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qui les oblige d'atteler jufqu'à douze paires de boeufs à leurs charrues. Les vignes font couvertes de terre pendant l'hyver. Le vin qu'elles donnent, mériteroit qu'on les laissât toujours enterrées, tant il eft mauvais. L'eaude-vie qu'on en tire, ne vaut pas mieux.

Au refte, l'Arménie ne fe reffemble pas en toutes fes parties. Pendant que les unes font expofées au grand froid, les autres fouffrent une chaleur excellive. Elle eft fi grande à Erivan, que fes habitans font obligés de quitter la Ville, pour aller chercher le frais fur les montagnes voisines. L'Arménie étant fituée entre le 37° & 41o dégré de latitude, la chaleur y feroit univerfelle, fi elle n'étoit extrêmement tempérée par les neiges abondantes des montagnes qui l'environnent.

CHAPITRE II.

L

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Divifion de l'Arménie.

'ARMENIE eft inégalement partagée entre les Turcs & les Perfans, qui fe la font difputée par de longues & fanglantes guerres. Les Turcs en poffédent une grande partie, dont Erzerom eft la Ville capitale. Les Perfans font maîtres de l'autre partie, dont la Capitale eft Erivan.

On croit communément qu'Er-zerom eft l'ancienne Théodofiopolis Procope prétend que Théodofe le Grand fe contenta 'de l'honorer de fon nom, en la laiffant ouverte comme un village; mais que dans la fuite l'Em-` pereur Anastase la ferma de mu

railles, & la mit en état de défenfe contre les Perfes. Cette opinion, qu'Erzerom foit l'ancienne Théodofiopolis, ne peut s'accommoder avec la fituation que Procope lui donne : car cet Auteur ajoute que Théodofiopolis étoit à 43 ftades, c'est-à-dire, à deux lieues environ de la fource de l'Euphrate. Or il eft certain qu'Erzerom en eft beaucoup plus éloigné; car il eft fitué entre deux rivieres, qui vont fe joindre à trois journées au - deffous de cette Ville, & qui forment l'Euphrate de leurs confluans. L'une de ces rivieres coule à une journée d'Erzerom, & l'autre à une journée & demie. Quelques-uns prétendent que cette Ville eft l'ancienne Charno, que d'autres appellent Charni, où Héraclius revenant de fa glorieuse expédition contre les Perfes, affembla un

Concile des Evêques d'Arménie; mais peut-être que Charno fut le premier & l'ancien nom qui fut enfuite changé en celui de Théodofiopolis.

Quoi qu'il en foit, Erzerom eft au pied de la montagne, qui donne naiffance aux deux rivieres dont on vient de parler, & à quantité de ruiffeaux qui viennent l'arrofer. La Ville a devant elle une belle & fertile plaine qui s'étend entre les deux premiers bras de l'Euphrate. Elle eft fermée d'une double enceinte de murailles affez mauvaises qui ont des tours d'efpace en efpace. Son Château bâti fur une hauteur n'eft guère en meilleur état : il eft commandé par une efpéce de donjon plus élevé, où l'Aga des Janiffaires loge, & commande indépendamment du Bacha. On tient qu'il y a à Erzerom

dix-huit mille Turcs, fept à huit mille Arméniens, & environ cinq cens Grecs. Ces derniers, ramaffés ensemble dans un Fauxbourg, travaillent à faire de la vaiffelle: & des uftenciles de cuivre. Ils y ont une petite Eglife.

Les Arméniens en ont deux dans la Ville; ils y exercent toutes fortes de métiers & font commerce de marchandises. Il n'eft pas permis aux Chrétiens d'avoir des maifons dans le Château ; & s'ils y vont pour leurs affaires, ou pour y travailler, ils font obligés d'en fortir avant la nuît.

Cette Ville paroît d'autant plus peuplée, qu'il y arrive continuellement des caravannes. Comme c'eft le paffage connu pour le plus sûr entre la Turquie & la Perfe, il eft auffi le plus fréquenté: ainfi Erzerom eft toujours rempli d'un

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