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TABLE

DU CONTENU

EN CET OUVRAGE

PRÉFACE,

Hiftoire de l'Efpace, du Vuide, du Temps, du Mouvement & du Lieu,

Hiftoire de la Matière ou des Corps,

Hiftoire de la Terre,

Hiftoire de l'eau,

,

Page v

2 10

64

81

Hiftoire de l'air

107

Hiftoire du Son,

152

Hiftoire du Feu,

160

Hiftoire de la Lumière & des Couleurs,

192

Hiftoire de l'Electricité,

207

Hiftoire de l'Aftronomie Phyfique,

Hiftoire du Globe Terreftre, ou de la Terre, 249

220

Hiftoire de l'Economie Animale,

276

Hiftoire de la Chimie,

296

Hiftoire de la Verrerie,

309

Hiftoire de la Teinture,

318

Notices des plus célèbres Auteurs dans les

Sciences Naturelles,

326

Fin de la Table.

HISTOIRE

Beugnet

HISTOIRE

DES

SCIENCES

NATURELLES.

HISTOIRE

DE L'ESPACE, DU VUIDE, DU TEMPS,
DU MOUVEMENT ET DU LIEU.

:

LA A question fur la nature de l'efpace, eft une des plus fameufes qui aient partagé les Philofophes anciens & modernes, comme l'a fort bien remarqué l'auteur des Inftitutions de Phyfique auffi eft-elle une des plus effentielles par l'influence qu'elle a fur les vérités les plus importantes de la Phyfique. Mais 'qu'eft-ce que l'Efpace? C'eft, felon Démocrite, avant l'ere un être incorporel, impalpable & incapable chrétienne. d'action & de paffion. Leucipe, difciple de ce

A

480 ans

300.

1600 de l'ere Chrétienne.

1690.

Philofophe, a adopté cette définition. Epicure,
autre difciple de Démocrite, l'a fimplifiée, en
difant que c'eft une étendue fans bornes,
immobile, uniforme, fimilaire en toutes fes
parties, & libre de toute réfiftance.

Après la mort d'Epicure, les Phyficiens
laifferent-là cette queftion fur la nature de
L'Espace.

Ariftote s'étoit contenté de dire que l'étendue ou efpace, eft un accident, un mode de la matière. Ainfi en parlant de l'étendue d'un corps, ce grand homme prétendoit que l'étendue eft un mode, & que le corps eft la fubftance. Mais ce n'eft point-là définir l'étendue ou efpace, & par conféquent réfoudre la queftion dont il s'agit.

A la renaiffance des Lettres, Gaffendi ayant fait une étude particulière de la doctrine d'Epicure, renouvela le fentiment de ce Philofophe fur la nature de l'Espace; & quoiqu'il la foutînt avec les raifons les plus fubtiles & les plus féduifantes, le grand Descarfon contemporain, ne la goûta point. Il prétendit que le vuide eft impoffible; qu'il ne peut pas y avoir d'efpace fans matière, & qu'efpace & matière ne font que la même. chofe: ainfi demander s'il ne peut y avoir d'ef pace fans matière, c'eft demander s'il ne peut y avoir de matière fans matière.

tes,

L'autorité de Descartes étoit très - grande en Philofophie. Cependant un illuftre Métaphyficien, Locke, accoutumé à examiner les chofes avec les lumières pures de l'efprit, ofa n'être point de fon avis. Il fit cette question extrêmement captieufe aux Cartéfiens. Ne peut-on

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pás, leur dit-il, avoir l'idée d'un corps particulier qui foit en mouvement., pendant que les autres font en repos? On ne peur nier cela or la place que le corps abandonne en fe mouvant, donne l'idée d'un pur espace sans folidité, dans lequel un autre corps peut entrer, fans qu'aucune chose ne s'y oppofe. Il y a donc de l'efpace fans matière, & les disputes mêmes que les hommes ont fur le vuide, montrent clairement qu'ils ont des idées d'un espace fans corps. Locke prétend que c'est par la vue & l'attouchement qu'on doit fe former cette notion de l'efpace, parce qu'on ne peut le voir ni le toucher, au lieu qu'on voit & qu'on rouche les corps.

Les Difciples de Descartes trouvent ce raisonnement fort beau. Ils demandent feulement à Locke & à fes partifans, fi l'efpace eft quelque chofe, ou fi ce n'eft rien. S'il n'y a rien entre deux corps, il faut néceffairement qu'ils fe touchent, & fi l'espace est quelque chofe, eft-il corps ou efprit? Locke répond à cette question par une autre qu'il fait aux Cartéfiens.

Qui vous a dit, leur demande-t-il, qu'il n'y a, ou qu'il ne peut y avoir que des êtres folides, qui ne peuvent penfer, & que des êtres penfans, qui ne font point étendus? Car c'eft-là tout ce qu'on entend par les termes corps & esprit.

Il me femble qu'on peut faire une réponse aux Cartéfiens bien embarraffante, en rétorquant leur argument. La matière ou les corps font-ils dans quelque chofe ou dans rien? S'ils font dans quelque chofe, cette chofe c'est

l'efpace, s'ils font dans rien, comment exiftent-ils? Et là-deffus on demande où feroit le bras d'un homme, qui l'alongeroit hors des limites de l'univers : affurément il eft en quelque endroit, & cet endroit eft l'efpace.

Il y a plus pour reconnoître : que l'existence d'un efpace fans matière eft impoffible, il faut reconnoître que le corps eft infini: il faut nier que Dieu ait la puiffance d'annihiler aucune partie de la matière. Comment! Dieu ne pourroit pas faire un vuide en anéantiffant tout l'air d'une chambre & en empêchant que d'autre air ne vînt à fa place? car il ne nous appartient pas de déterminer jufques où peut s'étendre la puiffance de Dieu. D'ailleurs les murailles d'une chambre ont une existence indépendante de ce qu'elles contiennent, & par conféquent elles peuvent demeurer en l'état où elles font, fans s'approcher, quoique le dedans foit anéanti.

Les Cartéfiens répondent à cela que l'état dans lequel les murailles font, ou la difpofition qu'elles doivent avoir pour compofer une chambre, eft néceffairement dépendante de quelque étendue ou de quelque matière qui eft entreelles par conféquent on ne fauroit détruire cette étendue fans détruire, non pas les murailles, mais les difpofitions qu'elles avoient

auparavant.

Tout ceci dégénéroit en une dispute métaphyfique. Auffi les partifans du vuide voulurent décider la queftion par des preuves phyfiques, & Keil s'attacha à prouver que la matière eft parfemée de petits espaces, ou

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