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HISTOIRE

DE

L'ASTRONOMIE PHYSIQUE

DES SYSTÊMES DU MONDE.

L'ASTRONOMIE-PHYSIQUE eft la connoiffance de la mécanique générale de l'Univers : c'est l'explication de la caufe des mouvemens des corps céleftes & de leurs phénomènes. Les premiers Philofophes qui recherchèrent cette caufe, l'attribuèrent aux atomes, c'est-à-dire, à des corpuscules ou petits corps. Avant la création, ces corpuscules étoient épars dans l'espace, &, par le mouvement qui leur eft propre, s'étant heurtés les uns contre les autres, ils fe lièrent & formèrent des corps. Ces corps acquirent, par la vertu particulière des atomes, une vertu que ces atomes n'avoient pas féparément. Par de nouveaux mouvemens que cette

vertu leur procura, ils acquirent de nouvelles

combinaisons infiniment variées, & engendrèrent ainfi d'autres corps, qui, ayant acquis une forte de confiftance & un certain arrangement, fe fixèrent enfin, & devinrent ainsi les uns des étoiles, les autres le foleil, les troisièmes des planètes, & le globe de la terre, avec leurs propriétés & dépendances.

Et voilà l'origine du monde, & celle de la

matière.

On attribue à Moschus, phyficien, l'idée 2000 ans des atomes. Leucipe, Philofophe Grec, & Dé- avant l'Ere mocrite, l'eftimèrent très-heureufe, & l'adoptè- chrétienne. rent: Epicure en fit le fondement de toute

fa phyfique; de façon que, felon lui, la pro- 400 ans duction du monde, fa conduite, fon gouver- avant la nement & la génération des êtres, ne pro- même Ere. viennent que de l'affemblage fortuit des ato

mes, doctrine que le poëte Lucrèce & le Philofophe Gaffendi ont fi bien fait valoir.

que

Cependant, tandis que Démocrite enfeignoit le monde eft compofé d'atomes, Anaxagore donnoit pour caufes naturelles certaines Puisfances aqueufes & aeriennes, & il ajoutoit que le ciel étoit folide, & que ment auquel les aftres font en proie, les retenoit dans leur orbite. Cette dernière pensée valoit mieux que tout fon travail fur le fyftême du monde.

le mouve

Pythagore & fes disciples s'occupèrent auffi de ce fyftême, je veux dire de la construction de l'Univers. Ils prétendirent que chaque étoile eft un monde, & que les étoiles avoient une correspondance avec notre terre. La lune, fuivant eux, eft habitée par des animaux plus grands & plus beaux que ceux de notre globe. Affurément ce n'étoit point-là expliquer la formation de l'Univers ni le mécanisme de fa conftruction.

On s'attendoit qu'Ariftote auroit inftruit les hommes là-deffus. Mais, au lieu de fuivre les anciens fyftêmes ou de les perfectionner, il introduifit la matière, la forme & la priva

1637.

tion, comme les principes de toutes chofes. Quoique fes Sectateurs, qui ont été en trèsgrand nombre, ayent fait les plus grands efforts de tête pour tirer parti de cette doctrine, il n'en a refulté aucune forte de lumière; tellement que le systême des atomes prit faveur à la renaiffance des lettres, par les foins de Gasfendi, comme je viens de le dire.

Je compte pour rien ce qu'ont foutenu quelques Erudits, foi-difant Philofophes, que les aftres ont une ame ou du moins que des Intelligences étrangères dirigent leurs mouvemens, parce que ce n'eft point-là expliquer la caufe de ces mouvemens.Je pafferai fous filence, par la même raifon, l'explication de quelques Pères de l'Eglife, qui ont avancé que chaque corps célefte eft guidé par un Ange Tutelaire. Le P. Schot, Jéfuite, a écrit qu'en 1660 on voyoit à Rome la Bafilique des fept Anges gubernateurs des Planètes. Ce font-là des vifons plutôt que des raifons philofophiques. On peut même dire que jusqu'ici que jusqu'ici on n'avoit pas même ébauché un véritable fyftême du monde.

Le grand Descartes s'impofa cette tâche. Il fe transporta pour cela au temps où l'Univers étoit encore à naître, & le fit éclore d'une matière que le Créateur divifa en des particules égales entre-elles, & qu'il fit mouvoir fur leurs propres centres. Dans ce mouvement ces particules fe brifèrent, dit-il, en fe frottant les unes contre les autres; mais, en fe broyant ainfi, ces matières faifoient effort pour fe foustraire à ce frottement: elles s'éloignèrent parlà du centre,conformément au mouvement cir

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culaire commun, en avançant en tourbillons, les uns emportés autour d'un autre. Or ce font ces tourbillons qui ont formé le foleil & les autres aftres; & toute la matière eft telle ment diftribuée, que les plus groffes parties forment les tourbillons, & que les plus petites, qu'il appelle la matière fubtile, rempliffent leurs pores, de façon qu'il n'y a point de vuide.

Ce fyftême fut fouvent altéré & foumis à différentes corrections. Leibnitz adopta la matière fubtile, le plein univerfel & les tourbillons, & repréfenta l'Univers comme une machine dont les loix continueroient toujours fuivant les loix du mécanisme dans' l'état le plus parfait, & par une néceffité abfolue & inviolable.

Quoique l'autorité de Leibnitz fût très-grande en Philofophie, ces changemens & ces corrections n'augmentèrent pas le nombre des partifans du fyftême de Descartes. Newton en propofa un autre, dans lequel les loix du mouvement des aftres font déduites comme les effets le font de leur caufe.

Ayant d'abord établi & prouvé la néceffité du vuide, pofé enfuite les règles que fuivent les planètes dans leurs mouvemens, Newton démontre qu'un corps qui parcourt une ellipfe, ne peut le faire qu'en vertu de deux forces dont les variations font en raifon réciproque du rayon vecteur : l'une de ces deux forces tend à éloigner les planètes du centre de leur révolution; c'eft la force centrifuge que le Créateur leur a imprimée lors de la création; & l'autre qu'on appelle force centripète les retira

1680.

1687.

1750.

vers le centre du foleil; & cette force provient de l'attraction. Cette attraction ou gravi tation eft une propriété dont Dieu a doué la matière, de façon que tous les corps s'attirent les uns les autres en raifon directe de leur masse, & en raison inverfe du quarré des dis

tances.

Ce fyftême excita un cri d'admiration en Angleterre. Les François ne fe preffèrent pourtant point de l'adopter. Le plus grand nombre des Phyficiens d'entre eux préféra les petits tourbillons qui lui paroiffoient fi vraisemblables, à l'attraction qu'il ne comprenoit pas ; mais un homme d'esprit & Géomètre habile, M. de Maupertuis, ayant examiné fi les loix de la révolution des planètes pouvoient être observées dans l'hypothèse des tourbillons, trouva qu'il fal loit que les vîteffes des tourbillons fuffent en même-temps proportionnelles aux distances des couches des tourbillons au centre, &aux racines quarrées de leurs distances: ce qui eft impossible.D'où il conclut que cette hypothèse n'étoit point admiffible. On effaya bien de concilier cela en formant de nouvelles hypothèses, mais on embrouilla plutôt le systême de Descartes qu'on ne l'éclaircit.

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Privat de Molières de l'Académie des Sciences de Paris, fit pourtant un fyftême nouveau des petits tourbillons, dans lequel il crut avoir réfolu toutes les difficultés. D'abord il fatisfit à la première loi aftronomique de Kepler, vérifiée par les obfervations, favoir que les viteffes de chaque planete font entre-elles en raison inverfe de leurs diftances au foleil; & il fit voir enfuite que la diftance moyenne

de

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