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crofle, de façon qu'elle ne paroît pas. Oh y voit une platine, & par conféquent un chien & une gachette: lorfque le fufil eft chargé, c'està-dire, lorfque l'air eft condenfé, on bande le chien, on couche en joue l'endroit où l'on veut tirer, & on tire la gachette. Dans ce moment la balle part, & ne produit d'autre bruit en for. tant que celui d'un fifflement.

Depuis cette invention, on a découvert par hafard un moyen de condenfer l'air naturelleinent. C'est un Ouvrier en verre, de Hollande, qui a fait cette découverte : ayant laiffé tomber un peu de verre fondu dans l'eau froide, il fe forma une larme de verre. En examinant cette larme, il fut bien furpris qu'après avoir réfifté à plufieurs coups de marteau fur fa plus groffière partie, elle fe brifa avec bruit en mille morceaux lorfqu'il en rompit le petit bout. Enchanté de cette merveille il fit plufieurs larmes de même, qu'il montra à quelques Phyficiens, fans rendre compte de la manière dont il les avoit formées. Ce fut un fecret qu'il crut devoir fe réferver, plus par intérêt que par gloire. Rohault fut le premier en France qui le découvrit, & tout de fuite il expliqua la caufe de cet effet.

Selon lui, la larme en fufion reçoît en tombant dans l'eau un faififfement qui refferre tellement les pores de fa furface, que fa partie intérieure eft encore toute rouge quand fa furface eft refroidie. Il fe fait donc un vuide au milieu de la larme qu'on apperçoit, par les bulles d'air qui s'y forment. Les pores ainfi refferrés, à caufe de la figure de la larme, fe terminent en pointe vers fa furface extérieure: tellement que

quand on caffe fa pointe, la matière fubtile qui étoit refferrée dans ces bulles, cherche à s'échapper; mais elle eft repouffée par la matière fubtile environnante, laquelle tend à s'introduire dans la larme, pour remplir le vuide qui s'y trouve. Il fe forme un choc, & ces deux matières étant en action, fe font paffage à travers les pores de verre qu'ils réduifent en pouffière.

Peu content de cette explication, M. Mariote prétend que la larme fe brife quand on en caffe le petit bout, parce que l'air s'infinue avec violence pour remplir les petits vuides des bulles, & brife la larme par cet effort.

Cela paroît plus vraisemblable. Cependant, on peut encore dire que comme le verre ayant été en quelque forte trempé, eft devenu plus caffant, la moindre rupture fait développer la vertu élastique de fes parties, & leur reffort, en fe déploiant, réduit la larme en pouffière.

Quoi qu'il en foit de ces explications, on appelle cette larme de verre larme batavique, parce que c'eft un ouvrier Hollandois, en latin Batavus, qui en a fait la découverte.

On démontre fans tant d'apprêts l'élafticité de l'air,

par une expérience fort fimple. On a dans de longues bouteilles exactement pleines d'eau, de petits plongeons de verre qui ont des trous aux pieds, quelquefois des queues ou de petites boules creufes de verre fur la tête. La bouteille étant enfuite exactement couverte avec une veffie, lorfqu'on la preffe avec les doigts l'eau dont on occupe l'efpace, cherche à fe loger,& y comprime par-là l'air qu'elle y trouve:or cette compreffion fouleve Ees petits plongeons,

& les fait danfer.

Mais voici un effet plus frappant de l'élaflicité de l'air. On prend une veffie flafque, qu'on lie fortement à fon col; on l'enferme dans un vaiffeau cylindrique, dans lequel on introduit un poids de plufieurs livres: on met le tout fur la platine d'une machine pneumatique, & on le couvre avec le récipient : le vuide étant formé par le jeu de la pompe, la veffie fe dilate, fe tuméfie, & fouleve le poids. Si on laiffe rentrer l'air dans le récipient, elle redevient flafque comme auparavant.

On éprouve un effet bien différent de l'élafticité de l'air, lorfqu'on remplit une veffie d'air, & qu'on la lie exactement à fon col, afin que l'air ne puiffe s'échapper. On préfente après cela la veffie au feu de charbons ardens: à peine la chaleur a pénétré dans la veffie, que les fibres de la veffie fe diftendent ; &, peu de temps après, la veffie fe brife avec éclat.

que

Les Phyficiens concluent de-là que plus l'air eft comprimé, plus l'effet de fon reffort eft confidérable, quand on l'augmente par la chaleur. Amontons a obfervé le premier les degrés d'augmentation le reffort de l'air acquiert par la chaleur de l'eau bouillante : d'abord il crut pouvoir affurer que le reffort de l'air échauffé par cette chaleur, foutenoit le poids d'une colonne de mercure de dix pouces de hauteur. C'étoit cependant là une erreur; car ayant téré cette expérience, il trouva que cette augmentation de reffort n'étoit point fixe, & qu'elle varioit en plus & en moins, fuivant les poids dont l'air étoit chargé, mais que cette augmentation étoit toujours égale au tiers ou 'environ de ces poids.

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Otto-Guérike avoit découvert que plus l'air eft comprimé, plus fa force élaftique augmente; & on a reconnu, depuis cette découverte, que l'élafticité de l'air plus comprimé eft à l'élafticité de l'air moins comprimé, toutes chofes égales, comme la maffe de l'air plus comprimé eft à la maffe de l'air moins comprimé compris fous le même volume; & le Docteur Defaguliers a déterminé la plus grande compreffion à laquelle l'air pouvoit être réduit. Cette réduction eft telle, fuivant fes expériences & fes calculs, que l'air peut occuper un espace treize cent quarante fois plus petit. que celui qu'il occupe naturellement."

On ne fait point véritablement la caufe de l'élasticité de l'air : la conjecture de Newton làdeffus, eft ce qu'on dit de plus probable. Ce favant homme démontre d'abord que les particules de l'air font de nature à fe repouffer, à s'éloigner les unes des autres par des forces centrifuges, réciproquement proportionnelles à leur diftance; d'où il conclut que ces particules doivent former un fluide élastique, dont la denfité fera toujours comme la force qui le comprime : or, comme l'élafticité de l'air eft proportionnelle à fa denfité, il fuit de-là que moins l'air eft denfe, moins il eft élastique: c'eft-là une vérité d'expérience (Prin. Math. L. VI). Ainfi, afin de détruire l'élafticité de l'air, il fuffit de diminuer confidérablement cette denfité. On produit cet effet lorfqu'on abforbe l'air par quelque matière : Hales a éprouvé que le foufre & toutes les vapeurs inflammables détruifent l'élafticité de l'air.

On trouve dans la ftatique des végétaux de

ce docte Phyficien, un grand nombre d'expé riences qui prouvent que l'élafticité eft aifément détruite par la forte attraction des particules acides fulphureufes qui fortent des corps, ou par l'action du feu, ou par celle de la fermentation; & on lit dans le même Ouvrage, ainfi que dans fa Defcription du Ventilateur, que les particules acides du vinaigre, & celles du jus de citron rafraîchiffent l'air, & rétabliffent par conféquent fon élasticité.

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Le Ventilateur eft une machine formée avec des foufflets, qui fert à renouveler l'air d'un endroit, foit en y introduifant un air nouveau, foit en pompant l'ancien,lequel eft auffi-tôt remplacé par celui qui vient du dehors. Ce renouvellement eft néceffaire à la fanté des perfonnes qui fe trouvent dans cet endroit; car un air auquel les parties fulphureufes qui fortent du corps humain a fait perdre fon élasticité devient très-nuifible. En effet, c'est fur-tout le reffort de l'air qui eft le principe de la vie étant l'agent de la refpiration, & facilitant la circulation du fang dans le poumon, ainst qu'on le verra dans l'Hiftoire de l'Economie animale.

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Comme le Ventilateur eft une grande machine affez embarraffante, le Docteur Defaguliers chercha à découvrir une machine plus fimple. Il ajufta trois pompes foulantes & afpirantes, par le moyen de trois régulateurs :

ces pompes pouffent alternativement l'air dans le lieu propofé, & le tirent du même endroit à travers un tuyau quarré de bois. En faisant jouer cette machine, on fait tomber toutes les vapeurs, & on les oblige de fortir par le tuyau. C'eft fur-tout dans les mines que cette machine

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