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du foleil & de la lune fur les eaux de la mer; & il a trouvé que celle du foleil élève la mer de près de 12 pieds, celle de la lune de 788 pieds, & que l'effet le plus médiocre des actions réunies de ces deux aftres, est d'environ 10 pieds.

Pour ajouter à cette théorie du Alux & reflux de la mer le degré de perfection dont elle peut être fucceptible, l'illuftre Daniel Bernoulli a compofé une differtation fur le flux & reflux de la mer felon les principes de Newton, laquelle a été couronnée par l'Académie Royale des Sciences. Et M. Grante d'Yvert, Phyficien ingénieux, a publié une théorie des mouvemens de la terre & de la lune, dans laquelle il établit felon les loix de la mécanique, un nouveau mouvement de la terre d'où il tire d'une manière claire & démonftrative la caufe du flux & reflux de la mer. C'est le titre de fon ouvrage, qui eft établi fur la rotation de la terre autour de fon axe, fur le poids de l'eau & fur le foulevement de la terre par l'action ou le poids de la lure.

و

Puifqu'il s'agit ici de l'élévation de la mer, il convient de parler d'un phénomène fingulier qui paroît quelquefois fur la furface de fes eaux. C'est une colonne creufe d'eau qu'on appelle trompe de mer, laquelle defcend des nuées jufqu'à quelques pieds de cette furface; de forte que l'approche de la mer par le poids de l'atmofphère monte dans le vuide de cette colonne, qui n'eft rempli que d'un air fort raréfié. Il fe forme ainfi au-deffus de la mer, une colonne d'eau qui tend à fe réunir à celle qui vient de la nuée. Il en tombe alors une quan

tité prodigieufe qui fait monter celle de la mer, & qui caufe des dégâts affreux dans tous les endroits où elle tombe. Muschenbroek eft de tous les Phyficiens celui qui a obfervé le plus curieufement ce phénomène de la Na

ture.

Ce favant croit que la pluie eft la caufe principale de toutes les fources, des fontaines & des rivières : il dit principale; car il admet des causes particulières qu'il n'eft point aifé d'indiquer. Auffi l'origine des fontaines a été dans tous les temps un problême difficile à refoudre.

chrétienne.

Platon eft le premier qui s'en foit occupé. 400 ans Après avoir fuppofé que la terre eft divifée en avant l'Ere deux parties, l'une haute & l'autre baffe, ce Philofophe veut qu'il y ait dans cette dernière partie des cavités circulaires pleines d'eau. Comme la terre eft, felon lui, dans un mouvement d'ofcillation, l'eau contenue dans les grandes concavités s'epanche dans les petites, qui, étant bientôt pleines, la laiffent échapper par différentes forties : & c'eft ce qui forme les fontaines.

Ce fyltême ne fit pas fortune, même dans fon temps. Ariftote, fon difciple, le trouva ridicule: il en imagina un autre qui, pour être mieux déduit des loix de la Phyfique, n'en a pas été plus accueilli. Si on l'en croit, les fontaines font produites par l'air condenfé & réfolu en eau dans les cavernes de la terre par le froid continuel qu'il fuppofe y régner. Cette eau s'élève jusques au fommet des montagnes, & coule enfuite par leurs ouvertures, qui deviennent autant de fontaines.

360 ans

avant la même Ere.

chrétienne.

Epicure, qui eft le troifième Phyficien de 300 ans de l'Antiquité qui ait recherché l'origine des avant l'Ere fontaines, attribue cette origine à deux caufes: ou à l'écoulement continuel des eaux qui s'affemblent en quelque lieu d'où elles fe dégorgent fur la furface de la terre, ou à un amas d'eau en cet endroit affez confidérable pour en

40 ans de

tienne.

fournir aux fontaines.

Mais comme cela n'est pas clair, Sénèque, l'Ere chré- dans la vue de réfoudre enfin ce problême de l'origine des fontaines, croit qu'il y a dans la terre de grandes cavités où l'air & la terre fe convertiffent en eau: voilà pourquoi les caves, les lieux inhabités ou entièrement fermés, font humides: or cette eau fort eau fort par les ouvertures qu'elle trouve, & forme ainfi les fontaines.

60 ans de

tienne.

Quelqu'effort que ce Philofophe ait fait pour l'Ere chré- faire adopter cette doctrine, on a dit, même dans fon temps, qu'il déclamoit plus qu'il ne prouvoit. C'eft une vieille erreur d'Ariftote qui ne méritoit pas d'être renouvelée. Aufli Pline fans y avoir égard, attribue l'origine des fontaines à l'élévation des eaux au haut des montagnes, laquelle eft produite, dit-il, par le vent qui pouffe l'eau & par le poids de la terre, qui, agiffant fur l'eau, la fait monter. Refte à prouver comment la terre pèfe plutôt fur l'eau que l'eau fur elle; fans cela cette pesanteur est chimérique.

1260.

Saint Thomas & les Philofophes de Conimbre effayèrent auffi d'expliquer l'origine des fontaines, & ce fut avec auffi peu de fuccès. Ils veulent que la terre foit pénétrée d'eau par

les

les ouvertures qui y font, & qu'elle foit attirée au fommet des montagnes, par la force & la vertu des aftres.

Scaliger, Cardan, Vallemont, Lydiat ont auffi propofé deux fyftêmes trop ridicules pour y arrêter le lecteur. Le premier qui ait raisonné fenfément fur cette matière, eft le célèbre Defcartes.

La terre ayant été fracaffée, dit il, au commencement du monde, il y refta de larges ouvertures par lesquelles il paffe toujours autant 'd'eau de la mer vers les pieds des montagnes, qu'il en fort par les fources fituées fur ces mêmes montagnes.Les particules de cette eau qui ne font point imprégnées de matières hétérogènes s'élèvent au haut des montagnes, &, s'étant ramaffées en vapeurs, s'écoulent par les ouvertures qui s'y trouvent, & forment ainfi les fontaines, dont l'eau est toujours douce.

Cette explication eft également ingénieufe & vraisemblable. Cependant Bernard Paliffi, Perrault & Mariote croient que les eaux de la pluie font la véritable caufe des fontaines. Ces eaux pénètrent, fi on les en croit, dans la terre jufques à ce quelles rencontrent le tuf ou la terre glaife où elles s'arrêtent: elles coulent alors fur le fond jufques à ce qu'elles trouvent des ouvertures par où elles s'échappent. Et voilà la caufe des fources & des fontaines. Comme les montagnes ramaffent plus d'eaux, & leur donnent plus de pente, on trouve auffi plus de fources & de fontaines au pied des montagnes que par-tout ailleurs.

S

1630.

1700.

1720.

Quelque fpécieux que foit ce fyftême, il n'en eft pas moins infoutenable. Premièrement M. de la Hire prétend que les eaux de la pluie, bien loin de parvenir à la terre glaife, ne traversent pas feulement feize pouces. En fecond lieu, M. Plot prouve que l'eau qui tombe du ciel, année commune, n'eft pas fuffifante pour fournir de l'eau à tant de fources, & à une fi grande quantité de fontaines qu'il y a fur la furface de la terre. Enfin on obferve qu'il y a beaucoup de fources dans des pays où les pluies font rares, & d'autres où l'on trouve peu de fources de fontaines, quoique les pluies y foient abondantes.

C'est donc encore une chofe à découvrir que celle de la caufe des fontaines. M. Halley crut avoir fait cette découverte, en difant que ce font les vapeurs des eaux de la mer qui la produifent; mais comment ces vapeurs pénètrentelles dans la terre? Elles ont fans contredit moins de force que les pluies, & les pluies ne pénètrent qu'à feize pouces dans la terre la plus mouvante. C'est une objection affez forte contre le fyftême de M. Halley; mais il est aifé d'y répondre.

Les eaux que produifent les vapeurs, s'infinuent dans les montagnes & les collines par diverfes ouvertures qui s'y trouvent: elles s'arrêtent dans des cavités & fur des lits, tantôt de pierres, tantôt de glaife, & forment, en s'échappant par la première ou verture qui fe préfente, une fontaine paffagère & perpétuelle, fuivant les circonstances. Il eft certain que cela eft vraisemblable, &

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