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celles que j'ai indiquées, ont été visiblement faites après coup. Le sommet de la tour est couronné par une ceinture de mâchicoulis portant créneaux, le tout en pierre tendre et jaune; travail qui ne remonte pas audelà du XVe siècle, tandis que la tour est une œuvre gothique contemporaine de l'église cathédrale, élevée aussi par les soins du même souverain; et les pierres en petit appareil, employées par couches alternées avec de plus grandes dans la construction, doivent provenir de la démolition d'une tour plus ancienne de trois à quatre siècles environ.

ART ET PHOTOGRAPHIE

PAR M. MAIGNIEN,

Doyen de la Faculté des Lettres de Grenoble.

Séance du 24 mai 1867.

Dans un précédent mémoire, j'ai eu l'occasion de faire voir dans la photographie, ou plutôt dans ses merveilleux produits, une œuvre qui s'est faite toute seule, au moyen de causes physiques et chimiques, et que l'artiste, s'il y en a un là, n'est pour rien dans le résultat absolu. Je dis s'il y en a, parce qu'ici il n'est qu'arrangeur, metteur en œuvre, et qu'à ce titre il ne fait pas plus l'œuvre que dans un atelier de peinture où il conseillerait tel arrangement, telle pose ou telle composition de groupe et d'ensemble. Que si le résultat matériel, l'image visible, n'a pas été entièrement réussi sous le rapport de la distribution des clairs et des ombres, c'est toujours comme connaisseur d'abord, puis comme chimiste, qu'il trouvera le remède et qu'il recommencera à confier aux rayons du soleil l'œuvre à refaire d'un seul coup, sans différence, sans préférence, aussi bien

la tête et les mains que les étoffes, les meubles, la végétation, tout, enfin, ce qui doit composer son tableau. Cette analyse était une simple étude esthétique des particularités de l'art. de tout ce qui y tient et y touche. Ce n'était pas une nouveauté sur ces produits artistiques, mais seulement une explication, une analyse en quelque sorte mathématique, sans métaphores suspectes ou hasardées, et qui n'avait d'autre mérite que d'expliquer ce qui est. Nous disions que dans l'œuvre produite, considérée en elle-même, rien, en dehors de l'esprit d'arrangement et du goût, rien n'y vient de l'artiste, ni le trait vif, ni la touche expressive, ni l'action de la pensée luttant contre les difficultés, ni l'hésitation même, au moment où elle triomphe.

Et si l'image ne répond pas tout à fait à ce qu'on avait espéré, nous disions que cependant, et au point de vue absolu, le résultat réel est ce qu'il doit être, que tout est parfait, même les fautes, en ce sens que la lumière a chimiquement agi d'après ses lois absolues et sans exception, et qu'aucune main n'a failli parce qu'aucune main n'y a touché. Quoique tout cela soit la chose même, tout le monde ne l'a pas compris à la lettre comme je le disais, et l'on s'est un peu figuré que je fesais une analyse satirique de ces résultats que j'appelais cependant merveilleux. N'importe. je ne reviens pas davantage sur cette première étude, et, pour la compléter, je me propose de montrer aujourd'hui tous les avantages artistiques de cette découverte surprenante, pour l'art lui-même, et les précieuses, les incomparables leçons qu'elle donne à l'artiste, avec cette énergie aveugle, mais sûre, qui caractérise le tableau photographique.

Ainsi, avec toutes les réserves que nous avons faites relativement à l'idéal, à la touche personnelle, au style, voyons, sans parti pris, tout ce qu'il y a dans l'œuvre solaire de la reproduction photographique, et les renseignements uniques que nous pouvons y trouver.

A qui la photographie donne-t-elle raison? Quelle école, puisqu'il y a des écoles, pourra dire: Je fais comme la nature, l'épreuve naturelle me donne gain de cause? Sans doute la photographie est loin de représenter toute la nature, mais elle en donne le fond le plus sûr et le plus permanent, et ici. le défaut même devient un élément de vérité et de sûreté dans les comparaisons qu'on peut faire, car la photographie ne flatte pas, n'arrange pas, ne cherche à rien dissimuler, à rien faire valoir, à rien embellir. Elle donne donc d'abord raison au dessinateur. Quand elle est matériellement réussie, elle n'offre rien de lâché, d'incertain, de mou, de négligé; ses contours sont nets; ses lignes sont d'une finesse, d'une pureté dont rien n'approche. Que tout cela soit trop ou pas assez accusé, c'est possible, mais l'action de la nature est là; adoucissez, si vous voulez, ces contours, cette perspective; mais si vous y changez une direction, un mouvement; un point même, vous faites une faute que rectifiera l'image primitive, qui ne raisonne pas, qui ne prouve pas, qui reste impassible et sûre de sa perfection. Elle n'accuse pas assez, semble-t-il quelquefois, les derniers plans; elle accuse trop certains objets des premiers plans, les arbres, par exemple; jusqu'à un certain point, c'est vrai; mais la différence est facile à rétablir, et cependant, à supposer qu'elle se trompe (nous avons vu dans la première partie comment elle est parfaite et relativement vraie,

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