vertes, & qu'on découvrira par ce moyen, font des vérités phyfiques; & toutes celles qui ont pour objet les propriétés générales des figures, font des vérités mathématiques; car la Mathématique eft la science des qualités & des proportions de tout ce qui peut être compté & mefuré.

C'est donc à tort que les perfonnes qui ont écrit fur les Sciences Exactes & fur les Sciences Naturelles, n'ont point féparé les vérités qui appartiennent aux unes & aux autres; & cette confufion n'a pu qu'être nuifible aux progrès de ces deux Sciences.

Prefque tous les Phyficiens ont traité dans leurs ouvrages de la Mécanique, de l'Hydraulique, de l'Hydroftatique & de l'Optique ; cependant ces fciences font des parties des Mathématiques. En effet la Mécanique eft la science des loix du mouvement & des effets des puif

fances ou des forces mouvantes appliquées à des machines; & la Dynamique eft la science du mouvement des corps, qui agiffent les uns fur les autres d'une manière quelconque: ce qui ne confifte qu'en des mefures, en des proportions & én des rapports. L’Hydraulique, qui eft la fcience du mouvement des eaux, & l'Hydroftatique, qui a pour objet l'équilibre de l'eau & fon action fur les corps qui y font plongés, dépendent abfolument des loix de la Mécanique: c'est une application de ces loix au mouvement & à l'action des fluides. Enfin l'Optique, qui eft la fcience de la vifion, fe démontre par des lignes; tellement que M. Sanderfon, aveugle, & pourtant Profeffeur de Mathématiques à Cambribge, l'enseignoit à ses écoliers.

La vraie raison place toutes chofes dans le rang qui leur convient, dit le célèbre Auteur de l'Art de Penfer, afin

que l'efprit puiffe en mieux faifir l'enfemble, & le foumettre à fon examen avec plus d'aifance & de fuccès. Rien ne met plus de défordre dans nos idées que le mélange confus de vérités hétérogènes, je veux dire de différentes efpèces; & la meilleure règle pour se conduire dans la recherche de la vérité c'est de bien diftinguer la certitude de la probabilité, la conviction de la per

fuafion.

Or, en difpofant de fuite les vérités phyfiques dont on acquiert la preuve par le témoignage des fens & les vérités mathématiques, que l'entendement feul démontre, on place chaque chose dans fon rang, & on fe met en état d'apporter à chacune d'elles l'application particulière qui lui convient, pour comprendre les fciences que forme l'agrégation de ces vérités.

C'est ainfi qu'on peut circonfcrire ces

fciences dans leurs véritables limites, & en donner des définitions exactes & précifes.

Dans l'Hiftoire des progrès de l' Efprit Humain dans les Sciences Exactes, j'ai expofé toutes les découvertes qu'on a faites dans les Mathématiques; & dans l'Hiftoire des Progrès de l'Esprit Humain dans les Sciences Naturelles, que je publie aujourd'hui, je renferme toutes celles qu'on a faites dans la Phyfique.

On trouvera donc ici ces dernières découvertes: elles forment l'empire actuel des Sciences Naturelles, & cet Ouvrage en eft la carte générale. Elle eft divifée en autant de fections que cet empire a des provinces, c'est-à-dire, de parties; & avec cette divifion, & en fuivant l'ordre des temps, je préfente au Lecteur le fpectacle de la Nature, clairement & fans confufion.

Puifle ce nouveau fruit de mes

veillesmériter la même indulgence que le Public a accordée à mes autres productions*, & faire renaître l'amour des belles connoiffances & celui de la vérité!

*La première édition de l'Hiftoire des Progrès de l'Esprit Humain dans les Sciences Exactes, eft épuisée depuis long-temps, & on en prépare une feconde, Si celle des Sciences Naturelles a le même fuccès, elle fera inceffamment fuivie d'une Hiftoire des Progrès de l'Esprit Humain dans les Sciences Intellectuelles.