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din.

pour le Corps en general, que pour les Par ticuliers qui n'avoient pû fe contenir.

Le Cardinal d'Amboise, qui estoit, disent Guichar- les Hiftoriens, l'ame & la langue de Louis XII. répondit que l'Univerfité avoit d'autant plus de tort, que fi on lui avoit ofté une partie de fes Privileges, elle ne devoit s'en prendre qu'à elle qui avoit continué à en abufer, quelque advis qu'on lui euft donné de fe corriger, que le Roi par bonté vouloit bien oublier les infolences des Ecoliers, les emportemens des Régens, & les injures atroces que les uns & les autres avoient vômi contre lui. Oui, dit le Roi, frappant fa poitrine, ces infolens m'ont injurie jufques dans leurs Sermons: mais, que s'il arrive, continua d'Amboife, qu'ils manquaffent à l'avenir de refpect pour Sa Majesté, ou de foûmiffion à fes Ordres, il n'y auroit plus de pardon, & qu'après avoir éprouvé la clémence d'un fi bon Prince, ils reflentiroient auffi-toft toute la rigueur de fa juftice; que le Roi aimoit les fçavans & les protegeroit toûjours, tant qu'ils ne s'en rendroient pas indignes; du refte qu'il aimeroit mieux qu'il y euft à Paris moins de Régens & moins d'Ecoliers, pourvû que ceux qui y feroient fuffent plus foûmis & plus fages. L'Univerfité profita de ces falutaires advis, & lorfque quelques jours

après

après il parut un nouvel Edit qui confirmoit les Ordonnances, lefquelles avoient caufé le trouble, pas un Ecolier ni Régent ne fit le moindre mouvement.

IL NEGOCIE AVEC LES

VOISINS,
POUR EM-
PESCHER

D'Amboife fut bien content d'avoir fini cette querelle, si viste & si aisément. Il lui POTENTATS euft fort déplû de fe trouver plus long-tems aux prises avec des gens de Collége, tandis QU'ILS NE qu'il eftoit après à négocier avec les Princes SENT SON qui pouvoient traverfer fon grand deffein fur DESSEIN SUR l'Italie. Ce deffein eftoit de conquérir le Mi- NEZ, lanez. Grand & noble deffein, du reste diffi

cile à executer moins la réfiftance que

par

l'on s'atendoit de trouver dans les Places fortes du Païs, qu'à caufe de l'allarme que le bruit feul de ce deffein avoit commencé de répandre. Tout Potentat, fage & habile, s'inquiette toûjours plus ou moins des entreprises de fes voifins, parce que ces entreprises, pour peu qu'elles aient de fuccès, donnent toûjours plus ou moins d'ateinte à l'équilibre si defiré entre les Princes de l'Europe. Calmer la jaloufie en pareille occafion, c'eftoit une chose bien difficile; la calmer de maniere que ceux qui avoient intérest à empescher cette conqueste, la facilitaflent aux François, ce fut un bonheur extraordinaire ou un chef-d'œuvre de politique. D'Amboife fut affez habile, ou affez heureux, pour y réüffir.

L

Louis

TRAVER

LE MILA

EXAMINER

TENTIONS

LORRAINE

IL FAIT Louis XII. à fon Sacre, aiant efté proclaLES PRE- mé Roi de France & Duc de Milan, Ludovic DU DUC DE Sforce, dit le More, qui joüiffoit de ce Duché, SUR LA PRO- averti par-là de bonne heure de ce qu'on machinoit contre lui, n'avoit eu garde d'épargner ni argent ni foins pour fufciter au Roi tant d'affaires avec les voifins, que le Roi en perdift la volonté de l'opprimer..

YENCE.

René II. Duc de Lorraine, bien paié par le More, fut le premier qui parut vouloir inquiéter le Roi, en le preffant vivement de lui reftituër la Provence. Si ce fut un bien ineftimable qu'une Province fi importante, qui ouvre le Commerce de la Mer Méditerannée, fust unie au Roïaume par l'induftrie de Louis XI. quel malheur n'euft-ce pas efté, fi fous le régne de Louis XII. elle en euft efté détachée. Le Roi répondit, qu'il vouloit que l'on fit juftice, que fila chofe bien difcutée, il fe trouvoit que cette Province appartinst au Duc de Lorraine, il eftoit tout preft de la rendre! D'Amboife, quoi qu'effraié, moins de la demande du Duc, que de la generofité & de la facilité du Roi, ne laiffa pas de dire, comme lui, qu'il falloit, fans partialité, pefer le droit du Roi & celui du Duc. Le Miniftre ne rifquoit rien à parler ainfi ; au contraire, il en tiroit un avantage, en ce que cette prétention, qui avoit efté rejettée fous les deux ré

gnes

gnes precedens, venant à l'estre encore, en pleine connoiffance de cause, sous un Roi jufte & genereux, il n'y auroit plus lieu de craindre, que profitant des conjonctures, le Duc ni fes Heritiers fongeafsent à la renouveller.

Le droit du Duc eftoit fondé, fur ce que fa Mere foland eftoit fille de René d'Anjou, Roi titulaire des deux Siciles & Comte effectif de Provence; mais il y avoit tantoft vingt ans que ce Roi de Sicile avoit lui-mefme prononcé contre ce prétendu droit, en instituant, pour Heritier du Comté de Provence, non le Duc, quoique fon petit - fils, mais Charles d'Anjou fon Neveu, qui en avoit joüi paisiblement. Ce Charles d'Anjou aiant, par fon Teftament, Loi irrefragable en Provence, qui eft Païs de droit efcrit, inftitué pour Heritier Louis XI. fon coufin germain & fes fucceffeurs Rois de France, il n'y avoit plus lieu de douter, que felon la loi du Païs, cet important Comté ne fut uni à la Couronne, & qu'il ne le fust pour toûjours. Auffi fut-ce le jugement qu'en rendirent les Commissaires; jugement fi exact, que le Duc de Lorraine lui - mesme y acquiefça. Il n'avoit renouvellé cette demande furannée, que pour toucher de Ludovic cinquante mille ducats.

Un voifin plus à craindre, & avec qui le IL TRAITE

Lij

Roi

AVEC L'AR

CHIDUC

D-AUSTRI

SOUVERAIN.

BAS, ET LE

DISPOSER A

RO FOI ET

DE LA FLAN

DRE DE

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L'ARTOIS,

ROLOIS

1.499

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Roi avoit bien plus à démesler, eftoit le PrimCHE, PRINCE ce des Païs-bas, Philippe Archiduc d'Auftriche. DESPAÏS fils de l'Empereur Maximilien & de Marie de Bourgogne, fille unique & feule Heritiere de RENDRE AU Charles le Hardi, dernier Duc de Bourgogne HOMMAGE, de la feconde Race. Philippe.reclamoit beaucoup de Villes & de Villages, dont Loüis ET DU CHA. XI. s'eftoit emparé; le Roi, de fon cofté, demandoit à Philippe qu'il lui rendist foi & hommage, des Comtez, de Flandres, d'Ar tois, & du Charolois; & que, par Acte for lennel, il renonçast pour toûjours au Duché de Bourgogne. Cette négociation eftoit d'au tant plus difficile, que l'Empereur, Pere de l'Archiduc, venoit de faire une irruption dans ce Duché ; l'irruption du Pere ne fit point de peine à d'Amboife. Il y avoit donné bon ordre. La difficulté eftoit d'amener le fils à faire ce qu'on fouhaitoit. De l'y contraindre par la force, il n'y avoit nulle apparence, parce que ce Prince eftoit puissant, & parce qu'eftant aimé de fès Peuples & de fes voifins, il ne pouvoit manquer d'eftre fortement fecouru; d'ailleurs le Roi ni d'Amboife ne vouloient point de guerre en Flandre, dans le deffein où ils eftoient de la porter en Italie. Pour fortir de cet embarras, le tempérament que l'on prit fut de rendre à l'Archiduc une partie de fes Places, moien

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