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» lié, & ouvert par en bas d'un trou circulaire de 4 pouces ; j'ai introduit, par cette » ouverture, un gros pilon de fer rougi au » feu; l'air, dilaté par la chaleur, à fait gon» fler le ballon: lorfque ce fer a commencé » à fe refroidir, j'en ai introduit un autre » que l'on tenoit prêt & qui étoit d'un rouge » très-vif; bientôt le ballon a commencé à » monter, & il s'eft enlevé tant que j'ai pu » le fuivre avec mon fer rouge, fans le tou» cher & le brûler. Ce ballon ne pefoit que » demi-once; j'avois eu foin de le deffécher » pendant qu'il étoit bien plein d'air, afin » qu'il fe tînt un peu enflé de lui-même lorfqu'il étoit fufpendu en l'air, & que l'on pût >> ainfi introduire le fer rouge fans le toucher ».

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L'honneur de la découverte des machines aéroftatiques appartient inconteftablement à la France & à notre fiecle; c'eft fauffement qu'on a prétendu que MM. Montgolfier n'avoient fait que marcher fur les traces de l'antiquité, & quant il feroit vrai qu'ils auroient puifé dans les écrits de Lana, du P. Galien, de Leibnitz, de Borelli, l'idée de conftruire l'aréoftat, ils n'en auroient pas moins toute la gloire, parce qu'ils ont exécuté ce que ces Savans n'avoient fait qu'entrevoir, & que les moyens indiqués dans leurs Ouvrages font chimériques

ou impraticables, & uniquement le fruit d'une imagination qui s'exerce: jetons un coup-d'œil rapide fur ces divers projets.

Dans fon Effai fur l'Art admirable, le Jéfuite Lana (1) avoit imaginé de pouvoir enlever un petit navire, qu'on auroit dirigé avec des voiles & des rames, en fufpendant cette machine à quatre globes de 20 pieds de diamètre, conftruits en cuivre très-mince, & dans lefquels on auroit fait le vide, d'abord en les rempliffant d'eau, & enfuite en les vidant & en fermant le robinet par où l'eau fe feroit échappée; mais, outre que cette maniere d'opérer le vide eft auffi contraire à la faine Physique qu'impratiquable dans l'exécution, Lana rendoit la conftruction de fes globes abfolument impoffible, puifqu'il exigeoit que l'épaiffeur du cuivre n'excédât pas les d'une ligne. Le Pere Jofeph Galien, Dominicain, Auteur d'une brochure intitulée : l'Art de Naviguer dans les airs, qui parut en 1755, à Avignon propofe, dans cet Ouvrage, de conftruire une vafte machine de bonne toile cirée ou goudronnée, fortifiée de distance en distance par des cordes, & remplie d'un air moitié plus

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(1) Pierre-François Lana fit paroître, à Brefcia, en 1670, fon Ouvrage en italien; il a pour titre, Prodrome dell' Arte Maeftra.

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léger que celui qu'on refpire; il calcule enfuite la quantité d'air déplacé par sa machine, & prouve que venant à defcendre, fa chute feroit très-lente, & ne pourroit être préjudiciable à ceux qui feroient dedans. Voilà bien

peu près l'aréoftat de MM. Montgolfier: c'est la même enveloppe; l'air a la même légèreté que celui qu'ils emploient; & il fembleroit d'abord qu'ils n'auroient eu d'autre mérite que celui de la mettre en exécution: ce n'eft cependant qu'une fuppofition gratuite, une ingénieufe & brillante chimère.

Le P. Galien fuppofoit que fa machine auroit fuffifamment de capacité pour contenir une armée nombreuse, avec les munitions de guerre & de bouche; qu'elle pourroit s'élever à la région de la grêle & feroit remplie avec de l'air de cette région.... Galien avoue d'ailleurs qu'il ne croit pas que perfonne s'expose jamais aux dangers d'une telle navigation, & que la théorie qu'il propofe fur fa poffibilité, n'eft qu'une espece de récréation physique & géométrique.

Ce que rapporte Borelli, dans un Ouvrage dédié à la Reine Chriftine en 1670, peut encore moins lui mériter le titre d'inventeur. En réfléchiffant, dit-il, fur l'ufage de la veffie dans les poiffons, quelques Savans ont penfé

qu'un homme pourroit également nager dans l'air, à l'aide d'une veffie artificielle, affez grande pour l'enlever, & dans laquelle on feroit le vide ou qu'on rempliroit d'un fluide plus léger que celui de notre atmosphère.

Le rapport, fait à l'Académie royale des Sciences de Paris, fur les expériences de la machine aéroftatique, imaginée par MM. Montgol fier, eft bien propre à fixer l'opinion que l'on doit fe former de cette fublime invention. Nous extrairons, de ce rapport, ce qui concerne les idées & les tentatives qui ont mené fucceffivement MM. Montgolfier à leur découverte, afin de prouver encore, contre l'affertion de quelques détracteurs, que le hafard n'y a eu aucune part.

Il paroît, eft-il dit dans ce rapport, que le point de vue fous lequel MM. Montgolfier envifagerent ce grand problême d'élever des corps dans l'air, fut celui des nuages, de ces grandes maffes d'eau, qui, par des caufes que nous n'avons pas encore pu affigner, parviennent à s'élever & à flotter dans les airs à des hauteurs confidérables. Occupés de cette idée, ils penferent au moyen d'imiter la Nature, en donnant des enveloppes très-légeres à des nuages factices, & en contre-balançant la pression d'un air lourd, par la réaction où l'élasticité d'un air plus léger. Tout annonce que leurs médi

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tations, fur cet objet, remontent au-delà du mois d'Août 1782. Ce fut à Avignon que M. Montgolfier l'aîné, tenta fa premiere expérience, & il ne vit pas, fans une vive joie, qu'un parallelipipède creux de taffetas, qui contenoit 40 pieds cubes environ, ayant été échauffé intérieurement avec du papier, monta rapidement au plafond. Retourné à Annonay, il n'eut rien de plus preffé que de répéter, avec M. fon frere, cette expérience en plein air, & ils virent, avec la même fatisfaction, ce parallelipipède s'élever à une hauteur de 70 pieds. Animés par ces premiers effais, ils firent faire une machine aéroftatique de 650 pieds cubes; le nouveau fuccès qu'ils obtinrent les détermina à en conftruire une de 35 pieds de diamètre.... Enfin, ce fut le 5 Juin que cette expérience fut répétée en préfence de MM. des Etats particuliers du Vivarais. En parlant des ufages auxquels on pourra utilement appliquer l'aréostat, nous fommes arrêtés, difent les Commiffaires de l'Académie, par la multitude de ceux qui fe préfentent; élever des poids à une certaine hauteur; s'élever fur des montagnes ou pénétrer dans des vallées inacceffibles; élever des fanaux pendant la nuit à une très-grande hauteur donner des fignaux, soit à terre, foit à la mer; connoître les viteffes & les directions de tels

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