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cetté corde, ce poids tiendra lieu d'un index; il marquera fur une échelle, divifée en pou ces & en lignes, les degrés d'humidité en montant, & ceux de la féchereffe en defcendant. La corde employée dans les deux cas peut être de chanvre, de fparterie, de crin, de laine, de foie ou de boyaux tortillés.

Si vous attachez deux cordes de violon ou de baffe, de même groffeur & de même longueur, fur une longue planche, & que vous les fouleviez par deux chevalets de même hauteur, il eft évident qu'elles feront à l'uniffon; fi vous tendez l'une plus que l'autre, elle rendra un fon plus aigu. D'après ces principes de Phyfique, on conftruit un hygromètre trèsfimple, qui peut fervir pour ceux qui font privés de la vue; on attache une de ces cordes, parfaitement égales en groffeur & en longueur, à un anneau ovale d'un bois trèsporeux, dans le fens de fon grand diamètre, & on la met à l'uniffon avec l'autre. Il est certain que le bois venant à fe gonfler, il doit tendre la corde à boyau. Lors donc qu'on veut favoir fi le tems eft humide, il n'est question que de pincer les deux cordes; fi celle fixée à l'anneau rend un fon plus aigu, c'eft qu'alors l'air eft plus humide que le jour qu'elles étoient à l'uniffon.

Le P. Merfenne jugeoit de l'humidité de l'air par un moyen peu différent de celui que je viens de faire connoître. Ce Phyficien montoit une corde de luth fur un ton donné par fon diapason, enfuite il l'expofoit à l'air libre. Le ton qu'elle rendoit; lorfqu'il venoit à la pincer, étoit-il plus bas ; il en concluoit que l'air étoit plus fec, & plus humide fi le ton montoit.

Le P. Magnan, Minime, faifoit un hygromètre avec un épi d'avoine fauvage parfai→ tement mûr. Toricelli fe fervoit de paille d'avoine; cette plante a en effet la propriété de fe tordre plus ou moins, felon que l'air eft plus ou moins humide; mais elle perd cette propriété avec fa fraîcheur. La corde à boyau la conferve davantage; Sturmius ne l'ignoroit pas; ce Phyficien Hollandois en avoit ajusté une au fond d'une boîte, qui, en fe tordant, faifoit mouvoir une petite figure, laquelle indiquoit l'humidité ou la féchereffe de l'air. On voit encore aujourd'hui des hygromètres conftruits fur le même principe; je veux parler de ces efpeces de maisonnettes, dans lefquels on établit deux petites figures qui fortent alternativement par deux portes.

Peu fatisfaits de ces inventions, les Membres de l'Académie del Cimento imaginerent

de remplir, de neige ou de glace pilée, un vaiffeau conique, & de le placer au-deffus d'un autre vaiffeau cylindrique, destiné à recevoir la quantité d'eau réfultante de la condenfation des vapeurs de l'air, produite par le contact de ce fluide avec le vaiffeau conique; celui-ci ayant une température plus froide, l'humidité de l'air fe manifeftoit par des gouttelettes d'eau qui fe formoient fur la furface du vaiffeau conique, & qui couloient à proportion dans le vafe cylindrique ou on en déterminoit la quantité le plus exactement poffible. Ce moyen hygrométrique, dont il eft parlé fort au long dans l'Ouvrage intitulé Tentamina Florentina n'eft point applicable dans le cas où la température de l'air feroit auffi froide que celle de la glace, parce qu'alors l'humidité de l'atmos phère ne fe condenferoit point fur les parois du vaiffeau conique.

Voici une autre maniere de conftruire un hygromètre, qui fut fort en vogue parmi quelques Phyficiens du dernier fiécle. A une balance très-mobile, on met en équilibre une éponge ou un paquet de coton cardé, imbibé d'une diffolution de fel de tartre: comme cette matiere faline s'empare de l'humidité de l'air, P'excès de poids qu'elle en reçoit, dans un tems

donné,

donné, eft pris pour la mefure de cette hu midité, mais à tort, puifqu'on ne connoiffoit point l'état primitif de l'air.

Les Anglois imaginerent, fur la fin du der nier fiécle, un hygromètre à planches; il étoit compofé de deux petits ais de fapin fort minces, qui fe mouvoient dans deux couliffes fuivant que, par la féchereffe ou l'humidité de l'air, ils s'enfloient ou fe retiroient; ce mouvement faifoit tourner une aiguille placée au milieu d'un des ais, & cette aiguille marquoit la féchereffe ou l'humidité de l'air.

Le cuir, le parchemin, le papier, font encore des matieres que les Phyficiens ont adopté pour faire des hygromètres; mais l'expérience leur a appris que tous ces inftrumens font fujets à des défauts qui naiffent de la nature des fubftances avec lesquelles on les fait, & qui font, jufqu'à un certain point, inévitables.

Le défaut le plus confidérable des hygro mètres, c'eft qu'ils annoncent rarement avec exactitude l'humidité de l'air du tems pendant lequel on les obferve; mais une combinaison particuliere de l'humidité de l'air dans le tems paffé avec celle du préfent; je m'explique, un hygromètre paffe, comme l'air, du fec à l'hu mide; mais le premier ne ceffe pas de fe charger d'humidité, quoique celle de l'air n'aug

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mente plus; ce qui arrive parce que l'humidité de l'air s'applique toujours à la furface de l'hygromètre, & s'ajoute à celle dont il étoit pénétré; l'humidité agit alors fur l'hygromètre, comme la pefanteur fur les graves, fa cause est toujours active: d'où il résulte que, quand l'humidité a été forte, elle peut diminuer fans empêcher l'hygromètre d'aller à l'humide.

Un autre défaut, commun à tous les hygromètres, c'eft que les corps avec lesquels on peut les faire, ne font pas parfaitement élastiques, & par conféquent qu'ils ne pourront pas reprendre exactement leur premier état, quand les caufes qui les en ont tirées ne fubfifteront plus, & revenir précisément à celui qu'elles leur avoient donné, quand elles agiront de nouveau.

Enfin, toutes les matieres qu'on emploie pour les hygromètres font en même tems thermomètres; l'action du froid ou de la chaleur change la place de leurs parties, dérange les impreffions de l'humidité fur elles; fa dilatation que la chaleur occafionne; le refferrement que le froid caufe, changent encore les loix que l'impreffion feule de l'humidité devroit fuivre.

Il réfulte, de toutes ces confidérations, que

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