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empêcher que d'autres n'en diffipaffent les

revenus,

En l'année 726. Charles gagna une fameufe bataille contre les Sarrafins, en la 726. quelle trois cens foixante-quinze mille hommes furent tués avec leur RoyAbdérame après laquelle le Clergé octroya à la Noblefle Françoise, qui avoit eû beaucoup de part à cette victoire, certaine portion des fruits déci mables, laquelle unie aux Fiefs fut appellée Dixme inféodée. Quelques-uns ont foutenu que Charles-Martel fit cette libéralité contre la volonté du Clergé : ce qui n'eft pas fondé en raison; car le Clergé toûjours très-attentif à fes interêts, n'eût pas manqué après la mort de Charles-Martel de répéter fes dixmes, particulierement lorfque Pepin fon fils eut befoin de la faveur des Prélats pour fe rendre maître de la Couronne comme il fit.

L'Hiftoire remarque que non feulement les Prélats contribuérent à ce grand événement; mais encore les Gouverneurs des Provinces. On ne voit pas néanmoins par qui la Champagne étoit gouvernée en ce tempslà; il y a quelque apparence que Théodoald fils de Grimoald, feptiéme Duc de Champagne, la gouvernoit alors en qualité de Duc; & il paroît qu'après la mort de CharlesMartel, ce Duc, dont les grandes prétentions faifoient craindre qu'il n'eût beaucoup

de partifans, remua,& qu'aufli-tôt Carloman & Pepin trouvérent moyen de le faire arrêter & le faire mourir l'an 741. Nous 741. dirons en pafiant que ces deux Princes mirent fur le trône Childéric l'an 743. qu'en l'an 747. Carloman fe fit Moine au MontCaffin, que Pepin fe fit élire Roy l'an 752. & fit enfermer dans des cloîtres Childéric & la Reine fon époufe. Quelques Hiftoriens prétendent que fous cette feconde Race la Champagne fut divifée en différens Comtés, qu'il y eut des Comtes de Reims, des Comtes de Troyes, des Comtes de Chaalons, fans néanmoins que ces dignités fuffent propres & patrimoniales; que leurs principales fonctions étoient de rendre la juftice comme Juges délégués. Il y eut enfuite d'autres Juges appelés Miffi Dominici ou Miffi Regales, qui étoient envoyés dans ces Comtés pour y faire publier & exécuter leurs Ordonnances, & pour réformer les abus des Comtes.

754.

On trouve peu de chofes à dire de la Champagne fous le regne d'une partie des Rois de cette feconde Race, ainfi nous fommes obligés, pour garder une fuite de chronologie, de rapporter quelques événemens confidérables, particulierement de ceux qui font arrivés dans cette Province.

L'an 754. Pepin reçut le Pape Etienne III. à Pontignon ou Pontion, alors maifon

Royale près de Langres; d'autres prétendent que ce fut à Pontion bourg du Perthois, ou l'on prétend que les Rois d'Auftrafie avoient une belle Maison de plaifance; quoy qu'il en foit, cette reception fe fit en Champagne, puifque l'un & l'autre de ces lieux font de cette Province.

Après la mort de Pepin, Carloman l'un de fes fils fut Roy du Royaume d'Auftrafie, dans lequel la Champagne étoit comprise. Carloman mourut à Salmoniac le 4. Décembre 770. Charlemagne fon frere fit porter & inhumer fon corps en l'Eglife de faint Remy de Reims, que Carloman avoit enrichie de grands biens.

La Reine Berthe, veuve de Carloman, ayant eû avis que Charlemagne vouloit se faifir de fes deux fils, les enleva & les conduifit en Baviere, & auffi-tôt les grands Seigneurs d'Auftrafie vinrent reconnoître Charfemagne pour leur Roy: ainsi la Champagne luy appartint.

L'an 773. on mit entre les mains de Charlemagne Berthe fa belle-four & fes deux neveux. On ne voit pas ce qu'ils font devenus, & il y a apparence que les Hiftoriens de ce temps-là n'ont ofé en laiffer de mémoires à la poftérité par des confidérations parti

lieres.

L'an 804. Charlemagne reçut le Pape

770.

2

Léon en la ville de Reims, & en l'année 813. il fit affembler cinq Conciles, deux furent tenus en Champagne, l'un à Reims & l'autre à Chaalons.

Du temps de Charlemagne les Duchés & Comtés n'étoient pas héréditaires, ils étoient tout au plus & très-rarement à vie: car en ce temps-là les Seigneurs François ne se nommoient pas du nom de leurs Terres ou de leurs Comtés ou Duchés.

Après la mort de Charlemagne, Louis le Debonnaire qui luy fucceda, retrancha le luxe des Eccléfiaftiques, & obligea les Prélats qui étoient à la Cour, de fe retirer dans leurs Diocefes, dont plufieurs murmurérent & difoient que ce Prince étoit plus propre à gouverner un Monaftere qu'un Royaume, & infpirérent depuis à fes enfans de mettre le Roy leur pere dans un Monastere & de s'emparer de fes Etats: ce qu'ils firent, comme 816. nous le dirons. Il reçut en l'année 816. le Pape Etienne en la ville de Reims. Tregan, qui vivoit dans ce temps-là, rapporte que le Roy alla au-devant du Pape à une demilieuë de la ville, & dans le moment qu'il apperçut le Pape, il defcendit de cheval, & s'inclina par trois fois jufqu'à terre devant luy, en difant Beni foit celuy qui vient an nom du Seigneur. Le Pape defcendit auffi de fa mule, & répondit Beni foit notre Dieu,

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qui nous a fait la grace de voir de nos yeux un fecond Roy David; ils s'embrafférent enfuite cordialement : le Roy conduifit le Pape en le foutenant de fa main, jufques dans le logement qui luy étoit préparé en l'Abbaïe de S. Remy, qui en ce temps-là n'étoit pas encore enfermée dans la Ville, & on y chanta le Te Deum.

On lit dans les Capitulaires de ce Monarque, qu'Ebon Archevêque de Reims fut employé environ l'an 820. en qualité de Miffus Dominicus dans le Comté de Reims, pour faire exécuter fes Ordonnances & réparer les abus des Comtes.

L'Hiftoire remarque que Louis le Debonnaire fut très-fobre dans fa maniere de vivre, modefte en fes habits, magnifique, libéral, charitable, jufte & dévot, humble, févere à luy-même, & indulgent aux autres, jufqu'au point que les Hiftoriens le blâment. de trop d'indulgence; car quoy-que les Souverains doivent être enclins à pardonner, ils doivent être néanmoins quelquefois féveres à punir & fur tout les traitres & les rebelles; & l'on peut dire que l'excès do fon indulgence l'a détrôné deux fois ; il pardonna non feulement à fes enfans rebelles, mais encore à des Prélats infames & exécrables, c'eft ainfi que Dupleix, Mezeray & autres en parlent dans la vie de ce Prince;

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