kouang dit que les anciens Empereurs avoient fous eux trois Kong: le premier demeuroit à la Cour près du Roi, & les deux autres partageoient entr'eux le gouvernement de l'Univers; on appelloit ceux-ci les deux Pe; ce qui eft fort différent de ce qu'on entendit dans la fuite par les cinq Pa, qui furent l'un après l'autre à la tête des Rois leurs égaux.

(1) Fong-fou-tong; c'est un recueil à-peu-près comme Pe-hou-tong ; l'Auteur vivoit fous les Han, & s'appelle Yng-chao.

vent,

NIU OU A

ou NIU - V A.

C'EST 'EST la fœur, ou, felon d'autres, la femme de Fo-hi; on l'appelle encore Niu-hi & Niu-hoang, la Souveraine des Vierges, & Hoang-mou, c'est-à-dire, la Souveraine Mere; mais fon plus beau nom eft Ven-ming. Dans l'Y-king, le Sage accompli eft fouvent défigné par ces deux mors; ven veut dire pacifique, & ming fignifie la lumiere. Le Roi Chun, dans le Chou-king, s'appelle Ven-ming par la même raifon. On donnoit à Fo-hi pour nom de race Fong, c'est-à-dire, le & on donne à Niu-va celui de Yun ou la nuée, Le Choueven dit que Niu-va eft une Vierge Divine qui convertit toutes chofes. On lit dans le texte du Lou-fe, qu'elle a fait le Ciel, & dans le Chan-hai-king, qu'elle a pris de la terre jaune & en a formé l'homme: c'eft ainfi, ajoute-t-il, que l'homme a commencé. On a vu ci-devant que Fo-hi a fait le Ciel & la Terre. La même chofe pourroit fe dire de Chin-nong dans le fentiment de ceux qui difent que Fo-hi, Niu-va & Chin-nong font les trois Souverains; car le Fong-fou-tong affure que le titre de Hoang ne convient proprement qu'au Ciel; & dans l'opinion que Fo-hi, Niu-va & Chin-nong étoient des hommes, il ajoûte qu'ils étoient femblables au Souverain Ciel, & que c'est pour cela qu'on les appella Hoang.

Niu-va avoit le corps de ferpent, la tête de bœuf & les cheveux épars; en un feul jour elle pouvoit fe changer fpirituellement en 70 ou 72 manieres. Elle fortit du mont Chinkouang; en naiffant elle étoit douée d'une intelligence divine, ne laiffant aucune trace fenfible. Non-feulement elle eft la Déeffe de la paix, mais fa victoire fur Kong-kong fait voir ce qu'elle peut dans la guerre; c'est donc en même-tems la pacifique Minerve & la belliqueufe Pallas fille de Jupiter ; elle préfide encore aux mariages comme Junon; mais on ne peut pas dire de Junon ce qu'on dit de Niu-va, qu'elle obtint par Ses prieres d'être vierge & épouse tout ensemble. C'est ainsi que la Reine Kiang-yuen devint la mere de Heou-tfi, & resta

vierge.

Kong-kong, dit Lo-pi, fut le premier des Rebelles; il excita le déluge pour rendre l'Univers malheureux; il brifa les liens qui uniffoient le Ciel & la Terre, & les hommes accablés de tant de miferes, ne pouvoient les fouffrir: alors Niuva déployant fes forces toutes divines, combattit Kong-kong, le défit entierement & le chaffa. Après cette victoire elle réta blit les quatre points cardinaux, & rendit la paix au monde (1). La Terre étant ainfi redreffée, & le Ciel mis dans fa perfection, tous les Peuples pafferent à une vie nouvelle. On trouve dans d'autres Auteurs quelques circonstances qui ne font point à négliger. Yun-tfe (2) dit que Kong-kong donna de fes cornes contre le mont Pou-tcheou, qu'il renverfa les colonnes du Ciel, qu'il rompit les liens de la Terre, que Niu-va rétablit le Ciel & tira des fleches contre dix Soleils. Hoai-nan-tse ajoûte que Niu-va purifia par le feu des pierres de cinq couleurs, & qu'elle en boucha les breches du Ciel; qu'elle prit les pieds d'une monftrueufe tortue, pour redreffer les quatre termes; qu'elle tua le Dragon noir (3), pour rendre la paix à la Terre, qu'elle brûla des rofeaux & en ramaffa les cendres pour fervir de digue au débordement des eaux. Le Ciel avoit reçu

(1) Ki-tcheou & Tchong-ki font le Royaume du milieu, comme le dit exprefféinent la Glofe en cet endroit du Lou-se. Par. ce Royaume du milieu, on doit entendre le monde entier; on le voit affez par les termes de Tien-hia, tout ce qui eft fous le Ciel & de Van-min tous les peuples. C'est un Royaume qui eft environné de quatre mers, qui a le mont Taichan au centre, & quatre autres montagnes à fes quatre coins; c'eft un Royaume dont on ignore les diverfes contrées, les rivieres & les montagnes, dont on trouve les noms dans les anciens Auteurs; il paroît tout-à-fait diftingué de Kouen-lun; cependant ce mont Pou-tcheou, qui eft au nord oueft, qu'on nomme la Cour Supérieure du Seigneur, & qui étant ébranlé par Kong-kong, occafionna une grande breche au Ciel, ce Kouenlun, qui eft au fud-eft, qu'on appelle la Cour Inférieure du Seigneur & qui devient féparé du Ciel. Ces deux montagnes paroiflent affez clairement défigner le Ciel & la Terre, & malgré cela on ne trouve nulle part que le Royaume du milieu foit la même chofe que le mont Kouen-lun. (2) Yun-tfe eft peut-être Yun-ven tfe ou Kouan-yun-tfe.

(3) He-long, le dragon noir. Il eft bien rare de trouver le caractere long pris, comme ici, en mauvaise part.

au

au nord-oueft une grande breche, & la Terre avoit été rendue infuffifante au fud-eft, Niu-va répara tout, en donnant à la Terre de nouvelles forces, & rempliffant les breches que Kong-kong, par fa révolte, avoit faites au Ciel.

Ces deux faits, l'un de Kong-kong en mal, & l'autre de Niu-va en bien, ont paru fi extraordinaires aux Chinois modernes, que ne pouvant les expliquer, ils ont pris le trifte parti de les réfuter. Tchao - fiue-kang (1), parle ainfi au raport d'Yuen-leao-fan: Puifqu'on appelle le mont Pou-tcheou la Colonne du Ciel, il faut qu'il foit d'une hauteur extrême Kong-kong ne peut avoir guère plus d'une toife de haut, quelque grand qu'on le faffe, & quelques forces qu'on lui donne, il ne pouvoit pas remuer plus de trois milles pefant; comment d'un que coup de fa tête il ait ébranlé le mont Pou-tcheou? Ce qu'on dit de Niu-va eft encore plus extravagant, car le Ciel eft éloigné de la Terre de je ne fais combien de milles & de milles toifes, & Niu-va, quoi que Reine de la Terre, n'étoit après tout qu'une femme, comment donc peut-elle voler au Ciel pour le radouber avec des pierres de cinq couleurs? Il ajoûte que ce font autant de pures chimeres.

donc veut-on

Niu-va victorieufe s'établit dans une plaine fur le mont Tchong-hoang; elle paffa enfuite fur le mont Li, & comme elle régna par le bois, on dit que fa domination eft à l'orient. » Ses mérites, dit Hoai-nan-tfe, pénétrent jufqu'au plus haut des Cieux, & s'étendent jufqu'au plus profond des abîmes; fon nom fe répand fur tous les fiécles futurs, & fa lumiere remplit tout l'Univers; montée fur le char du tonnerre, elle le fait tirer par des Long aîlés & foumis à fes ordres; un nuage d'or la couvre & l'environne; elle fe joue ainfi dans le plus haut des airs, jufqu'à ce que parvenue au neuvieme Ciel elle fait fa cour au Seigneur (Ti) à la porte de l'intelligence; ne refpirant que l'union & la paix, elle fe repofe auprès du Taitfou, & comblée de tant de gloire, loin de vanter fes mérites, elle se tient dans un humble & refpectueux filence ».

(1) Tchao-fiue-kang vivoit fous la Dynaftie des Ming; il a fait plufieurs ivres dnas le quatorze ou quinzieme fiecle.

P

On attribue à Niu-va plufieurs inftruments à vent & £ anche. » Les deux premiers, nommés Seng & Hoang, lui fervoient pour communiquer avec les huit vents; par le moyen des kouen ou flutes doubles, elle réunit tous les fons à un feul, & accorda le Soleil, la Lune & les Etoiles, c'eft ce qui s'appelle un concert parfait, une harmonie pleine; fa guittare étoit à cinq cordes, elle en jouoit fur les collines & fur les eaux; le fon en étoit fort tendre; elle augmenta le nombre des cordes jufqu'à cinquante, afin de s'unir au Ciel, & pour inviter l'Efprit à defcendre; mais le fon en étoit fi touchant qu'on ne pouvoit le foutenir; c'eft pourquoi elle les réduifit à vingt-cinq, pour en diminuer la force; & alors il n'y eut plus rien dans l'Univers de fi caché ni de fi délicat, qui ne fût dans l'ordre ».

Niu-va régna 130 ans; fon tombeau eft en cinq endroits différents; on prétend qu'elle a plufieurs fois apparu. Quelques Auteurs ne la comptent que comme ayant aidé Fo-hi à gouverner, prétendant qu'une femme ne peut s'affeoir fur le Trône de l'Univers.

CHAPITRE X I V.

CHIN-NONG.

CE qui diftingue principalement ce Heros de tous les au

tres, c'eft l'Agriculture & la Médecine. Plufieurs Auteurs prétendent d'après le Hi-tfe, que Chin-nong fut fucceffeur de Fo-hi; c'eft qu'ils ne féparent point Fo hi de Niu-va; mais on ne dit nulle part, que je fache, comment Chin-nong parvint à l'Empire.

La mere de Chin-nong s'appelle Ngan-teng ou Niu-tong, la fille qui monte & qui s'éleve; on la fait époufe de Chaotien, fans qu'on fache quel cft ce perfonnage. Niu-teng fe promenant un jour à Hoa yang, c'eft-à-dire, au midi de la colline des fleurs, conçut, par le moyen d'un Efprit, dans un licu nommé Tchang yang, & mit au monde Chin-nong, dans

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