Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fait que les Historiens l'appellent Comes & Abbas; Il fut fort pieux, & prit d'abord le parti du Roy Loiiis d'Outre-mer, & témoigna qu'il avoit honte du crime que son pere avoit commis en faisant emprisonner le Roy Charles fon Souverain, & pour en donner des marques à la postérité il donna son Château de Saint-Quentin, dans lequel ce Roy avoit été prifonnier, & en fit un Monaftere de l'ordre de S. Benoît, afin d'effacer autant qu'il le pouvoit la honte & l'infamie de son pere & d'en éteindre la mémoire; il fonda ensuite ce Monastere. Les Rois Lothaire & Loüis fon fils l'avoient porté à cette bonne œuvre. Ce pieux Prince eut presque toûjours une paix profonde avec ses voisins. L'Histoire remarque néanmoins qu'il se ligua avec ses freres Robert & Herbert pour faire la guerre au Roy Loüis d'Outre-mer; il laissa deux fils de Gerberge fon épouse, Heribert qui luy fucceda au Comté de Vermandois, & Othon; il mourut le 8. Septembre l'an 986. & fut inhumé à Saint-Quentin. Ce Prince fit de grands biens à l'Eglife.

Le quatriéme fils d'Herbert fut Robert, qui luy fucceda au Comté de Champagne sous le titre de Comte de Troyes; Et le cinquiéme fut Hebert, qui succeda à fon frere Robert au même Comté.

Quelques Hiftoriens' donnent encore un

Robert,
Second

gne.

fils à Herbert, nommé Lindulphe, qui fut douze ans Evêque de Noyon; il étoit homme de mérite & d'une piété exemplaire: il mourut environ l'an 990.

La premiere des filles d'Herbert fut Alix ou Adelle, qui épouía en 934. Arnould Comte dé Flandre, pere de Baudoüin le Barbu; elle mourut au mois d'Octobre l'an 960. Il y a des Historiens qui la disent sœur d'Herbert, & non fa fille.

La seconde de ses filles fut Leudgarde ou Ledgarde; elle est ainsi nommée en l'ancienne Chronique de S. Pierre en vallée de la ville de Chartres où elle est inhumée. Elle épousaen premieres nôces Guillaume Duc de Normandie, fils du Duc Rodolphe, dont elle n'eut point d'enfans ; & en fecondes nôces Thibault, dit le Tricheur ou Trompeur, Comte de Tours & de Blois, dont nous parlerons dans la fuite de ces Mémoires.

ROBERT, fecond Comte de Champagne.

N Ous avons dit qu'après la mort du

Comte Herbert arrivée l'an 943. fes Comte de enfans différérent de partager les grandes Champa- Terres de leur pere jusqu'en l'an 946. Ainfi avant que d'entrer dans le détail de la vie du Comte Robert, l'un de ses fils, qui luy fucceda au Comté de Champagne, on a cru qu'il étoit à propos de parler de plu

sieurs faits qui font arrivés pendant ces trois années qui ont rapport à l'Histoire de Champagne.

Herbert ne fut pas plutôt mort, que le Roy Loüis se déclara ouvertement contre ses enfans, & abandonna toutes les terres qu'ils poffedoient, à Rodolphe Comte de Cambray, qui vint mettre le fiége devant Saint-Quentin, & l'emporta d'affaut: tout y fut livré au pillage, & enfuite on y mit le feu sans respecter même les Eglifes qui furent réduites en cendres. Le Monaftere d'Homblieres fut aussi brûlé avec toutes les Religieuses, & entr'autres une de grande qualité, dont le frere d'Herbert qui l'avoit entretenue comme sa femme avant qu'elle eût pris le voile, avoit eû un fils nommé Berniere, qu'il avoit mis sous la conduite de Rodolphe. Ce jeune homme ne put voir le défaftre de fa mere sans en faire des plaintes à Rodolphe, qui en fut irrité jufqu'à le frapper rudement. Berniere n'osa luy rendre le coup, mais il alla en porter fes plaintes à fon pere, qui luy donna des troupes avec lesquelles il marcha contre Rodolphe qui étoit demeuré en campagne; ils fe rencontrerent, & avant que de commencer le combat, Berniere qui étoit à la tête de fes troupes appella Rodolphe pour luy dire qu'il cessoit d'être dans son parti; mais Ro

dolphe ne répondit que par un signe menaçant, & Berniere pouffant à luy son cheval l'étendit mort sur la place du premier coup qu'il luy porta.

En ce même temps Artaud, Archevêque 943. de Reims déposé, pria le Roy de le rétablir & de chaffer l'Archevêque Hugues, le Roy le luy promit, Artaud fortit de SaintBafle, & avec le secours que luy donnérent les Seigneurs de fa famille & particulierement fes freres, il se saisit d'Aumont, le Roy se joignit à eux & attaqua Mouzon; mais il fut repouffé par ceux qui défendoient cette place pour l'Archevêque Hugues, qui fit fa paix peu de jours après avec le Roy auffi-bien que ses freres en la ville de Compiegne où ils attendirent le Roy: ce qui se fit par l'entremise de Hugues le Grand leur oncle & d'Othon Duc de Lorraine, & Hugues demeura Archevêque & s'engagea de laiffer joiiir Artaud paisiblement des Abbaïes de Saint-Bafle & d'Avenay, & d'être à l'avenir dans les interêts du Roy. Le Roy tomba enfuite malade à Paris; pendant ce temps l'Archevêque Hugues alla affiéger le château d'Ambly près de Donchery, qu'il prit & y mit le feu. Il affiégea enfuite Aumont, mais le Roy luy envoya ordre de lever le fiége, ce qu'il fit, après néanmoins avoir pris en ôtage le fils d'Odon qui défendoit cette place.

Les troupes du Roy s'emparérent de Montigny, où les enfans d'Herbert tenoient une garnison, quoy-qu'ils euffent promis de rendre cette place au Roy. André qui y commandoit fut tué, après avoir luy-même tué de sa main celuy qui avoit introduit les troupes du Roy dans la place.

Les enfans d'Herbert furent aussi chaffés d'Amiens, le Comte Hugnes vint à leur secours quoy-qu'occupé à une guerre contre les Normans, & contre l'attente du Roy qui venoit de le faire Duc de France. Dès que le Roy entreprenoit quelque chose contr'eux, il prétendoit qu'il étoit en droit de prendre leur parti sous prétexte qu'il étoit leur oncle; mais la véritable raison étoit qu'il craignoit que le Roy ne devint affez puissant pour n'avoir plus besoin de luy.

1

Aux fetes de Pâques de l'an 945. Bernard Comte de Senlis, Herbert, & Thibault Comte de Chartres fon beau-frere affiégérent le château de Montigny, qu'ils emportérent, le pillérent & y mirent le feu.

Bernard Comte de Senlis prit ensuite le lieu où étoit la Vénerie du Roy, & se saisit de Compiegne où les Rois avoient coutume de faire leur demeure. Le Roy ayant appris cette nouvelle, fortit de Roüen & alla mette le fiége devant Reims, accompagné de P'Archevêque Artaud qu'il vouloit rétablir

944.

945.

« AnteriorContinuar »