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toute contrefaite. Le Roi leur pere les aimoit; celle-ci beaucoup moins, l'aifnée passionnément cette tendreffe fut cause qu'il ne put fe réfoudre à marier cette chere fille à un Prince Eftranger; à l'égard de la cadette, qui en euft voulu ?

Entre les Princes du Sang de France, iln'y en avoit que trois qui pûffent époufer les Princeffes. Louis, Duc d'Orleans, qui depuis fut le Roi Louis XII. Charles Comte d'Angoulefme, & Pierre Sire de Beaujeu. Les autres Princes eftoient mariez,ou eftoient trop vieux ou trop jeunes. Le Duc & le Comte eftoient de la Maifon d'Orleans, le Sire de Beaujeu eftoit de celle de Bourbon, & cadet de la branche aifnée. Le Duc avoit treize ans, le Comte quatre davantage; Beaujeu en avoit trentefept: ils eftoient tous parens du Roi, Beaujeu d'affez loin, les deux autres de près, defcendant en ligne masculine de Loüis de France Duc d'Orleans, frere unique de Charles VI.

Tout fembloit devoir concourir à marier le Duc d'Orleans avec l'aifnée des Princeffes. Le Duc & cette aisnée estoient de mesme âge, à une année près. Le Duc eftoit beau & bien fait, il eftoit, après le Dauphin, le premier Prince du Sang de France, & conféquemment le premier à fuccéder à la Couronne, fi le Dauphin venoit à mourir. Par de fi bonnes.

raifons

raifons ce Mariage auroit dû fe faire; cependant, quelque tendreffe qu'euft Louis XI. pour cette fille bien-aimée, au lieu de lui procurer un avantage si visible, qui dans la fuite l'euft fait Reine, il aima mieux qu'elle époufaft le Sire de Beaujeu.

Quoi qu'on en fuft furpris; on le fut bien plus quand, peu de tems après, Loüis maria fa feconde fille, toute diforme qu'elle eftoit, au Duc d'Orleans beau & bien fait. Ce Prince fans doute l'euft refusée, si ses amis n'euffent eu peur qu'il ne lui en euft coufté la vie. Ce fecond Mariage fut d'autant plus defaprouvé, qu'il ne pouvoit en venir d'enfans

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tant la femme eftoit contrefaite. Le fort du Duc fit compaffion; la pitié lui fit des amis : il se forma dès lors deux Partis, l'un en fa faveur, l'autre pour le Sire de Beaujeu, avec cette difference qu'on n'euft ofé ouvertement offrir fes fervices au Duc; autrement que n'auroiton point eu à craindre de la colere de Louis XI. qui, fans faire inftruire de procès & fans garder aucune forme, faifoit jetter à la riviere ou expédier fecretement les gens qui lui réfiftoient? La Cour néanmoins ne laiffa pas de fe partager; ceux qui, voyant Loüis XI. vieux & le Dauphin foible & infirme, croyoient que le Duc d'Orleans viendroit bien-toft à la Couronne, prirent des liaisons Bij

avec

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PREND LE

PARTIDE
Louis Duc

avec lui; d'autres en prirent avec le Sire de Beaujeu, dans la penfée que le Roi n'eftoit. pas pour mourir fi-toft ; & qu'en cas qu'il vint à mourir, Beaujeu auroit tout crédit dans le bas âge du jeune Roi..

D'AMBOISE Dans cette conjoncture, les d'Amboise, en habiles gens, pour s'affurer de la fortune, de D'ORLEANS, quel cofté qu'elle tournaft, prirent parti de CONTRE LA Cofté & d'autre les uns, comme l'aifné, deBEAUJEU, meurérent atachez au Roi & à fon Gendre CHARLES bien-aimé ; d'autres fe donnérent au Duc

DAME DE

SOEUR DE

VILI.

Le 30. Août 1483.

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d'Orleans, entr'autres l'Evefque de Montau
ban. Le Duc & l'Evefque avoient de la difpo-
fition à devenir intimes amis. Mesme hu-
meur, mefmes inclinations, mefme âge
peu de chofe près. D'Amboife avoit trois ans.
de plus. Leur commerce fut fecret jufques à la
mort de Louis XI. & ne produifit autre chose,
que
d'affermir de plus en plus le jeune Evefque:
de Montauban, dans la volonté qu'il avoit de
rendre au Duc, dans l'occafion, tous les fer-
vices qu'il pourroit..

Louis XI. mort, Charles VIII. fon Succeffeur, eftant tout-à-fait enfant, de mine, d'efprit & de forces, il y eut grande dispute à qui gouverneroit fous lui. Son Pere avoit ordonné avant que de mourir, que ce feroit le Sire de Beaujeu & la Princeffe fon Epouse; mais ni la Reine-Mere, ni le premier Prince du Sang,

qui eftoit le jeune Duc d'Orleans, ne vouloient point y consentir: la Reine-Mere fouftenoit que c'eftoit à elle que la Régence apartenoit; le Duc au contraire prétendoit que c'estoit à lui: à juger la conteftation, par ce qui s'eftoit pratiqué fous les trois Races de nos Rois dans les tems de Minorité, le droit de la Reine-Mere estoit le plus aparent; tous les exemples eftoient pour elle : mais comme cette Princeffe, que le Roi fon mari avoit toûjours tenuë éloignée de la Cour, estoit valétudinaire, & que d'ailleurs elle n'avoit, ni parti formé, ni affez de crédit & d'induftrie pour en faire un, fon reffentiment s'exhala en reproches, plaintes & menaces. Elle mourut, à la peine de fe faire rendre justice, avant que les Eftats de France, qui eftoient indiquez à Tours, euffent décidé la question.

Le 1. Décembre

1485.

ASSEMBLEZ

La Dame de Beaujeu, fon Mari, & le Duc d'Orleans, firent leur brigue dans les Estats; le Duc n'aiant que vingt & un an, la Dame de Beaujeu n'aiant qu'une année de plus; l'un ni l'autre, felon les loix, n'euft pû adminif- LES ESTATS trer fon bien fans le confeil de fon Tuteur; A TOURS,. cependant l'un & l'autre afpiroit à gouverner GOUVERNEl'Eftat. Un troifiefme Concurrent eftoit le MENT PENDuc de Bourbon, qui aiant épousé une des BAS AGE DE Tantes du jeune Roi, demandoit auffi la Ré- viii. gence. Pour les mettre d'accord, elle ne fut donnée

REGLENT LE:

DANT LE

CHARLES.

d'en

donnée à perfonne. Les Eftats arreftérent qu'il n'y auroit point de Régent; que tout se feroit au nom du Roi ; qu'il feroit Sacré au plustost ; que la Dame de Beaujeu auroit soin de fon éducation, & que les affaires d'Estat se régleroient dans un Confeil, où pourroient préfider les Ducs d'Orleans & de Bourbon. Bourbon s'en tint là; d'Orleans mécontent, euft éclaté dès-lors, files gens qui le gouvernoient ne lui euffent fait entendre, qu'avant que venir-là, il eftoit à propos de rendre fon parti plus fort. Ses amis en concertérent les moyens; & comme l'Evefque de Montauban eftoit, dès ces premiers tems, un de ses plus zélez Partisans, il fe chargea avec plaisir d'infpirer au jeune Monarque, qu'il avoit Histoire de l'honneur d'aprocher à toutes les heures de la par S. Ge- journée, de lui inspirer, dis-je, autant d'inclination & d'estime pour le Duc d'Orleans, de haïne & d'indignation contre la Dame de Beaujeu.

Louis XII.

par

lais in

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P. SI.

CIVILE DE

ATTIRE

4.

LES TROU

que

LAGUERRE Tout le préparoit à une rupture; ces diviBRETAGNE fions & les troubles de Bretagne en eftoient DANS CETTE un augure feur. François II. Duc de Bretagne, PROVINCE Prince voluptueux & leger, eftoit tout-à-fait gouverné par un nommé Landais, qui de GarTIS, QUI çon Tailleur étoit devenu en peu de tems VaEN FRANCE. let de Chambre du Duc, ministre de ses plaifirs; enfin fon Premier Miniftre d'Eftat. Nous

PES DES

DEUX PAR

REGNOIENT

l'avons

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