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eft utile. Pour les appartemens, Defaguliers ima gina de fe fervir du feu, afin d'en purifier l'air. Les Membres de la Chambre des Communes à Londres prenoient fur-tout beaucoup d'intérêt à cela. La refpiration de quantité de perfonnes qui fe trouvent fouvent dans cette Chambre, & la fumée d'un grand nombre de chandel les qu'on y allume, corrompoient fi promp tement l'air, qu'il y avoit peu d'affemblées où quelqu'un n'en fût incommodé.

Afin de parer donc à cet inconvénient en renouvelant l'air, le même Savant fit bâtir à chaque bout de la chambre qui eft au-deffus de celle des Communes, deux pyramides, & conduifit un tuyau depuis ces pyramides, jusqu'à des cavités quarrées de fer qui entouroient une grille de feu arrêtée dans les cabinets. Lorfque le feu fut allumé, l'air s'éleva de la Chambre des Communes par ces cavités échauffées, dans les cabinets, & s'échappa par les cheminées.

M. Sutton, favant Anglois, a fimplifié le moyen de renouveler l'air par le feu, pour pu rifier celui du fond de cale des vaiffeaux. Il adapte au fond de l'âtre du fourneau qui fert à la cuifine des vaiffeaux; il adapte, dis-je, un tuyau qui defcend dans le fond de cale. La chaleur dilatant l'air contenu dans l'extrémité fupérieure du tuyau, celui du fond de cale vient le remplacer, & forme ainf un vuide que remplit l'air de dehors.

Cette invention a été mife à exécution, & a valu une récompenfe à l'Auteur. Elle a été ren due publique dans un Ouvrage intitulé ; Nou velle manière de renouveler Pair des vaiffeaux.: Voilà les moyens qu'on a découverts pour

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purifier l'air, foit en le rafraîchiffant par des fumigations comme on l'a vu, foit en le renouvelant. Dans l'un & l'autre cas, il paroît que la pureté de l'air confifte dans fon élafticité, & que les acides fulphureux & les mauvaifes vapeurs ne le gâtent que parce qu'elles détruifent cette élafticité; & comme l'élasticité eft proportionnelle à la denfité, on pourroit connoître la bonté de l'air en connoiffant cette

denfité; or on peut eftimer la denfité par la compreffion.

En raisonnant ainfi,j'ai inventé un inftrument avec lequel on peut connoître la bonté de l'air. Il eft formé de deux boules de verre, de deux tuyaux & de deux robinets ; & tout cet affemblage fert à condenfer l'air quand on veut, avec du mercure qui paffe d'une boule à l'autre, par le moyen d'un tuyau. L'ufage d'un de ces robinets eft de faire fortir au-dehors l'air dont on vient de connoitre la denfité par la compreffion, & par conféquent fon degré d'élafticité ou de pureté, ce qui revient au même; & l'autre robinet donne paffage à un nouvel air de dehors qu'on veut foumettre à la même épreuve. On trouve la defcription & la figure de cet inftrument, que je nomme Queynomètre (mefure de la falubrité) dans le Dictionnaire univerfel de Mathématique & de Phyfique, art. Vapeurs.

Tous les corps renferment de l'air, mais dans des états différens. Lorsqu'il eft dans leurs pores, il est toujours élastique, & une foible chaleur l'en fait fortir; mais s'il eft comme principe dans les corps, il y eft fixe, & n'a point de reffort, Le nitre eft de tous les corps

celui qui en contient davantage, fi l'on en excepte la pierre de Veffie, dont la moitié eft un air fixe, tellement que quand cet air est développé, qu'il a repris fon élasticité, il occupe fix cent quarante-cinq fois plus de volume que la pierre qui le contenoit.

C'eft au célèbre Hales qu'on doit cette découverte. La grande quantité d'air que ce Phyficien trouva dans le nitre, dans le tartre & dans l'eau régale, & la promptitude avec laquelle cet air fe dilate & reprend fon élasticité, lui firent connoître la caufe des effets de la détonation du nitre & de ceux de la poudre à canon, dont le nitre forme la principale substance. Ce n'étoit qu'une conjecture de fa part; mais M. Robin, favant Anglois, ayant travaillé fur la théorie de la poudre à canon, a reconnu la justeffe de cette idée. Parmi le grand nombre d'expériences qu'il a faites là-deffus, la plus décifive eft celle-ci.

Il a mis un baromètre dans un long récipient, & du nitre fur la platine. Ayant fait enfuite détoner le nitre,le nouvel air que cette fubftance a produit s'étant mêlé avec l'autre, en a augmenté la pefanteur, & le mercure du baromètre s'eft élevé dans le tube, & a resté conftamment à cette hauteur, tant qu'on a laiffé le tube fous le récipient.

Telles font les propriétés de l'air confidéré comme un fluide homogène; mais il s'en faut beaucoup que cette maffe d'air qui environne le globe de la terre, & qu'on nomme atmofphère, foit pure & homogène. Elle est le ré

fervoir commun de toutes les émanations; de toutes les vapeurs qui s'échappent de prefque

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toutes les fubftances, & qu'un Phyficien mo derne, le Docteur Arbuthnot, appelle les ingré diens de l'air.

Ces ingrédiens s'élèvent dans l'atmosphère, & y demeurent fufpendus; de forte que l'air que nous refpirons eft un mixte compofé de quantité de fubftances nouvelles étrangères, qui en altèrent continuellement la qualité : delà ces viciffitudes continuelles qu'on observe dans l'atmosphère; de-là cette féchereffe & cette humidité qui y règnent alternativement; de-là ces différens degrés de chaud & de froid qui fe fuccèdent. Tous ces changemens dépendent des faifons, des régions, de la conftitution du fol & des fubftances qui y abondent. Comme il est important de les connoître, ces changeles Phyficiens ont obfervé avec foin les variations de l'atmosphère, & fes différentes qualités, fuivant les temps.

mens,

Depuis Hyppocrate jufqu'à nos jours, on a remarqué que chaque faifon a fes maladies; que chaque pays a les fiennes, & que ces màladies proviennent prefque toutes des ingrédiens de l'air qu'on y refpire; & pour connoître ces ingrédiens ou la qualité actuelle de cet élément, on a inventé différens inftrumens: le premier eft celui qui marque la pefanteur de l'air, qu'on appelle baromètre, & dont j'ai écrit l'Hiftoire, en écrivant celle de cette pefan

teur.

On a enfuite découvert le thermomètre, qui indique le changement du froid & de la chaleur de l'air. Prefque tous les Phyficiens en attribuent l'invention à Corneille Drebbel : il ny a que Viviani, célèbre disciple de Galilée, qui la re

vendique en faveur de fon maître. Ceux qui penfent que la première idée en eft due à Sanctorius, font plus raifonnables. Ce Médecin parle en effet dans fes Ouvrages d'un inftrument dont il croit qu'on pourroit faire usage pour connoître la force de la fièvre; mais ce n'eft point un thermomètre : le premier qui a paru eft de Drebbel.

Pour le faire, ce Phyficien verfait dans une bouteille une liqueur quelconque, & renverfoit cette bouteille dans un vafe d'eau qui foutenoit la liqueur à une hauteur quelconque. Quand l'air étoit plus chaud que lorfqu'il avoit été renfermé dans la bouteille, il fe raréfioit & déployoit fon reffort fur la furface de l'eau qu'il faifoit defcendre dans le vafe. Dans un temps plus froid, l'air fe condenfoit; & alors la pefanteur de l'air extérieur agiffant fur l'eau contenue dans le vafe, il faifoit monter la liqueur qui étoit dans la bouteille. L'élévation & l'abaiffement de cette liqueur faifoient donc connoître le degré du froid & de la chaleur de l'air.

Un grand défaut de ce thermomètre, c'est de dépendre de la pefanteur de l'air ; & comme cette pefanteur eft fujette à de grandes variations, le thermomètre marque un plus grand degré de froid ou de chaleur, quoique la température de l'air n'ait point changé. Ce défaut étant bien reconnu, on chercha un autre thermomè tre qui en fût exempt. Les Membres de l'Académie de Florence en imaginèrent un beaucoup plus parfait. Il étoit compofé d'une bouteille à long col, dans laquelle il y

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