Géographes, Alazon ; de ce côté-là le Sirvan confine à la Géorgie. Il a environ trente lieues de longueur du Septentrion au Midi, & autant de largeur de l'Orient à l'Occident. Dans toute cette étendue du Pays, il n'y a que trois Villes, Chamaké, Derbent & Bakou; le refte n'eft proprement que des Villages. On en compte environ 60. habités par les Arméniens.

Strabon, Pline, Ptolémée; conviennent de la fituation de l'Albanie entre le Mont Caucafe, la mer Cafpienne, & le Cyrus: ces bornes n'ont point changé depuis leur tems, mais ils ne s'accordent guère entr'eux fur le refte.

Prolémée met une grande diftance entre les embouchures du Cyrus & de l'Araxe. Plutarque, dans la vie de Pompée, eft incer

tain fi ces deux rivieres tombent dans la mer par une feule embouchure, ou fi chacune y tombe féparément l'une proche de l'autre. Pline dit que felon l'opinion la plus commune, le Cyrus porte l'Araxe l'efpace d'environ vingt lieues avant que d'atteindre à la mer; & il eft vrai que l'Araxe jette fes eaux, & perd fon nom à 20. lieues loin de la mer, ou environ. A peu de diftance au-deffous du Conflant, il y a un gros Village nommé Jarat, avec un Pont de bateaux conftruit par les ordres de Scha-Abbas.

Selon Pline, l'Albanie étoit arrofée de plufieurs rivieres qui fe rendoient à la mer Caspienne en cet ordre. Le Cyrus, le Cambifes, l'Albanus, le Cafius & le Gernus. On ne fçait préfentement où trouver ces quatre derniers, ni qu'en dire, fi ce n'eft

qu'ils

qu'ils foient réduits à n'être plus aujourd'hui que des ruiffeaux.

Le Pirfahade eft la feule riviere que nous voyons. Elle paffe au-deffus de Chamaké: fon lit eft fort large, & il ne fe remplit qu'à la fonte des neiges. Cette riviere a été divifée en trois canaux, dont l'un s'approche des jardins de la Ville; mais à peine ces trois canaux peuvent-ils chacun fournir affez d'eau pour faire aller les moulins.

Ptolémée compte un grand nombre de Villes dans l'Albanie, & dans la Province de Capulaca. Pline prétend que la Ville de Capulaca en étoit la capitale, & donnoit le nom à toute la Province.

Mais il faut dire de ce grand nombre de Villes ce que Ptolémée nous a dit du nombre des rivieres; car fi ces Villes ont Tome III.

Р

ja

mais fubfifté, il eft certain qu'il n'en reste plus rien. Strabon paroît plus croyable que Pline, lorfqu'il dit que ces Albanois Afiatiques vivoient à la mode des Nomades, fans Villes & fans habitations fixes, s'occuà élever & à nourrir des trou

pant

peaux.

Le Sirvan eft une Province du Royaume de Perfe. Chamaké en eft la capitale, & la résidence du Kan: c'eft le nom que les Perfans donnent à un Gouverneur. Nous parlerons ailleurs de la Ville de Chamaké. Derbent & Bakou font deux petits Etats féparés fous des Princes qui ont le titre de Sultan, & qui font vaffaux du Roi de Perfe. Derbent ferme l'entrée de l'Albanie, du côté du Septentrion, & occupe un terrein d'environ une lieue depuis le Caucase jufqu'à la

mer. C'eft apparemment ce que Ptolémée appelle les portes de P'Albanie. Strabon parle d'une muraille conftruite vers ces mêmes endroits, pour arrêter les irruptions des peuples féroces qui habitoient au-delà. Cette longue muraille dont on voit encore les ruines fur la monta

gne, & que les habitans difent avoir été pouffée jufqu'au PontEuxin, peut bien être ce que Ptolémée appelle les portes de l'Al

banie.

Ces habitans fe vantent d'avoir Alexandre pour fondateur de leur Ville, & foutiennent que leur Ville eft l'Alexandrie, que ce Conquérant fit bâtir auprès du Mont Caucafe: prétention qui n'eft fondée que fur l'équivoque du Mont Caucase. Quinte-Curce & Arrien rapportent que les Macédoniens, pour