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UN NECROLOGE

DE LA VILLE DE GRENOBLE

Par M. EDMOND MAIGNIEN

Membre correspondant.

Séance du 28 janvier 1867.

Le nécrologe dont je viens vous entretenir, et qui appartient aux archives de l'Isère, n'est pas très-ancien ; il doit avoir été écrit vers le milieu du XIVe siècle. Ce sont différentes particularités, et surtout plusieurs faits ayant rapport à notre histoire locale, qui m'ont engagé à l'étudier. Souvent ces documents sont très-curieux, soit parce que des communautés religieuses ont relaté à différentes époques l'élection et la mort de leurs supérieurs, soit parce que des corps judiciaires ont mentionné des faits relatifs à leur institution. Ces pièces forment souvent des éphémérides très-curieuses; c'est ce que présente notre manuscrit qui a très-probablement appartenu à quelque président ou conseiller au parlement de Dauphiné, ou peut-être encore au chapitre de l'église Saint-André. Nous ne donnerons pas une analyse minutieuse de tous les détails et notes qui y sont

consignés, mais seulement ce qui nous a paru le plus intéressant, et nous allons le résumer: En tête de chaque mois se trouve indiqué le régime qu'il faut suivre; nous en donnons un exemple pour le mois de janvier : « In » hoc mense non est bonum sanguinem minuere sed » electuarium sumere, vinum omni die bibere, propter >> effusionem. » Voici maintenant quelques faits qui peuvent présenter un certain intérêt historique : Nous trouvons, le 17 février 1435, la mort de Jean de Barra, trésorier dalphinal; le 6 mars 1391, la mort d'Enguerrand d'Eudin, gouverneur du Dauphiné (') : « Ista » die (6 mars) M CCCXI obiit dominus Enguerrandus » de Eudino gubernator dalphinalis, qui pro una missa » pro defunctis cotidie alta voce et solempniter cele» branda in ecclesia Sancti Andree in qua dedit esse » certus numerus tam canonicorum quam capellano» rum et clericorum dicte ecclesie dedit domum Cas» telleti prope Planam cum suis juribus pertinenciis » que missa debet celebrari in capella Beati Petri sub>> tus cympanile.

Dans le mois de mai est mentionnée la mort d'Humbert II (22 mai 1355), jour où l'on célébrait dans l'église Notre-Dame un anniversaire pour les Dauphins: << Die XXII maï M CCC LV decessit dominus Humbertus » dalphinus qui dedit Dalphinatum suum regi Francie >> cujus anima requiescat in pace. Amen. Qua eciam die » celebratur in ecclesia beate Marie anniversarium ge>>nerale dominorum dalphinorum cujus anniversarii

(1) Son tombeau était dans l'église Saint-André, près de la chapelle Saint-Louis.

» libram solvit rector capelle beate Marthe in ipsa ec»clesia fundate per alterum ex clericis istius camere >> eciam tenet solvere dominus auditoribus et clericis » quolibet anno in vigilia nativitatis Domini unam li» bram cere candellam pro suis horis. >>

Le 9 juin 1473, nous trouvons la mort de Jean, comte de Comminges, gouverneur du Dauphiné (vulgariter vocatus lo Bastard d'Armagnac). Le même jour du mois suivant, M. de Chasteauvillain prit possession de l'office de gouverneur et lieutenant-général du roi en Dauphiné pour et au nom de messire Louis, seigneur de Crussol.

Le 15 du même mois (1474), le jour de la fête de saint Xpistophore, Rodolphe de Commiers, chevalier, fut tué par les deux frères, l'un seigneur de Revel, l'antre seigneur du Mollar, dans le lieu appelé le Bachet, au mandement de Montbonnot:

« Ista die sancti Xpistophori M CCCC LXX IIII fuit in» terfectus dominus Rodolphus de Commeriis miles per » dominum Revelli et dominum de Mollario ejus fra» trem et suos sequaces in loco du Bachas mandamenti > Montisbonodi et XXV de suis sequacibus. >>

Le 4 août 1461, on célébra dans l'église Saint-André une messe ponr le repos de l'âme de Charles VII. L'évêque de Grenoble officia à cette cérémonie.

Le 17 du même mois 1385, mourut Charles de Roville, gouverneur du Dauphiné :

<< Die XVII mensis Augusti M CCCV obiit dominus » Karolus de Rovillo, gubernator dalphinatus, cujus >> anima requiescat in pace. Amen. Et fuit sepultus in ⚫ ecclesia beati Andree Grationopolis ubi reliquit unam » missam qualibet die ibidem celebrandam pro defunc

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>> tis alta voce cantandam in qua debent interesse IX >> servitores. >>

Le 18 septembre 1467, Louis XI entra à Grenoble : << Et circa horam primam post meridiem visitavit hanc » suam cameram computorum pluribus baronibus et >> dominis de suo domo associatus. »

Voilà les notes qui se trouvent dans le cours du nécrologe. Maintenant je vais citer deux faits, consignés aussi dans ce manuscrit, qui intéressent l'histoire de Grenoble le premier rappelle que des processions ont été faites à Grenoble, en 1450, pour préserver la ville de la peste ou de toute espèce d'épidémies:

<< In mense maii anno Domini millesimo CCCC° quin» quagesimo tam propter serenitatem aeris et ut a Deo >> haberentur pluvie quibus fructus terre multum indi» geret quam eciam ut populus a peste epidemie de » qua dubitabatur preservetur, fuerunt facte proces»siones generales in presenti civitate Grationopol. » Deinde die XXa ejusdem mensis, facta processio gene» ralis et portata ymago beate Marie Virginis Domine » nostre cum crucibus ecclesiarum ab ecclesia catedrali » dicte civitatis extra villam usque ad fontem vocatum » Abbacie. Deinde diebus XXI ejusdem mensis apud Sanc» tum Fergeolum et XXIIa ejusdem mensis apud Sanctum » Martinum Vinosum in quibus locis fuerunt omnes >> religiosi sacerdotes et ecclesiastici dictarum ecclesia>> rum et eciam omnes cives, et indictis locis sancto>> rum Fergeoli et Martini pedibus nudis omnes puelle » dicte civitatis portantes dicte puelle quelibet unam » candelam cire ardentem.. »

Il s'agit ensuite d'autres processions faites en 1469, ayant pour objet d'attirer sur Grenoble les bénédictions

du ciel, en faisant décroître les eaux de l'Isère qui effrayaient les habitants de cette ville par leur impétuosité.

Voici cette note :

<< Millesimo CCCC sexagesimo nono et die octava » mensis Augusti ripperia Ysere a meridie usque circa >> decimam horam ante mediam noctem veniens à Monte » Senisio (Mont-Cenis) prata inferiora et gerbena des>> truxit et submersit, que videntes ecclesiastici beate » Marie Grationopoli circa horam cymballi pulcram » fecerunt processionem et immediate post aqua cres» cere fluere cessavit. >>

Voici maintenant qui nous intéresse au point de vue tant de l'histoire que du sentiment patriotique. Ce sont trois oraisons dites en Dauphiné pour la délivrance de Jeanne d'Arc. La première se disait après le Gloria; la deuxième, après l'Offertoire, et la troisième après l'Ablution

Prima oratio pro liberatione Johanne Puelle.

Omnipotens sempiterne Deus qui tua sancta et ineffabili clemencia virtute que mirabili ad exaltationem et conservationem regni Francorum ac etiam ad repulsionem, confusionem ac destructionem inimicorum ejus, puellam venire jubsisti et eam in sacris precepti tui operibus vacantem per manus eorumdem incarcerari permisisti, da nobis, quesumus, intercedente beata semper Virgine Maria, cum omnibus sanctis, illam ab eorum potestate illesam liberari et que per te ei in eodem actu jussa sunt formaliter ad implere per Dominum nostrum, etc.

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