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Depuis la période du Tigre (troifieme de la révolution ), jufqu'à la période du Cheval (feptieme de la révolution), » fous laquelle Yao naquit, & commença à gouverner l'Empire, l'an Kouei-ouei, vingtieme du cycle de foixante, il » s'eft écoulé plus de 45000 ans. Il n'eft pas douteux que pen»dant tout ce tems il n'y ait eu des hommes; peut-être même » y a-t-il toujours eu des Rois ou des Maîtres pour les gou» verner; mais comme il n'y avoit point alors de livres, ou » que s'il y en a eu, ils ne font pas parvenus jufqu'à nous, » comment favoir ce qui s'eft paffé? Pour ce qui regarde les Tien-hoang, les Ti-hoang & les Gin-hoang, nous ne l'a»vons appris que par tradition; & leur Hiftoire nous ayant » été tranfmife de génération en génération, elle ne fauroit d'avoir été altérée. Ainfi c'est à tort qu'on vou» droit affirmer que la vie de chacun d'eux a été d'un fi grand » nombre d'années. Dire que les Tien-hoang & les Ti-hoang » ont été des hommes qui ont vécu chacun dix-huit mille » ans, eft-ce une chofe croyable « ]?

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Je reprens la fuite de l'Ouvrage du P. de Premare.

TIEN - H O A N G.

On l'appelle auffi Tien-ling, c'est-à-dire, le Ciel intelligent, ou l'intelligence du Ciel, Tfe-jun, le fils qui nourrit & embellit toutes chofes, Tchong-tien hoang-kiun, le fouverain Roi au milieu du Ciel. On dit qu'il naquit fur le mont Vouvai, c'est-à-dire, le mont qui renferme tout, hors duquel il n'y a rien ; & Tchin-huen avertit que cette montagne eft au fud-eft, à 12000 li du mont Kouen-lun. L'Auteur du Chouiking (1), veut que ce foit le mont Kouen-lun lui-même. Yongchi, qui a fait un Commentaire fur cet ancien livre, dit que les cinq Long & Tien hoang en font fortis: Tien-hoang avoit corps de ferpent, ce qui fe dit auffi de Ti-hoang, de Gin

le

(1) Choui-king, eft un livre ancien, où l'on trouve quantité de traditions; mais tous les livres qui portent le nom de King, ne font pas canoniques.

&

hoang & de pluficurs autres. Tien-hoang eft au-deffus de toutes chofes; tranquille & comme fans goût, il ne faifoit rien, les Peuples fe convertiffoient d'eux-mêmes. On lui attribue un livre en huit Chapitres, c'est l'origine des Lettres. Les caracteres dont fe fervoient les trois Hoang, étoient naturels, fans aucune forme déterminée: ce n'étoit qu'or & pierres précieuses. La Dynaftie de Tien-hoang eut treize Rois de même nom (1); c'est pourquoi on les appelle freres, & on donne à chacun d'eux 18000 ans ou de vie ou de regne (2). Le Vai-ki dit Tienhoang donna les noms aux dix Kan & aux douze Tchi, pour déterminer le lieu de l'année. Ces noms ont chacun deux lettres, qu'on explique comme on peut, fans les entendre. Car comment, par exemple, concevoir que Yue-fong eft Kia, &c.? Yuen-leao-fandit que kan a le fens de kan, qui fignifie le tronc d'un arbre; c'est pourquoi les dix Kan s'appellent auffi Chemou, les dix meres, & que Tchi, a le fens de tchi, les branches, c'eft pourquoi on les appelle Che-eull-tfe, les douze enfans (3)

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que

On le nomme auffi Ti-ling ou Ti-tchong, hoang-kiun, c'està-dire, celui qui regne fouverainement au milieu de la terre ș Tfe-yuen ou le fils principe. Il y a onze Rois du même nom & ce nom eft Yo, qui fignifie la montagne; on les appelle les onze Rois Dragons (4): ils avoient, dit Lo-pi, le vifage de

(1) Lo-pi dit que ce nom eft Vang, qui fignifie l'efpérance. (2) En tout 234000 ans.

-ments

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(3) Le P. Amiot, dans la petite differtation déja citée, dit, d'après les Chinois Les Tien-hoang, ou Empereurs du Ciel, gouvernerent le monde après Pan-kou ou Pouan-kou, le premier des hommes. Ils ne fe mettoient point en peine de leur nourriture ni de leur vête& le travail étoit alors inconnu. Ils exerçoient un empire abfolu, & tout le monde obéiffoit aveuglément à leurs ordres. Ils firent un cycle de dix & un autre de douze. Avant eux le nom d'année étoit inconnu. Ils déterminerent les premiers le nombre des jours qui devoient la compofer. Ils furent treize du même nom : ils étoient freres & vécurent chacun dix huit mille ans.

(4) Nous expliquons ordinairement le caractere Long, par dragon,

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fille, la tête de long ou dragon, & les pieds de cheval. Un autre Auteur dit qu'ils avoient l'air de fille, le corps de ferpent, les pieds de bêtes, & qu'ils fortirent du mont Long-men. On prétend que Ti-hoang n'eft point né, & qu'il ne change point; qu'il protege & qu'il fixe toutes chofes. Le Vai-ki ajoûte qu'il partagea le jour & la nuit, & régla que trente jours feroient une lune. Le livre Tong-li, cité par Lo-pi, ajoute encore qu'il détermina le folftice d'hiver à l'onzième lune. Chacun de ces onze Rois a régné ou vécu 18000 ans, ce qui fait pour tous ensemble 198000. Il y a des Auteurs qui changent le texte, & veulent qu'il n'y ait que 1800 en tout, foit pour Tienhoang, foit pour Ti-hoang; c'est pour tâcher de faire accorder ce nombre d'années avec la période arbitraire de Chaokang-tfie; & de plus ils ne peuvent dire pourquoi les Tihoang, qui ne font qu'onze, ont autant de durée que les Tienhoang, qui font treize. D'autres, pour tout le tems de ces deux Hoang, ne mettent que 18000 ans ; ce qui ne peut plus s'accorder avec les Hoei de Chao-kang-tfie. Une preuve qu'on prétend bien que ce font de véritables années, c'est que dans les tems les plus reculés, pour dire un an, on difoit un changement de feuilles. Cela fe pratique encore dans les petites îles Lieou-kieou, qui font fituées entre le Japon & l'île Formofe (1).

Il faudroit mettre ici Gin-hoang; mais comme c'est par lui que commence le premier des dix Ki, je le renvoie au Chapitre fuivant.

animal qui inspire en Europe une idée de gros ferpent, & qui fe prend prefque toujours en mauvaise part, au lieu que chez les Chinois Long, offie prefque toujours une fi belle idée, que c'est un des plus beaux fymboles.

(1) Le P. Amiot, dans la differtation dont j'ai parlé, dit, d'après les Chinois; que les Ti-hoang ou Empereurs de la terre fuccéderent aux Tien-hoang. Ils donnerent au foleil, à lune & aux étoiles le nom qu'ils portent aujourd'hui. Ils appellerent les ténebres nuit, & la lumiere jour, l'intervalle de trente jours mois. Ils étoient onze freres de même nom, & la vie de chacun d'eux fur de dix-huit mille ans.

ABREGÉ DES SIX
SIX PREMIERS KI.

I. KI, nommé KIEOU-TEOU, ou les neuf Têtes.

CE Ki

E Ki eft celui de Gin-hoang (1), qu'on appelle autrement Tai-hoang, c'est-à-dire, le grand Souverain. Un ancien Auteur cité dans le Lou-fe de Lo-pi, dit que Tai-hoang eft fort honorable, non pas qu'il l'emporte fur Tien-hoang & Ti-hoang, mais parcequ'il eft au-dessus du peuple & de toutes chofes, qu'il

(1) Le P. Amiot, dans la petite differtation déja citée, dit que les Gin hoang, ou Empereurs des hommes fuccéderent aux Ti-hoang. Ils diviferent la terre en neuf parties. Les montagnes & les rivieres fervirent de termes pour chaque divifion. Ils raffemblerent les hommes qui étoient épars çà & là, & qui n'avoient point de demeures fixes, & leur affignerent des habitations. Ils formerent les premiers liens de la fociété, c'est pourquoi on leur a donné auffi le nom de Kufang, qui fignifie habitant d'un lieu. Tous les arts furent trouvés fous leur regne. La fourberie n'avoit point encore paru fur la terre. Cependant, comme l'égalité des conditions avoit déja difparu, on inventa des punitions & des récompenfes, on fit des loix, on créa des Magiftrats, on connut l'ufage du feu & de l'eau. On apprit l'art d'apprêter les différents mets, & on affigna les devoirs particuliers de chacun des deux fexes. Neuf freres de même nom fe partagerent l'Empire du Monde & vécurent entr'eux tous, quarante cinq mille fix cens ans.

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Un abréviateur d'Hiftoire nommé Vang vang jou, parle des Ginhoang en ces termes : » Les Gin-hoang font appellés par les uns Taihoang & par les autres Ku-fang chi. Ces Ti-hoang avoient gouverné » en paix tout l'Univers. Les hommes, fous leur regne, avoient toutes » chofes en abondance, fans qu'ils euffent befoin de fe les procurer par le travail. Gin-hoang naquit fur la montagne Hing ma-chin li» tuée dans le Royaume de Ti-ti. Il divifa la terre en neuf parties; les montagnes & les rivieres lui fervirent de termes. Il choifit la partie du milieu pour y faire fon féjour : de-là il donna fes ordres par-tout »& gouverna tout l'univers. Il civilifa les hommes; les vents & les nua» ges lui obéiffoient, & il difpofoit à fon grè des fix fortes de Ki, qui font "le repos, le mouvement, la pluie, les vents, la lumiere & les ténebres. Il avoit la fubtilité & les autres qualités des Efprits. Il n'eft rien qu'il ne sût & qu'il ne pût. Il réduifit toutes les langues à une feule. Il

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a établi l'ordre entre le Roi & le Sujet, & donné le premier les regles du Gouvernement. Ce Ki n'a qu'un même nom, qui eft kai, c'est-à-dire le gracieux. Tai-hoang a le vifage d'homme, le corps de dragon, & a de dragon, & a neuf têtes; mais par ces neuf têtes, il faut entendre neuf Rois, qui, felon le Vai-ki, ont duré 45600 ans. On dit que Tai-hoang naquit fur le mont Hing-ma, d'où fort l'eau de la vallée lumineuse. Il partagea le globe de la terre & des eaux en neuf parties, & c'est ce qui s'appelle les neuf Tcheou & les neuf Yeou. Il divifa de la même maniere en neuf fleuves l'eau de la vallée de lumiere. Les neuf freres prirent chacun fa partie de la terre, ở Tại hoang régna dans le milieu. Sur quoi Tcheou-tfin-hien fait cette ré

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»embraffoit tout l'univers, & tout l'univers le refpectoit & lui rendoit hommage. Sa doctrine égaloit le Ciel par fa hauteur, & la terre par fa profondeur. Sa vertu étoit immenfe, & les bienfaits dont il combla les » hommes ne peuvent fe compter; ils égaloient ceux qu'on peut recevoir » du Ciel. Il étoit maître, & il étoit bon maître; il gouvernoit, & il gou» vernoit bien. Il inftruifit les Peuples, & leur donna les regles de la fageffe & du bon gouvernement; il leur enfeigna la maniere d'apprêter les »mets & les regles d'un honnête mariage.

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» Il n'est parlé ici que d'un Gin-hoang, quoiqu'ils fuffent neuf de » même rom qui donnoient en même-tems des loix au monde ; la raison » eft que la forme du gouvernement étoit la même par-tout, & que les neuf » freres n'avoient qu'un même cœur & une même volonté; leur mérite étoit grand ainfi que leur vertu. Après leur vertu. Après eux il n'y eut plus fur la terre » qu'un Empereur; les autres Souverains avoient le titre de Roi & lui rendoient hommage. Les Gin-hoang vécurent antr'eux tous quarante-cinq

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» mille fix cens ans «.

Le P. Amiot obferve ici qu'un Auteur nommé Hiu-tfong hai, fans toucher à ce nombre d'années des Gin-hoang, abrege celle des Tien-hoang & des Ti-hoang, prétendant qu'on a fubftitué le caractere qui fignifie mille à celui de cent, & qu'ainfi on a dit que les Tien-hoang & les Tihoang ont vécu chacun un van, huit mille années, ce qui veut dire dix-huit mille années, au lieu d'un van, & huit cens ans, c'est-à-dire, dix mille huit cens ans. Le P. Amiot ajoûte que fi les Critiques Chinois, après avoir encore fait de ces retranchements fur le nombre des années, vouloient apprécier la valeur de ces années, y fubftituer ou des lunaifons ou des années lunaires, on pourroit fe réunir avec eux & conclure que tout ce qu'ils difent des Tien-hoang, des Ti-hoang & des Gin-hoang, ne font que des traditions défigurées de ce que l'Ecriture dit des Patriarches avant le déluge.

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