l'an 598. en un lieu du Soiffonnois appellé Trus. Paul Diacre écrit néanmoins que Childebert demeura victorieux, & en effer il paroît par des circonstances que les Hiftoriens rapportent, que Childebert eut de grands avantages en cette occafion. La Reine Brunehaud qui conduisoit toutes les affaires du Royaume, & qui ne s'accommodoit pas de Guintrio Duc de Champagne, qui étoit un des plus grands Seigneurs d'Auftrafie, perfuada au Roy Théodebert fon fils de le faire mourir, ce qu'il fit. Frédégaire ne dit point que ce Seigneur fut innocent, au contraire il paroît par la Chronique de cet Historien que ce Duc devoit avoir été en grande intelligence avec le traître Gifle, qui luy avoit fait donner le Duché de Champagne, comme nous l'avons dit. Cette mort néanmoins, quoy-que peut être fort juste, souleva les grands du Royauine contre Brunehaud, ce qui l'obligea de fortir du païs fi mal suivie, que sans l'aide d'un pauvre homme qu'elle trouva par hazard & qui la conduisit à Arcy fur Aube, Ville de Champagne considérable en ce remps-là, elle feroit tombée entre les mains de ses ennemis. Elle paslà de là dans le Royaume de Bourgogne où étoit le Roy fon fils, qui l'a reçut d'une maniere à la confo ler de ses malheurs. Quatrième Flodoard parle d'un autre fils du Duc Duc. Loup, nommé Jean, qui fucceda à Guintrio, & fut le quatrième Duc de Champagne, en 600. Duc de viron l'an 600. Wimar, L'Hiftoire ne marque rien de considérable Cinquiéme de ce Duc, non plus que de Wimar, qui Champa- fut le cinquiéme Duc de Champagne; il y a même apparence qu'il y eut encore en ce temps-là quelques autres Ducs de Champagne avant le Duc Drogon, dont nous allons parler. gne. gne, Drogon ou Dreux fut le sixiéme Duc de Drogon, Champagne. Fauchet dit qu'environ l'an Duc de 593. il fut pourvu de ce Duché, ce qui ne Champa- s'accorde pas avec la chronologie ni avec le fentiment des autres Historiens. Ce qui eft de certain est qu'il étoit fils de Pepin furnommé le Gros, parce qu'il étoit fort replet, ou Pepin d'Héristal, nom d'un Palais qui luy appartenoit, & que porte encore aujourd'huy le bourgoù il étoit situé fur le bord de la Meuse à une lieuë au-dessus de Liége ; on l'appelle auffi Pepin le Jeune, par rapport à fon ayeul Pepin, autrefois Maire du Palais d'Auftrafie, & quelquefois Pepin le Vieux, par rapport à fon petit-fils Pepin qui fut enfin Roy de France. Valladier en sa Chronique de S. Arnould de Metz dit que Drogon étoit second fils de Pepin le Gros & de Plectrude, & que Grimoald moald qui fucceda à Drogon au Duché de Champagne, comme nous le dirons, étoit l'aîné: mais plusieurs autres Historiens confidérables donnent ce droit d'aînesse à Drogon. Quoy qu'il en soit, il est certain que Drogon étoit alors Duc de Champagne & de Bourgogne. Il épousa Bastrude ou Adeltrude, fille de Waraton, Maire du Palais d'Austrasie, & d'Ausflede son épouse, selon l'avis de quelques Historiens; d'autres au contraire difent qu'elle étoit fille de Berthier, autrefois Maire du Palais: ce qui paroît plus vray-semblable, fuppofé la vérité du Jugement rendu par le Roy, rapporté par Dom Félibien dans fon Histoire de l'Abbaïe de S. Denis. Il dit qu'en l'an 697. le Roy Childebert 697. Second tenant son Parlement à Compiegne décida en faveur de Magnoald, Abbé de Tuffonval, un différend dont voicy le sujet. Le Duc Drogon prétendit que la Terre de Noisy étoit un héritage d'Adeltrude fon épouse, fille de Berthier, autrefois Maire du Palais, qui l'avoit échangée, à ce qu'il suppofoit, avec l'Abbé Magnoald. Drogon avoit déja fait recueillir les fruits de la Terre en conteftation, l'Abbé s'en plaignit au Roy; Hociobert Comte du Palais eut ordre de s'instruire de l'affaire à fonds, & fur fon rapport, le Roy de l'avis des Evêques & dos C autres Seigneurs de l'assemblée, condamna Drogon à réparer le tort que ses Agens avoient fait au Monaftere de Magnoald, & à laiffer jouir cet Abbé d'un bien qu'il tenoit de la libéralité du Roy Thierry. On prétend que Pepin pere de Drogon, fut présent à cette féance. Drogon eut quatre fils, & mourut l'an 708. 699. ou felon Warbourg en 699. il fut enterré dans le tombeau de ses ancêtres en l'Abbaïe de S. Arnould de Metz. 708. Grimoald fucceda à fon frere Drogon, & Grimoald, fut le feptiéme Duc de Champagne, il fut Supreme établi en cette qualité par Pepin fon pere, Champa- qui l'avoit fait élire avant ce temps-là Maire du Palais du Roy Childebert Second. gne. de Dom Félibien dit qu'en l'année 710. Childebert regla un différend entre Grimoaldau 710. sujet de la foire de S. Denis. Ce Prince, en présence des Grands du Royaume assemblés au Palais de Maumaque, ordonna que les Agens de Grimoald dédommageroient l'Abbaie de S. Denis, des droits qu'ils avoient reçus, & qu'à l'avenir cette Abbaïe joüiroit feule de tous les droits de la foire de S. Denis. Grimoald gouverna avec tant d'équité & de modération, qu'il mérita de porter le nom de Juste. Fauchet dit qu'il étoit doux, bon, paifible, grand aumonier, & dévot. Il époufa Thudelinde, fille de Ratbot, 712. Duc des Frifons. Ce mariage fut conclu après quelques difficultés en l'an 7 12. Quelque autorité que Pepin son pere se fut acquife fur l'esprit, des François, des les ufurpations aussi hardies que celles qu'on luy voyoit faire fur la famille Royale, déplurent beaucoup à plusieurs grands Seigneurs du Royaume, ce qui parut pendant une longue maladie qu'il eut en l'année 714. à Jupil, place située fur le bord de la Meuse près de son château d'Héristal, où il manda Grimoald son fils; ceux qui nelaimoient pas, perfuadés que Pepin inourroit de cette maladie, réfolurent ensemble de faire périr Grimoald, afin que la mort du fils arrivant en même temps que celle du pere, l'ufurpation finit, & que le gouvernement revint à son ancienne forme. Un nommé Rangaire fut chargé de l'exécution, ce qu'il fit comme nous l'allons dire. Grimoald alloit souvent dans l'Eglise de S. Lambert à Liége faire sa priere fur le tombeau de ce faint Evêque, s'étant mis en chemin pour aller trouver son pere, il voulut en paflant faire des vœux fur ce tombeau pour la santé de son pere: : mais à peine fut-il à genoux, qu'il y fut cruelleinent affafliné par ce Rangaire, qui luy porta un coup d'épée par derriere, dont il mourut au mois d'Avril 714. ou felon d'autres en 716. Il y a des Historiens qui difent que cet aflassin fut pouflé à cette détestable action par Ratbot, 714. |