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d'Amboife conclut avec ce Tyran. D'Amboise, aspirant au Pontificat, s'estoit fait en toute rencontre un honneur & une politique de ménager le Pape, & d'en protéger les Etats; afpirant au Pontificat, il follicitoit fortement une promotion de Cardinaux, qui fuffent tout-à-fait à lui; il demandoit encore que le Pape lui continuaft la Légation de France, non pour un an ou dix-huit mois comme il avoit fait jufques-là, mais pour un tems indéfini. C'estoit-là, à ce que disoient les envieux de ce Miniftre, la véritable caufe du nouveau Traité, qu'il figna avec le Valentinois. Si l'intéreft de ce Miniftre fut une des caufes du Traité, du moins ce ne fut pas la feule.

,

L'Empereur d'un cofté, les Suiffes de l'au

tre,

les Venitiens, encore plus, eftant prefts de fe déclarer, la prudence vouloit que dans ces conjonctures, bien loin d'aliéner le Pape, on l'engageast, si on pouvoit, non-seulement à donner paffage aux Troupes qui iroient à Naples, mais mefme à aider le Roi, de vivres, d'hommes & d'argent. Auffi, fur les offres qu'en fit le Duc de Valentinois, tant en fon nom qu'au nom du Pape, & fur la parole qu'il donna, qu'il rendroit aux Florentins une Place, qu'il leur avoit prife, ( pouvoit-on fe fier à la parole d'un perfide, qui faifoit gloire d'y manquer) le Roi & le Cardinal s'enga

gérent

gérent à le maintenir. D'Amboife fut continué Légat en France pour toûjours, & il eut de bonnes paroles fur la promotion qu'il defiroit avec tant d'ardeur. Quelque prudence qu'il y euft à renouveller fon Alliance avec Alexandre VI. cette Alliance parut fi odieuse aux gens de bien, qu'elle atira au Roi, & plus encore à fon Miniftre, la haïne de toute l'Italie, &, felon quelques Historiens, la ma lediction de Dieu, avec qui on ne peut estre bien, tant que l'on eft en liaison avec les méchans.

ÇOIS CHAS

ESPAGNOLS

PLACES DE

ET DE LA

Ce Traité fit d'autant moins d'honneur att Roi, qu'il n'y avoit, ce femble, l'intéreft de d'Amboise à part, nulle néceffité de le faire. Les Efpagnols, plus fiers que forts, n'eftoient LES FRANpas à fe repentir d'avoir efté les premiers à SENT LE commencer les hoftilitez. A peine la guerre DE LA PLUSfut-elle ouverte, qu'ils furent chaffez par les PARTIDES, François, non-feulement du Capitanat, mais LA FOLL prefque de toutes les Places de la Pouille & CALABR de la Calabre. Gonfalve de Cordoue, tout grand Capitaine qu'il eftoit, fe laifla inveftir dans la petite Ville de Barlette. N'y aiant ni poudre ni vivres affez pour tenir long-tems, la guerre eftoit finie, fi on l'y avoit affiegé. C'eftoit l'advis de d'Aubigni; mais c'eft peuteftre pour cela que le Duc de Nemours n'en fut pas, & qu'au lieu de raffembler ses forces

pour

MILAN

LES MESMES

QU AU ROI.

pour pouffer vivement ce fiége, il les partagea pour prendre de petites Villes, qui n'estoient d'aucune conféquence. Une fi belle occasion ne se retrouva plus, & bien - tost la Fortune indignée contre le François, qui n'en` avoit point profité,se déclara pour l'Espagnol, parce qu'il fçût, en temporifant, se tirer d'un li mauvais pas.

Cette premiere profperité n'aida pas peu à affermir les Génois & les Milanois dans l'oGENES ET béïffance du Roi. Les uns & les autres n'a RENDENT A Voient que trop d'inclination à secoüer le joug D'AMBOISE de la France, felon que les affaires auroient HONNEURS bien ou mal tourné; & ce n'eftoit que pour diffiper le foupçon qu'on en avoit eu, qu'ils avoient témoigné une joie extraordinaire de voir le Roi en Italie; on lui fit à Milan, & quelque-tems après à Génes, une entrée auffi pompeufe que l'avoit efté autrefois le triomphe des anciens Romains. En l'une & en l'autre de ces magnifiques entrées, d'Amboise marcha feul, immédiatement après le Roi, En l'une & l'autre de oes Villes, il fut harangué par le Sénat en Corps comme le Roi l'avoitefté; & lors que le Sénat de Génes fit prefent de vaiffelle au Roi, d'Amboife n'eut garde d'eftre oublié. Il y eut pour lui un éguiere & un baffin d'or, Il eftoit alors dans un haut crédit, parce que tout lui réüssissoit.

Il venoit de se débaraffer, par de grandes fe promeffes & par un peu d'argent, de l'importunité des Suiffes. Il venoit de faire alliance avec le Roi de Hongrie, que quelque-tems auparavant il avoit marié à une Princeffe Françoise. Le fruit de cette alliance fut, que le Roi de Hongrie, Prince guerrier & habile, occupa fi fort l'Empereur fur les Frontieres de l'Auftriche, que l'Empereur ne put de longtems ne prendre que fort peu de part à ce qui fe paffoit en Italie. Enfin les heureux commencemens de la guerre combloient d'honneur le Cardinal, tant il avoit contribué, par fes foins, par la vigilance, à ces premiers fuccès; mais autant que le fort des armes avoit efté d'abord favorable aux François, autant dans l'année suivante leur fut-il contraire & funefte, en partie, parce qu'on se fia trop l'apparence qu'il y avoit d'une paix prochaine & durable.

à

DUC, GEN

DE CASTIL-
LE, VIENT

Quoi qu'on en fuft venu à une guerre ouverte, il y avoit tout lieu d'espérer que bientost on auroit la paix. Le Roi de Caftille la L'ARCHIdemandoit, Louis XII. & le Cardinal la fou- DRE DU Rot haitoient avec ardeur, pour s'assurer de plus en plus la poffeffion du Milanez, qui eftoit EN FRANCE l'objet principal des defirs de l'un & de l'au- LA PAIX, tre. En de fi bonnes difpofitions, il n'euft pas GNE DES efté difficile de terminer à l'amiable la que- DEURS DE

relle

NEGOCIER

ACCOMPA

AMBASSA

SON BEAU- relle du Capitanat, si le Roi de Castille y eust 1f°3.. efté de bonne foi; mais ce Monarque fin & ru

PERE, EN

fé, beaucoup plus que Louis XII. qui auroit eu honte de l'eftre, ni que le Cardinal d'Amboise Miniftre fage & éclairé; du reste, fur le point d'honneur, de la mefme trempe que fon. Maistre, ne fongeoit qu'à les amufer par des propofitions de paix, pour avoir par-là plus. de tems de fe préparer à la guerre.

Bien que ce fuft fon deffein, comme on le vit par l'événement, il le tenoit fi fort caché,. qu'il voulut que l'Archiduc fon gendre, retournant de Madrid à Bruxelles, vinft en France propofer au Roi de s'accommoder à l'amiable. L'Archiduc & fa femme, allant l'année d'auparavant de Flandre en Espagne, avoient traverfé la France, & eftant à la Cour, ils avoient affuré le Roi, qui leur rendit & leur fit rendre tous les honneurs imaginables, que le Roi de Castille feroit fidelle & exact à executer les Traitez. Dans ce premier voïage,. le mari ni la femme n'avoient demandé, venant en France, ni oftages ni fauf-conduit,, auffi y eftoient-ils venus quelques mois avant qu'éclataft la querelle du Capitanat; mais depuis que les deux Nations eurent pris les armes l'une contre l'autre, & qu'elles en furent venuës aux mains, le Roi de Caftille ne voulut pas que l'Archiduc, fon Gendre, s'exposast

à re

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