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décidèrent enfin de la victoire; les barbares furent dissipés leur foiblesse, après les échecs multipliés qu'ils avoient reçus, et la connoissance qu'ils venoient d'acquérir, à leurs dépens, de la puissance des Romains, les empêcha de rien entreprendre, de long-tems.

La cause qui empêcha alors les Francs et les autres peuples de la Germanie de remuer sur le Rhin, fut que les grands coups se portoient sur le Danube. Les peuples qui étoient aux prises avec les Romains, avoient appelé les autres à leur secours : la guerre contre ces conquérans étoit le mot de ralliement. Les restes échappés au fer de l'ennemi, reprirent le chemin de leur pays, repeuplèrent leurs déserts, et attendirent, pour en sortir, qu'il se présentât une occasion favorable.

Profitons de ce moment d'inaction pour faire connoître quels étoient ces peuples dont nous descendons, qu'on va voir lutter, pendant deux siècles,

131 contre l'empire Romain, et lui enlever la plus précieuse de ses possessions; mais qu'on ne craigne pas que la manie si ordinaire de parler de ses ancêtres, change rien au plan de brièveté de cet ouvrage, et à la rapidité de sa

marche.

Nous avons vu quels étoient les Francs, la confédération des différentes nations qui les composoient, et les pays qu'ils habitoient. On sent le plaisir qu'il y auroit à satisfaire également le lecteur sur les doutes des premiers tems, et à lui dire si ces peuples étoient originaires des contrées qu'ils habitoient ou s'ils étoient venus d'autres climats. Mais tout ce qu'on aussi sau

peut assurer sur un pays vage que l'étoit alors l'Allemagne, où les déplacemens et les émigrations étoient fréquens, est que plusieurs de ces peuples, selon toute apparence, n'étoient pas indigènes; que cependant ils ne venoient ni des Palus Méotides,

ni de pays aussi éloignés; que quelques-uns, tout au plus, pouvoient être venus de la Pannonie, selon un passage de Grégoire de Tours, et ce furent probablement ceux qui combattirent avec les Gots contre l'empereur Decius. Comme la ressemblance dans les mœurs désigne de la proximité dans les habitations, il en faut conclure que les Francs, qui avoient à peu près les mêmes mœurs, ne venoient pas de lieux fort éloignés les uns des autres.

Les Francs étoient un composé des peuples qui étoient entre le Rhin et l'Elbe, joints aux restes des Sicambres et des Bructères, soufferts par Constant sur l'autre rive du Rhin (a). Ils rejoi

(a) M. Fevret de Fontette, dans sa Bibliothèque historique de France, résume ainsi les recherches de Béat Rhenan, savant très-versé dans l'histoire, tome I, imprimé en 1769.

Les François sont Germains d'origine; ils habitoient les côtes de l'Océan septentrional, ayant pour yoisins les Saxons. Ils sortirent de leur pays environ

gnirent les autres Sicambres transportés par Auguste dans la Gueldre, la Zélande et la Germanique, se trouvèrent aussitôt en forces, occupèrent une partie du pays qui est entre ce fleuve et la Meuse, dépendant de la première Germanique, et s'étendirent insensiblement dans le pays de Liège et le Brabant, composant le canton appelé

l'an 309, sous l'empire de Constant, et ravagérent la Batavie et l'extrémité des Gaules : les pays les plus éloignés se sentirent aussi de leurs pirateries; ce qui leur fut fort aisé par rapport à leur situation sur les bords de la mer. Ce n'est pas qu'ils n'eussent été souvent défaits; mais leur envie de s'établir dans les Gaules, et de suivre les exemples des autres nations, surmonta tous les obstacles. Ils s'avancèrent vers le Mein et la Sala, et occupèrent enfin la rive droite du Rhin, sous Constant, fils de Constantin. C'est alors qu'ils prirent la ville` de Cologne, qu'ils remirent à l'empereur Julien, en faisant la paix.

Ces paroles renferment le sens de la dissertation de M. Biet, couronnée par l'académie de Soissons en 1736. Cette dissertation est appuyée de deux autres très-profondes de MM. Ribaud de Rochefort et l'abbé le Beuf.

la Toxandrie (a). Soumis par Julien, comme on le verra, ils plièrent sous

(a) Les Saliens habitoient le bas-Brabant et l'évêché de Liège jusqu'à Tongres, qui n'étoit pas encore à eux du tems de Julien, puisque nous voyons dans Ammien Marcellin, que ce Prince étant en marche contre les Saliens, leurs députés vinrent le trouver à Tongres; qu'il les suivit et entra aussitôt dans leur pays. Le même auteur nous dit qu'il les traita favorablement, parce qu'ilss' humilièrent et se soumirent à lui. Il résulte de là que le pays qu'ils habitoient, n'étoit pas éloigné, puisqu'au sortir de Tongres il y entra; ainsi ce ne peut être que le pays de Liège et de Brabant. Aussi le président Fauchet nous dit-il, ch. 3 de ses antiquités, que les Saliens étant venus se loger dans la Toxandrie, près de Tongres et la rivière de l'Escaut, Julien leur permit d'y demeurer; que les Francs étoient pour la plupart habitans de la Gaule, et voisins de Cologne, en tirant vers la Gueldre et la Hollande ; qu'il pouvoit y en avoir dans la Frise et sur les confins de la Westphalie. Quand donc, continue-t-il,» Julien >> eut contraint les Francs à demeurer en Gueldre, » en Hollande et Brabant, voire partie de Liège, » Namur et Hainaut, les uns se mirent à écumer » la mer, les autres au service des empereurs. «< Ce qui donne du poids à ce récit, est qu'il y avoit deux corps de Saliens, l'un vieux, et l'autre nou veau, au service des Romains. Voyez Mézerai.

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