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tales & animales, les liqueurs éthérées, comme les éthers vitriolique, nitreux, marin & aceteux, la partie la plus fubtile & la plus volatile des huiles, & les matières huileufes unies avec des fubftances falines, qu'on nomme favons, enfin toutes les fubftances mucilagineuses, gommeufes & gélatineuses.

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Ce fluide ne pénètre pas feulement les liqui des il s'infinue aufli dans les corps folides & y produit un effet étonnant : c'eft de faire un effort extraordinaire. Si l'on veut féparer, par exemple, une meule de roche, on enfonce des chevilles de bois bien fèches dans des trous faits dans cette meule. On jette enfuite de l'eau fur ces chevilles : l'eau les pénètre, les, fait gonfler, & ce gonflement fépare la meule en deux parties. Une corde fèche, quand elle eft humectée, foulève un poids quel qu'il foit, à moins qu'elle ne caffe.

Pour expliquer un phénomène fi extraordinaire, les Phyficiens ont imaginé des fystêmes qui n'ont pas fait fortune. M. de la Hire prétend que c'eft la preffion de la l'atmosphère. de la corde, qui produit cet effet, parce que l'eau, en s'infinuant dans fes fibres, caufe une dilatation, laquelle donne lieu à cette preflion. Mais, le calcul en main, on a fait voir que le poids de l'atmosphère n'est pas affez con fidérable pour cela.

On a voulu enfuite que l'eau fervît de véhicule à une matière fubtile, & que la force d'une corde mouillée dependît de l'action de de cette matière.

Peu contens de cette explication, des Phyficiens qui ne reconnoiffent point de matière

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fubtile, difent que la force de la corde mouil lée vient de l'action des fibres de la corde fur les parties de l'eau, effet de l'attraction de ces fibres.

Enfin on attribue encore cette force dont il s'agit, à une raréfaction prodigieufe dans l'intérieur de la corde, lorsque l'eau la pénètre; ce qui produit un gonflement, & par conféquent un raccourciffement qui forme la force de la corde.

Si aucune de ces explications n'eft fatisfaifante, en. voici une que j'ai propofée pour y fuppléer, qui a au moins le mérite de la fimplicité. La force de la corde eft pro duite par les particules d'eau qui, en s'infinuant dans fes fibres, l'obligent de fe dilater, & par conféquent de fe raccourcir; & voilà la caufe de fa force. Il paroîtra peut-être étonnant que les parties de l'eau puiffent produire un grand effort; mais la furprise ceffera, fi l'on fait attention que l'effet de ces parties ne fe produit que peu-à-peu, & que de petits efforts multipliés peuvent avec le temps devenir infinis, conformément à ce principe de mécanique : ce qu'on perd en temps, on le gagne en force.

Mais la force de l'eau eft bien plus fenfible & même plus confidérable, lorfque ce fluide eft réduit en vapeurs. Car chaque particule d'eau étant un corps, elle doit avoir bien plus d'action quand elle eft fluide, fuivant cer axiome: les corps n'agiffent point à moins qu'ils ne foient fluides, corpora non agunt nift fint fluida.

On fait auffi par expérience que la vapeur, de l'eau a une grande force.

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D'abord l'eau réduite en vapeurs fe dilate plus que tout autre fluide. M. Hauxbée a trouvé qu'elle fe dilate foixante-trois fois plus que la poudre à canon, & fi elle ne produir PAS le même effet, c'eft que cette dilatation ne s'exécute pas auffit promptement que l'in flammation de la poudre. Selon les expériences du Docteur Defaguliers, la vapeur de l'eau bouillante eft environ quatorze mille fois plus rare que l'eau froide, & alors elle eft capable de produire autant d'effort que l'air commun; & M. Niewentit a écrit dans fa contemplation du Philofophe Religieux, ch. 25, qu'un pouce d'eau produit treize mille, trois cent-foixante-cinq pouces de vapeurs.

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C'est avec l'éolipyle que ce favant a fait cette découverte. L'éolipyle eft un vafe d'airain en forme de poire, dont la queue eft recourbée & percée d'un trou extrêmement petit, & qui réduit en vapeurs très-fubtiles les liqueurs qu'on y met. A cette fin on le fait chauffer fur des charbons ardents, & lorf qu'il eft bien chaud, on plonge avec les pincettes, dans l'eau, le tuyau recourbé. L'eau monte alors dans l'éolipyle; on réitère cette opération pour en faire entrer toujours davantage, jufques à ce qu'il foit plein aux trois quarts ou environ. On remet enfuite cet inftrument fur le feu, & dès qu'il commence à s'échauffer, l'eau fort en forme de vapeurs, par le petit trou du tuyau recour bé, & cela avec tant d'impétuofité, qu'elle forme un vent capable d'enflammer un tifon

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de le percer même, en excitant un bruit semblable à celui du foufflet d'un forgeron.

Lorfqu'au lieu d'eau on remplit l'éolipyle d'efprit-de-vin, la vapeur de cette liqueur qui en fort, s'enflamme à l'approche d'une bougie allumée, de manière qu'on voit un jet de feu qui s'élance dans l'air, & qui for me en retombant une belle pluie de feu.

C'est ici une curiofité phyfique; mais cet inftrument peut être encore utile, en le rempliffant de vinaigre blanc, parceque le vinaigre réduit en vapeur, purifie l'air; ou de quelque eau-de-fenteur pour parfumer les appartemens, fur- tout ceux qui font ornés de tableaux & de tapifferies de prix, que la fumée des poudres aromatiques pourroit gâter.

Il n'y a point d'inftrument de physique auffi ancien que celui-ci. On le doit aux Grecs qui s'en fervoient pour expliquer la nature des vents; & comme ils appeloient Eole le Dieu des vents, ils donnoient le nom d'éolipyle à cet inftrument, qui, felon eux, en étoit une image. La cavité de l'éolipyle repréfente, felon eux, les cavités fouterraines; l'eau & l'air qu'il contient, ces deux élé mens qui font dans ces cavités le petit tuyau, les petites ouvertures des cavités qui communiquent au dehors; la chaleur de cet inftrument, celle excitée dans ces cavités fouterraines; enfin le fouffle impétueux qui fort de l'éolipyle eft le vent qui en fort. Mais tout cela eft plus ingénieux que folide, car ce n'eft point du vent qui fort de l'éolipyle; ce font des vapeurs extrê

mement atténuées, qui font pouffées avec une grande impétuofité.

Pour mieux connoître la force de la vapeur, les Phyficiens rempliffent en partie d'eau de petires boules de verre creafes, foudées hermétiquement, & les jettent fur des charbons allumés. Les boules s'échauffent ; l'eau bout enfuite & fe convertit en vapeurs. Ces vapeurs font effort pour s'étendre, & elles acquièrent par la chaleur une fi grande force expanfive, qu'elles parviennent à brifer avec explosion les boules qui les contien

nent.

On peut juger par-là quel doit être l'effort de la vapeur quand elle eft retenue & que fa force eft augmentée par les obftacles qu'elle trouve à fon expanfion. Un Phyficien ingénieux, nommé Papin, voulut connoître cette force. Il imagina à cet effet une machine connue fous le nom de digesteur. C'est une marmite fort épaiffe, qu'on ferme avec un couvercle de métal fort folide, qu'on contient par deux vis de preffion; de façon qu'au moyen d'un anneau de carton qu'on met entre le couvercle & la marmite, la vapeur, quelque fubtile qu'elle foit, & quelqu'effort qu'elle puiffe faire, ne peut plus s'échapper. Avant que de la fermer ainfi, on y met de l'eau jusqu'aux trois quarts de fa capacité, & on la remplit d'os.

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On pofe enfuite cette marmite fur un fourneau allumé. L'eau s'y échauffe, bout & fe convertit en vapeurs. Ces vapeurs, ne trouvant point d'iffue pour s'échapper,agiffent fur les os lesos, &les amolliffent tellement, que quand on

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