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tes; mais

le paffage du San-hoang-ki, mais il ne l'explique point. Il y a un Auteur qui dit que Chin-nong, en tournant un fouet rouge, revomiffoit les poifons qu'il avoit avalés. Un autre dit en général que les plantes fe divifent en quantité d'efpeces différenque fi on examine bien leur figure & leur couleur, fi on les éprouve par l'odorat & par le goût, on pourra diftinguer les bonnes des méchantes, & en compofer des remedes pour guérir les maladies, fans qu'il foit nécessaire d'en faire l'épreuve fur foi-même ; mais le Ching (1) regarde cela d'une fi grande conféquence, qu'il veut connoître par fa propre expérience la nature de chaque remede qu'il enfeigne. Dans un feul jour Chinnong fit l'épreuve de foixante-dix fortes de venins; il parla fur 400 maladies, & donna 365 remedes, autant qu'il y a de jours en l'an; c'est ce qui compofe fon livre nommé Pen-tfao; mais fi on ne fuit pas exactement la dose des remedes, il y a du danger de les prendre. Ce Pen-tfao avoit quatre Chapitres, fi on croit le Che-ki. Lo-pi dit que le texte du Pen-tsao d'aujourd'hui eft de Chin-nong; mais cela eft révoqué en doute par ceux qui prétendent que ce livre n'eft pas ancien. Si on ne croit pas que le Chan-hai-king foit du grand Yu, comment croira-t-on que le Pen-tfao eft de Chin nong? On dit cependant que Chin-nong fit des livres gravés fur des planches quarrées: Hoang-ti dit qu'il lesa vus, & Ki-pe ajoûte que c'étoient des fecrets donnés par le Suprême Seigneur Chang-ti, & transmis à la postérité par fon Maître. On ne fait pas affez quel eft ce Ki-pe, ni Tfiou-ho-ki (2), dont il étoit difciple. Par Chang-ti on ne peut pas entendre Chin-nong, car jamais Empereur Chinois n'a été nommé Chang-ti, ce terme étant déterminé pour l'Etre Suprême feul. Chin-nong ordonna à Tfiou-ho-ki de mettre par écrit ce qui concerne la couleur des malades & ce qui regarde le pouls, d'apprendre fi fon mouvement eft réglé & bien d'accord; pour cela de le tåter de fuite, & d'avertir le malade, afin de rendre par-là un grand

(1) Ching défigne un très grand & très fage perfonnage. Le P. de Premare & plufieurs autres Miffionnaires le traduifent fouvent par Saint. (2) Il n'eft pas sûr que ce Tfiou-ho-ki ait été le Maître de Ki-pe.

Service

jervice au monde, en donnant aux hommes un fi bon moyen de conferver leur vie.

Chin-nong compofa des Cantiques fur la fertilité de la campagne; il fit une très belle lyre & une guittare ornée de pierres précieuses, l'une & l'autre pour accorder la grande harmonie, mettre un frein à la concupifcence, élever la vertu jufqu'à l'Esprit intelligent, & faire le bel accord du Ciel & de la Terre. Yang-hiang dit les mêmes chofes, encore plus clairement. Chin-nong fit une lyre pour fixer l'Esprit.& arrêter la débauche, pour éteindre la concupifcence & remettre l'homme dans la vérité célefte. Le nombre des cordes eft différent dans différens Auteurs. L'un dit fept, l'autre cinq, d'autres vingtcinq. Lo-pi ditque cinq eft le nombre de la Terre, que Hoang-ti

& Chun régnerent par la terre donc leur lyre avoit cinq

cordes ; que fept eft le nombre du feu ; or Chin-nong & Yao régnerent par le feu, donc leur lyre avoit fept cordes. Je ne fais où il a pris ce qu'il dit de ces nombres cinq & fept, mais quand on lui accorderoit cela, fa conféquence en feroit-elle meilleure? Il ajoûte que cette lyre de Chin-nong étoit longue de fix pieds, fix pouces, fix bonnes lignes. Horace a dit par tradition, d'Amphion & d'Orphée à-peu-près la même chofe de la mufique; & nos Anciens ne font guere plus fages que les Chinois modernes, quand ils veulent que les cordes de la lyre répondent aux fept planetes; ce qui fe dit auffi de la flute de Pan.

Eft mihi difparibus feptem compacta cicutis
Fiftula, &c.

& quand ils difent que la harpe de Mercure avoit trois cordes
par rapport aux trois faifons de l'année aux trois fons divers
& que l'aigu répond à l'été, le grave à l'hiver, & le moyen
au printems, & que dans la fuite on y mit quatre cordes, en
confidération des quatre Eléments; cela vaut bien le nombre
de la terre & le nombre du feu, dont parle Lo-pi.

Chin-nong, monté fur un char traîné par fix Dragons, mefura le premier la figure de la terre, & détermina les quatre

mers. Il trouva 900000 ftades (1) eft & oueft fur 850000 ftades nord & fud. Liu pou-ouei ajoûte qu'il divifa tout ce vaste efpace en Royaumes. Les plus proches du centre étoient les plus grands, & les plus éloignés étoient les plus petits, de maniere que fur les mers qui environnoient ce bel Empire, il y avoit il étoit des Royaumes feulement de vingt ou de dix ftades; borné au midi par ce qu'on appelle Kiao (2), & c'étoit là qu'on offroit les facrifices; au nord, par les ténebres Yeou; à l'orient, par la vallée lumineufe Yang-kou, & à l'occident, par les San-goei. Le Chou-king, en parlant du Roi Yao, rapporte auffi ces quatre points cardinaux, qu'il appelle la vallée lumineuse, Yang-kou à l'orient; Nan-kiao au midi ; la vallée obscure Moei-kou à l'occident, & la Cour des ténebres Yeou tou au nord; c'est à ces quatre extrémités qu'Yao mit quatre Mathématiciens pour obferver les deux équinoxes & les deux folftices. Quelqu'étendu que fut l'Empire de Chin-nong, il étoit fi peuplé & les habitans étoient fi peu éloignés, que les cris des animaux domeftiques fe répandoient & s'entendoient d'un village au village prochain. Les grands Royaumes fe fervoient des petits, & du centre de l'Empire on alloit à la

circonférence.

le

Chin-nong factifioit au Seigneur Suprême, dans le Temple de la Lumiere (Ming-tang): rien n'eft plus fimple que ce Temple, la terre de fes murs n'avoit aucun ornement; bois de fa charpente n'étoit point cifelé, afin que le Peuple fît plus d'eftime de la médiocrité. C'est une erreur groffiere, dit Lo-pi, de prétendre que Hoang-ti a fait le premier des maifons, & a le premier bâti le Temple de la Lumiere. Cet Auteur tient le même langage en plufieurs autres occafions, ne voyant pas que la même chose à pu fe trouver fous divers

a

(1) J'ai traduit Li par ftade, dix Li font à-peu-près une de nos lieues, ainfi ce feroit quatre-vint-dix mille lieues eft & oueft, & quatre-vingt-cinq mille lieues nord & fud.

(2) Il feroit ridicule d'entendre ce Kiao du petit Royaume Kiao-tchi ou Cochinchine.

Empereurs. Chin-nong facrifia hors des murs, au midi (1); il fit auffi la cérémonie ordinaire fur la haute & baffe montagne, en folemnelle reconnoiffance de ce que tout l'Univers jouiffoit de la paix.

Lo-pi s'étend ici fur les louanges de Chin-nong:» Il ne détruifoit aucune chose pour s'agrandir, il n'abaiffoit perfonne pour s'élever; il ne profitoit point, pour fon intérêt particulier, des occafions les plus favorables; il étoit le même dans la gloire & dans l'abaiffement, & il marchoit toujours gaiement devant le premier pere de toutes choses; de toutes choses; c'est pourquoi fon Peuple n'étoit compofé que de gens vertueux, fans le mêlange d'aucun fcélérat; il n'employoit aucuns fupplices, les mœurs étoient pures; on n'avoit point ensemble de dif putes, & chacun s'eftimoit affez riche, parcequ'il étoit content de ce qu'il avoit; fans fe fatiguer, Chin-nong venoit à bout de tout; il ne vouloit rien de l'Univers, & l'Univers lui offroit à l'envie toutes les richeffes; s'eftimant peu, il honoroit tout le monde, & il poffédoit ainfi l'eftime de tous les hommes; il favoit le blanc, & il confervoit le noir ».

Ces derniers mots, qui font très énigmatiques, fe trouvent dans un livre attribué à Hoang-ti, & la Glofe les explique en difant qu'il réunifoit en fa perfonne deux natures, c'eft pourquoi il chercha la mort & il ne put la trouver.

On dit que Chin - nong régnoit à Tchin, qu'après fa mort il fut enterré à Tchang-cha, qu'il étoit âgé de 168 ans, qu'il en avoit régné 145, & qu'il laifla douze enfans.

(1) Ce qui s'appelle Kiao eft un lieu hors des murs de la ville capitale de tout l'Empire : il eft fitué droit au midi, & tout à découvert; il eft uniquement destiné à honorer par des facrifices le fuprême Seigneur, auquel feul ils font offerts; & comme on ne les offre qu'à lui feul, auffi n'y a-t-il que l'Empereur feul quipuiffe les offrir, encore n'ofe-t-il pas les offrir par luimême; mais il choifit le Fondateur de fa Famille pour un emploi dont il fe croit indigne; & comme ces cérémonies fe font en forme d'un grand banquet, c'eft affez d'honneur pour lui que de fervir à tablę.

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DES DESCENDANTS DE CHIN-NONG.

CHI-TS I-TSE dit que la Dynastie de Chin-nong a eu foixantedix Empereurs. Liu-pou-ouei affure la même chofe. La plûpart des Lettrés, dit Lo-pi, nient le fait, parcequ'ils n'examinent point l'antiquité: font-ils donc plus croyables que Chitfe & que Li-pou-ouei?» Si on en compte que fept ou huit, c'est que les autres ont peu régné, ou plutôt qu'on a perdu la tradition de ce qu'ils ont fait ".

Tous les Hiftoriens modernes fuivent aveuglément le Vaiki, & mettent d'abord le Roi Lin-kouei, fils de Chin-nong, qui régna 80 ans ; fon fils Ti-ching lui fuccéda, & régna 60 ans, enfuite Ti-ming, fils de Ti-ching, qui régna 49 ans, enfuite Ti-y, fils du Roi Ti-ming, qui régna 45 ans, fon fils Ti-lai lui fuccéda, & fon regne fut de 48 ans ; il fut fuivi de fon fils Ti-kiu, qui régna 43 ans; celui-ci fut pere de Tfieking, qui eut pour fils Ke & Hi, ni le pere ni les deux enfans ne parvinrent à l'Empire; mais Ke cut un fils nommé Yuvang, qui fuccéda au Roi Ti-kiu, & régna 55 ans; c'eft par lui que la Dynaftie finit.

A ne s'en tenir qu'à ce petit nombre de Rois, nous aurions toujours 390 ans pour la durée de cette Famille, fous laquelle tous les Empereurs s'appellerent Yenou Jen, comme Chin-nong le fondateur; mais Lo-pi va bien plus loin, & dit que fi on jugeoit des foixante-dix Empereurs de cette Dynastie d'après les longs regnes de Chin-nong & de Hoang-ti, on trouveroit quelques centaines de mille années. Le premier qu'il met après Chin-nong eft Ti-tchu: dès l'âge de fept ans il avoit les vertus d'un Sage, & il aida l'Empereur fon pere en plufieurs chofes. Lo-pidit beaucoup de bien de fon regne; on le nommé Li-chan-chi, d'un des noms de Chin-nong, & on lui a fait l'honneur dans les fiecles fuivants, de le mettre pour accompagner l'Efprit des grains. Il ne faut pas pas oublier oublier que Hcou-tfi s'appelle Tchu, du nom de cet Empereur. Lo-pi met ensuite King-kia, fils aîné & légitime de Ti

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