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reconnaître bien vite les défectuosités, les langueurs des reproductions de dessins, même des meilleurs. Il faut en conclure que le meilleur dessin est toujours à une certaine distance, souvent très-grande, du sien pour l'exactitude et la vérité. Dans le cas dont il s'agit, on voit sur-le-champ que la nature même n'a pas été en présence. Pour terminer et ne pas épuiser cette énumération de qualités qui pourra paraître une palinodie, et qui n'est qu'une suite naturelle de notre première partie, la qualité après le défaut, tout autre chose enfin, et je les ai nettement séparés pour éviter toute confusion.... Résumons donc en quelques mots : la photographie avec ses perfections n'a pas le caractère, ni la touche, ni l'esprit de l'artiste. Elle a de graves défauts résultant et de l'action chimique et de l'absence de l'esprit au moment de la production. Par cette action brusque, instantanée, l'idéal lui échappe au moins en grande partie, parce qu'elle ne reproduit que la ligne absolue qui se présente à elle, tandis que l'artiste, qui est fort loin de sa puissance représentative, met cependant dans ses lignes et tout son dessin quelque chose de ce qu'il sait du modèle et du caractère qui, dans le moment de la reproduction, ne se présentent même pas à lui. Il sait ce qui doit y être, un peu plus près ou un peu plus loin, et il en use; il tire une qualité d'un défaut imminent. Mais, dans la photographie, avec toutes les défectuosités dont nous avons nous-même fait le tableau : une exactitude désespérante, une reproduction de détails vrais où succomberaient l'esprit le plus passionné et la patience la plus robuste une perspective qui met chaque chose, le brin d'herbe et l'insecte qui s'y abrite, à son plan avec sa valeur, ses ombres, ses demi-teintes, ses ombres por

tées; tout y est, dans sa perspective linéaire et aérienne; enfin, un art défectueux, dépourvu d'idéal, aux contours durement accusés; mais une maestria infaillible et irréfutable, avec son dessin, sa perspective, son relief, à la perfection desquels il y aurait folie de prétendre.

DISCUSSION HISTORIQUE

A PROPOS

D'UN NOM DAUPHINOIS

PAR M. J. BRUN-DURAND,

Membre de plusieurs Sociétés savantes,
Correspondant de l'Académie Delphinale.

Séance du 24 mai 1867.

Dans une courte et substantielle note complémentaire insérée dans le Bulletin de l'Académie Delphinale, -3 série, t. 1, p. 384, l'honorable et savant conservateur de la Bibliothèque municipale de Grenoble, M. H. Gariel, a émis, relativement à l'un des noms. cités dans une charte de l'an 1262, traduite et publiée par les soins de M. le chanoine Auvergne dans le même. Bulletin (1), une opinion que je lui demande la permission de discuter, avec toute la déférence que m'inspirent sa vaste érudition, sa grande expérience et sa parfaite urbanité.

Il s'agit d'un témoin nommé Gueliscus, qui corrobore par sa présence diverses libéralités faites à l'abbaye cistercienne de Notre-Dame-des-Ayes (2) par Jean de

(1) Pages 339 et 435.

(*) Cette abbaye, fondée vers le milieu du XIIe siècle (1141 en

Bernin, archevêque de Vienne, et sa famille (1). Appuyé sur l'homonymie de ce témoin, avec d'autres personnages mentionnés à divers titres dans deux actes d'hommage et une sentence d'excommunication de la première moitié du XIV siècle, une charte du cartulaire de SaintBarnard de Romans (2) et quatre du Cartulaire des Ecouges (), l'honorable écrivain leur assigne une commune origine et en fait autant de membres d'une famille du Royannais dont le nom se trouve libellé tour à tour dans les actes: Guiliscus, Gueliscus, Gueliscius et Guelinus; tandis qu'il me semble, au contraire, que,

viron), sur le territoire de Crolles, par la dauphine Marguerite de Bourgogne qui y fut inhumée, valait, au dernier siècle, 4,000 livres de rente à sa titulaire.

Marguerite de Bourgogne, fille d'Etienne, administrateur du comté de Bourgogne, et nièce du pape Calixte II (Guy de Bourgogne), avait épousé Guigues IV, premier comte de Graisivaudan qui ait porté le nom de Dauphin.

(1) On ne possédait jusqu'à présent aucunes données sur cet archevêque qui gouverna l'église de Vienne pendant près d'un demisiècle (1218-1266), et dont le nom est tour à tour transformé par les historiens en ceux de Bournin, Burnin, Brenin, Bregnin et Brogniac. Par le fait de cette charte, il est définitivement dit qu'il s'appelait Jean de Bernin, était seigneur de ce lieu et appartenait à une famille qui a donné à l'église d'Embrun l'archevêque Aymar, précédemment abbé de Saint-Pierre de Vienne, mort à Lyon pendant un concile et enterré dans l'église de son ancienne abbaye en 1245, ayant gouverné pendant sept ans l'église d'Embrun.

(2) Essai historique sur l'abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans. Première partie, Preuves, par M. Giraud, ancien député, etc. Lyon, Louis Perrin, 1856. In-8°, page 64.

() Documents inédits relatifs au Dauphiné. Cartulaire de StRobert et Cartulaire des Ecouges, édictés par les soins de M. l'abbé Auvergne. Grenoble, Prudhomme, 1865. In-8°, pages 86, 87, 134 et 164.

de même que les noms d'Artaud et d'Aynard fréquemment portés dans le moyen âge n'impliquent nullement une parenté avec les Aynard de Domène et les Artaud d'Aix (1), celui de Guélis, pour la plupart de ces personnages, est une dénomination individuelle qui n'a rien à voir avec celle de la famille, en un mot, un nom de baptême, un prénom correspondant à Gilles, en tudesque Ghislain, qu'on retrouve dans Gillin et Guillin (2), et dont la forme féminine est Gilla, Guilla et Guilina (3). Du reste, pour établir cette assertion d'une manière péremptoire, il suffit, je crois, d'analyser successivement les divers titres invoqués. C'est ce que je me propose de faire avec concision et brièveté.

En elle-même, la question est infime et de médiocre intérêt sans doute, mais elle emprunte une certaine valeur au document qui en est la cause première, cu

(1) La famille Artaud, que G. Allard et Chorier disent issue d'un puîné des comtes de Diois, portait les mêmes armes que la ville de Die de gueules au château à trois tours d'or.

:

Les Aynard, appelés plus tard de Monteynard, sont une puissante famille connue dès le X siècle, dont les armes sont de vair, au chef de gueules chargé d'un lion issaut d'or.

(2) Deux comtes de Valentinois ont porté le nom de Gillici transformé quelquefois en celui de Geilon :

Gillin er, mari de Gothelene et ensuite de Raimote, connu par diverses chartes du Cartulaire de Saint-Chaffre es années 937, 940, 956 et 961;

Gillin II qui fit, en 1039 et 1077, quelques donations à la même abbaye.

Dans le Cartulaire de Romans, nous trouvons: Guilinus de Parnantio, bienfaiteur de cette église au XI• siècle.

() Gilla fils donna une terre à l'abbaye de Romans du temps de l'archevêque-abbé Burchard (1000-1030).

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