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L

PREFACE.

ORSQUE Monfieur le Duc de Beauvilliers étoit Gouverneur de Meffeigneurs les Princes Enfans de France, il jugea à propos de donner à Monfeigneur le Duc de Bourgogne, depuis Dauphin, une connoiffance parfaite, autant qu'il feroit poffible, de l'état des Provinces qui compofent cette puiffante Monarchie; II écrivit dans ce deffein à tous Meffieurs les Intendans, & les pria de luy envoyer des Mémoires exacts de ces mêmes Provinces par rapport à l'état où elles étoient au temps paffé, & à celuy où elles fe trouvoient alors. Sur quoy Monfieur Larcher, qui étoit Intendant de la Province de Champagne, m'ayant fait l'honneur de me charger de dreffer ces Mémoires fur le deffein qu'il avoit pris le foin de me tracer, je reconnus que perfonne

jufqu'à préfent n'avoit écrit l'Hiftoire de cette Province, quoy-qu'elle foir l'une des plus grandes & des plus importantes du Royaume, & où il s'est paffé des actions plus éclatantes, & où l'on a vû des événemens auffi grands, auffi finguliers, & en auffi grand nombre qu'en aucune autre Province de France. J'ay crû qu'après avoir travaillé aux Mémoires abrégés que l'on defiroit, je devois en donner au Public de plus étendus, qui puffent fervir à l'Hiftoire de Champagne, & exciter par cette premiere idée quelque perfonne habile à en compofer un corps d'Hif toire, qui ne fçauroit être que bien reçû de ceux qui s'appliquent à cette forte d'étude. Cependant fi cet effay eft favorablement reçû du Public, & que perfonne ne se présente pour luy donner cette Hiftoire entiere, je pourray, fi le Seigneur me donne affez de vie, me déterminer à l'en treprendre, pourvû que les personnes doctes & curieuses veüillent bien

me communiquer les Mémoires qu'el les peuvent avoir des lieux particuliers de la Province de Champagne, où il fe trouvera quelque chofe de confidérable, & où il fe fera paffé quelque action digne d'être tranfimife à la poftérité. J'ay eû foin de corriger dans ces Mémoires plufieurs fautes que j'ay reconnues dans les premiers, & qui ont été fuivies par M. de Piganiol, lequel a donné depuis peu au Public un ouvrage qui a pour titre : Nouvelle Defcription de la. France; dans lequel il a tranfcrit dans la description de la Champagne une partie de mes premiers Mémoires, qui n'étoient qu'un abrégé de ceux que je donne aujourd'huy au Public, & qui contenoient ces erreurs que j'ay ôtées dans ceux-cy, après les avoir reconnuës par la lecture de plufieurs chartres & anciens manufcrits qui m'ont été communiqués. Je me fuis particulierement appliqué à ne rien avancer de fabuleux, pour n'en point imposer au Public, Si néanmoins il y

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a des perfonnes qui foient dans des fentimens contraires, ils me feront beaucoup de grace s'ils veulent bien · me communiquer leurs lumieres, afin que je puiffe en profiter. Je ne me vante pas de n'avoir rien dit que de vray; je garantis feulement mon intention & mon exactitude; car je puis affûrer que je n'ay rien écrit que fur la foy des Hiftoriens & fur des Mémoires que j'ay crû fideles & exacts; j'ay même affecté en plufieurs endroits de me fervir des mêmes termes que j'ay trouvés dans ces Historiens, fans craindre de paffer pour plagiaire, perfuadé qu'aucun homme raifonnable ne pouffera la critique jufqu'à traiter de plagiaire un Hiftorien, qui dans la vûe de compofer I'Hiftoire particulicre d'une Province que perfonne ne s'eft avifé de donner au Public, rapporte des événemens dont d'autres ont parlé avant luy.

Il y a des Abbaïes dont je n'ay point marqué le temps de la fondation, parce que les titres en ont été

perdus ; & d'autres dont je n'ay pû. avoir affez de connoiffance. Au reste j'ay tâché d'ajuster les chofes au goût de notre fiécle, fans néanmoins m'éloigner de la vérité qu'un Hiftorien doit avoir principalement en vûë,

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