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proviennent des matières hétérogènes dont ils font compofés;ily à en eux des acides & des alkalis:auffi fermentent-ils tous avec différentes eaux fortes. L'or feul paroît être le corps le plus pur, le plus homogène; car on le tient en fufion pendant des mois entiers, fans qu'il éprouve le moindre déchet: fon poids est le même qu'avant la fufion : les Chimistes l'appellent le Roi des métaux.

Cela n'empêche pas que les Phyficiens ne penfent que tous les grands corps font formés de différens corps. Voilà pourquoi, difent-ils, on fait avec différens mélanges plufieurs corps que la Nature ne produit pas, ou qu'elle ne produit que rarement. C'est ainfi qu'avec du fable coloré mêlé avec du favon vert & du charbon de bois, rougi dans un creufet fermé expofé à un grand feu pendant environ une heure, on fait une matière fi femblable à celle du fer, que l'aiman l'attire comme le fer même.

Il feroit fans doute à fouhaiter que nous connuffions exactement quels font les différens mélanges des corps particuliers qu'on trouve dans les grands corps; combien il y en a; quelle eft leur forme & leur figure, & comment ils s'uniffent ensemble. C'est à quoi travaillent les Chimistes, par l'analyse qu'ils font des corps; & comme les Phyficiens n'examinent que leurs effets ou leurs phénomènes, dont ils recherchent les caufes, il faut renvoyer aux ouvrages des Chimiftes l'étude de la compofition des corps, & terminer par conféquent ici l'hiftoire de la Terre.

HISTOIRE

DE

LE A U.

que,

ARISTOTE vouloit dans l'étude de la phyfique, on s'attachât uniquement à connoître la nature des êtres, en confidérant chacune de leurs parties, & que dans celle des Mathématiques on fe contentât de les mefurer. Comme Mathématicien, il définiffoit un corps, un être ou une substance étendue en tant qu'elle eft mefurable en longueur, largeur & profondeur; &, en qualité de Phyficien, il difoit que le corps eft une fubftance étendue compofée de matière & de forme. Par cette fage diftinction il renfermoit la Physique & les Mathématiques dans leurs juftes bornes.

C'est une attention que les Phyficiens modernes ont trop négligée; & ils ont ainfi confondu le corps mathématique avec le corps phyfique ce qui n'a fervi qu'à embrouiller ces deux fciences. Pour éviter cet inconvenient, j'ai tâché jusqu'ici de ne point paffer les bornes de la phyfique dans l'hiftoire des corps & de la terre, & je vais avoir la même attention dans celle de l'eau.

On ne doit donc point s'attendre à trouver ici l'hiftoire du mouvement de l'eau, qui eft l'Hydraulique, ni celle de l'Hydroftatique, laquelle

F

600 ans

a pour objet l'équilibre de l'eau & fon action fur les corps qui y font plongés. Ce font ici des parties des Mathématiques, puisqu'il eft question de mefure, & par cette railon j'ai écrit l'hiftoire de ces deux fciences dans celle des fciences exactes: mais je n'ai parlé ni de la nature de l'eau, ni de fes propriétés, qui font l'objet de la Phyfique, dont je dois par con féquent m'occuper dans cet Ouvrage.

Tout le monde fait que l'eau eft un fluide fans goût & fans couleur, & les Phyficiens ajoutent à cette connoiffance générale, que fes parties font dures, polies, fphériques & égales en diamètre & en pefanteur fpécifique. II y a lieu de croire que ce fluide est auffi ancien que la terre. Quelques, Phyficiens prétendent que, dans fon origine, ce globe nageoit dans une grande maffe d'eau, & que, lorsque le Créateur le forma, elle fut diftribuée en mer, en lacs & fur-tout au centre de notre globe où elle forme un abyme confidérable. La terte commença donc à fe confolider, &, par l'action de l'eau & celle de la chaleur,elle produifit. tous les êtres qu'on y voit ou qu'on y peus

trouver.

Auffi le premier Phyficien, Thales, régardoit avant l'ère l'eau comme le principe de toutes chofés. Il chrétienne. difoit que cet élément eft le feul corps capable de prendre toutes fortes de figures; qu'il avoit formé les arbres, les pierres, les métaux, &c. & que les vapeurs de l'eau qui montoient au ciel, étoient la nourriture ordinaire des aftrés. Le fondement de ce fyftême étoit que l'eau nourrit les plantes, les animaux; forine le fang, les os, & en général contribue à la forma

tion & à l'accroiffement de tous les corps. Les Disciples de Thales trouvèrent cela fi vraisemblable, qu'ils l'adoptèrent; mais il ne firent pas de Profélytes. Les fucceffeurs de ce Philofophe, dans l'étude de la Phyfique, penfèrent autrement, & ce ne fut qu'à la renaisfance des lettres qu'on fit attention au fyftême qui établiffoit l'eau pour principe de toutes chofes.

Un illuftre Physicien moderne, Robert Boyle, voulut mettre ce fyftême au creufet de l'expérience. Il fit fécher une certaine quantité de terre, &, après l'avoir pefée, il y planta quelques grains de citrouille des Indes. Il n'ajouta a cette terre que de l'eau pour l'arrofer, & elle produifit un fruit qui pefoit quatorze livres. Il arracha ce fruit, fit fécher cette même terre, la pefa fort exactement, & il ne s'apperçut pas qu'elle eût perdu de fon poids.

M. Vallemont répéta cette expérience. Il planta un faule pefant cinq livres dans cent livres de terre bien féchée, & enfermée dans un coffre capable de la contenir. Ayant couvert ce coffre avec une plaque d'étain percée de plufieurs trous, il arrofa le faule pendant cinq ans il l'arracha enfuite & trouva qu'il pefoit 169 livres, 3 onces. La terre étant pelée, la diminution de fon poids ne fut que de deux onces. On ne compte point ici le poids des feuilles que le faule avoit perdu pendant quatre faifons.

De cette expérience, Vallemont conclut que l'eau fe change en terre, & Niewentit, Newton & Hook adoptèrent cette conféquence comme une vérité. Ils y furent même d'autant plus

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autorifés, qu'ayant diftillé de l'eau plufieurs fois, ils en avoient toujours retiré de la terre à chaque distillation: mais l'examen qu'on a fait depuis de la nature de l'eau, a fait rejeter ce fentiment.

Premièrement on a reconnu que l'eau qui passe à chaque diftillation est toujours effentiellement la même, & que cette petite portion de terre qu'on trouve après la diftillation, eft une fubftance étrangère. En fecond lieu, ce n'est point à l'eau qu'il faut attribuer l'accroiffement de la citrouille de Boyle, & celui du saule de Vallemont; c'eft à l'air qui est le véhicule d'une très-grande quantité de fubftances, ou des principes qui peuvent les produire.

L'eau paroît être une fubftance inaltérable & indestructible, & il n'y a point d'expérience dont on puiffe conclure que l'eau peut être décompofée. Quelque combinaifon que l'on faffe, foit qu'on la diftille feule ou avec un intermède quelconque, elle refte toujours la même aucune de fes propriétés effentielles n'en reçoit le moindre changement *.

Parmi le grand nombre de ces propriétés, la plus confidérable eft celle d'être le diffolvant le plus univerfel qu'on connoiffe. Elle diffout toutes les fubftances falines & avec beaucoup de facilité, tellement que tout corps qui fe diffout véritablement dans l'eau, eft de nature faline.

L'eau diffout l'esprit-de-vin & tous les esprits ardens, les esprits recteurs des substances végé

Eau.

* Voyez le Dictionnaire de Chimie

au met

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