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REGLE SON

AVANT QUE
DE PARTIR-
POUR L'AR-

pour l'y recevoir. Nous l'avons déja dit, Aft D'AMBorse eft une ville de Piedmont, qui apartenoit en DIOCESE ce tems-là à la Maison d'Orleans. Quoi qu'il arrivaft d'Amboise quittast le Duc, MEE peu que il ne partit point avec lui, voulant, avant que de le joindre, fe monftrer du moins à fon Diocèfe. Effectivement il ne fit que s'y monftrer, car il y fut peu. Néanmoins dans le peu qu'il y fut, il régla fi bien toutes choses, qu'il se flâtoit qu'en fon abfence, l'ordre & la difcipline y feroient autant en vigueur que s'il y euft refidé. C'eftoit C'eftoit trop fe flåter que d'efperer que cela fuft, tant il y a de difference entre veiller fur fon Troupeau, foi-mesme de fes propres yeux, & de fe repofer fur des Officiers, qui quoi qu'habiles & vertueux, n'en ont jamais le mefme foin qu'en auroit le propre Pasteur.

,&

D'Amboife, né homme de probité, ne laiffa pas affez long-tems de fentir de cuifans remords; quelques perfonnes d'une morale austere ne cessant de lui dire, qu'au lieu de s'attacher au Duc, il feroit beaucoup mieux de remplir, comme il le devoit, les fonctions de fon Miniftere; ces exhortations faifoient d'autant plus d'impreffion, que luimefme defaprouvoit fort les gens qui arrangent leur confcience, moins felon les principes de l'honneur & de la vertu, que felon

leur:

IL VA JOIN DRE LE DUC

AN ITALIE

PART A LA
BONNE OU
MAUVAISE

FORTUNE DE

leur inclination, ou leur intéreft; & qui, pourvû qu'ils aient de bonnes intentions croient pouvoir négliger ce qui eft de devoir, pour faire ce qui n'en eft pas; mais d'autres perfonnes de bon fens, & qui, fans affecter un air févere & de réforme, n'en avoient pas moins de droiture, lui aiant fait connoistre, qu'en demeurant attaché au Duc, il pouvoit procurer, à l'Eglife & à l'Eftat, un bien fans comparaifon plus grand & plus eftimable, que ne feroit le peu de bien qu'il feroit dans fon Diocèfe, il le laiffa enfin perfuader qu'il pouvoit, en toute feureté, fuivre le plan qu'il s'eftoit fait.

D'Amboise joignit le Duc affez à tems D'ORLEANS pour avoir part à la victoire de ce Prince. On ETA GRAND avoit équippé à Génes une Flotte confidérable, pour attaquer Naples par mer, ou pour tenir du moins cette Ville bloquée, tandis CE PRINCE. qu'on l'affiégeroit par terre. La Flotte preste, le Duc alla à Génés pour la commander, & fur l'advis qu'il y reçeut, il mit aufsi-tost en mer. L'Armée Navale Napolitaine, venoit vers Génes à pleines voiles & avoit jetté mille hommes à terre, croïant furprendre cette ville, d'intelligence avec des Traiftres qui avoient promis de la livrer,

Le Duc rangeant la Cofte avec l'Admiral, Vaiffeau d'une prodigieufe grandeur, & mon

té d'une Artillerie, la plus belle & la mieux fervie que l'on eut vûë en Italie, foudroïa à coups de canon, les Troupes qui avoient débarqué, & les chaloupes & bateaux plats qui les avoient portées à terre; puis s'avançant, le vent en pouppe, avec une groffe Efcadre, vers la Flotte des Ennemis, il brufla ou coula à fonds, dans un pecit Port du voisinage, une partie de leurs Vaiffeaux & mit les autres en fuite. Cette victoire, remportée à l'ouverture de la Campagne, & contre l'attente de tout le monde, épouventa fi fort les plus puitfantes Villes, que le Roi ne trouva de réfiftance: dans aucune il entra dans Florence le 17. Novembre 1494: dans Rome le trente-un Décembre, dans Naples le 22. Février fuivant, & fut maistre en huit jours de tout le reste du: Royaume. Il eut efté à fouhaiter qu'il eut eu autant d'attention à conserver cette conquefte, qu'il eut de bonheur à la faire.

Le Duc d'Orleans n'avoit pû eftre de cette: merveilleufe Campagne. Toute merveilleuse qu'elle eft, on ne peut s'empefcher de dire que ce fut un voyage plus qu'une expédition, tant il y eut peu de résistance de la part de Villes & de Princes qui euffent pûen faire beaucoup.. La fiévre aiant pris au Duc, après qu'il eut CHAGRI défait l'Armée Navale des Ennemis, il n'avoit point fuivi le Roi, mais eftoit demeuré NESTRE

DE D'AM-
BOISE DE

POINT FA T

à Aft, CARDINAL.

IL CON

DUC D'OR·

LEANS DE

PRENDRE

ET Y SOU

à Aft, grande mortification pour un Prince avide d'honneur, & du moins auffi grande pour l'Archevelque fon Confident, qui s'ef toit attendu que le Duc fe trouvant à Rome, lui auroit procuré la Pourpre, ou par fon propre crédit, ou par la recommandation du Roi qui ne pouvoit la lui refufer. La maladie du Duc fit échouer les efperances du Confident. Un autre chagrin de ce Prélat fut d'aprendre que Briconnet, homme fans grands talens, & que d'Amboife regardoit comme fort au-def fous de lui, avoit efté fait Cardinal. Le Duc fe plaignit de ce que d'Amboife ne l'estoit pas, & s'en prit au Roi, parce qu'il n'avoit tenu qu'au Roi d'obliger Alexandre VI. de donner le Chapeau à l'un & à l'autre de ces Favoris. Ce fut là la premiere source d'un mécontentement qui penfa coufter cher au Roi & au

Due.

Charles, en partant d'Aft, où il laissa le SEILLE AU Duc malade, lui avoit fort recommandé de faire filer vers l'armée, les fecours qui vienNOVARE, droient de France à mesure qu'ils arriveTIENT UN Foient; il lui avoit recommandé expressément SIE GE AVEC de ne rien entreprendre contre le Milanez. Ce Duché légitimement appartenoit au Duc d'Orleans, qui eftoit Petit-fils de Valentine de Milan, fœur & unique heritiere de Philippe-Marie, dernier Prince légitime de la Famille des

CE PRINCE,

1495.

Visconti,

Vifconti. Le Duc ne fit rien de ce que le Roi lui avoit recommandé : loin de cela, le Duc retint à Aft les Troupes Françoifes qui y arrivoient; & quand il y en eut affez pour executer l'entreprife que d'Amboife lui avoit infpirée, il alla furprendre Novare, une des Villes principales & des plus fortes du Mila

nez

les autres eftant preftes à ouvrir leurs Portes, parce que les Peuples eftoient indignez contre l'Ufurpateur Ludovic Sforce, nommé le More, qui les traitoit bien moins en Prince, qu'en Tyran; c'eftoit une occafion pour s'emparer facilement de ce beau & riche Païs, fi le Duc & d'Amboise se fuffent haftez d'en profiter.

VIII.TRIOM

NOUE DE

D'ITALIE,

Sforce allarmé, affemble fes Troupes, met le Siége devant Novare, & feignant de ne point douter que la furprife de cette Place n'euft efté concertée avec le Roi, il entre CHARLES dans la Ligue qu'on venoit de faire en Italie, PHEA FORpour en chaffer ce Conquérant & mefme pour YOUS LES Îe tailler en pieces, lors qu'il s'en retourne- PRINCES roit en France. Charles, moins fage qu'heu- LE 6. JUIL reux, n'avoit fongé à autre chofe depuis qu'il eftoit à Naples, qu'à fe raffafier de plaifirs. Affoupi dans les bras de la volupté, il ne se réveilla qu'au bruit que fit cette Ligue, dans laquelle estoient entrez, le Pape, le Roi des Romains, les Rois de Naples & d'Arragon,

G

la

LET 1495

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