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usage aussi honorable qu'utile, mais ils n'excellèrent pas également dans les jeux du théâtre et la danse; cette dernière étoit réduite à la grue qui se dansoit en rond, à peu près comme la première figure de nos contredanses, et qu'ils tenoient des Phocéens.

Ces hommes désœuvrés et ignorans étoient, par une suite naturelle de leur fainéantise, enclins au vin et à la boisson des liqueurs spiritueuses: des écrivains contemporains leur reprochent leur ivrognerie (a). Cependant leurs sentimens dans leur inaction

(a) Les Marseillois et les habitans de la Gaule Narbonnoise étoient les seuls qui eussent des vignes avant César. Les Belges avoient prohibé le vin, comme tendant à amollir le courage les Celtes au contraire le recherchoient avec passion, au point qu'ils donnoient un esclave pour un pot de vin. Après la conquête des Romains, ayant tiré du plant de la Provence et du Languedoc, ils le multiplièrent avec tant d'excès, que Domitien l'an 92 ordonna d'en arracher la moitié, et défendit d'en planter davantage; ce qui s'exécuta jusqu'à l'ordonnance de Probus qui en encouragea la culture.

avoient de la noblesse ; ils étoient généreux, même à l'égard de leurs ennemis, et exerçoient religieusement les droits de l'hospitalité (a). On alloit au devant d'un étranger qu'on appercevoit, on se disputoit à qui le loge roit; la réception dans l'intérieur de la maison répondoit à ces dehors affec tueux. Le voyageur ne payoit nulle part; on se trouvoit trop heureux de

(a) Les Bourguignons ne voulant pas être en reste de générosité avec les Gaulois qu'ils confondoient sous le titre générique de Romains, en ont fait un article essentiel de leur loi Gombe:te, conçu en ces termes : « Quiconque aura refusé sa maison <«< ou son feu à un étranger, paiera trois écus d'a« mende; si un voyageur demande le couvert à « un Bourguignon, et qu'il lui montre la maison « d'un Romain, il payera au Romain trois écus ☛ et autant à l'étranger. Le métayer qui aura refusé «l'hospitalité sera fustigé. »

Ces anciennes et précieuses mœurs se corrompi rent bientôt au point que nous voyons en 544 un concile tenu à Clermont en Auvergne enjoindre aux prêtres d'exhorter leurs paroissiens à recevoir les passans, et à ne leur point vendre les vivres plus cher qu'au marché.

l'avoir accueilli si les provisions de son hôte s'épuisoient, on lui ménageoit un hospice abondant. Un Celte poussoit la prévoyance jusqu'à laisser sa porte ouverte pendant la nuit, dans la crainte qu'un voyageur fatigué ou égaré ne passât outre. Celui qui refusoit l'hospitalité, étoit noté d'infamie et condamné à une amende pécuniaire. Ces peuples, quoique puissans par Commerce leur population et riches par leurs métaux, ne figuroient pas avec l'éclat que devoient leur procurer ces avantages. La cause de cette obscurité fut le défaut de commerce; ils n'avoient pas monté, dans ces lieux d'inertie, cette roue précieuse avec laquelle il sait faire circuler les richesses, multiplier les moyens, exciter l'activité et procurer l'abondance: ce n'est pas qu'il fut tout-à-fait inconnu; mais il se réduisoit à quelques échanges sur les côtes de l'Océan, par Bordeaux Nantes, Vannes et le port Ictius, qu'on Cy

soupçonne être Boulogne; et sur celles de la Méditerranée par Marseille, avec des marchands Grecs et Phéniciens qui donnèrent le premier branle à la roue.

Mais ce mouvement étoit encore bien lent il étoit réservé aux Romains, quoique peu partisans du commerce, d'en étendre les ressorts dans les Gaules, et d'en assurer la durée par le jeu qu'ils lui donnèrent sur un terrain vaste et uniforme. Cinq compagnies de négocians, sous la direction d'un chef des nautonniers (a), étoient chargées de l'approvisionnement des Gaules; il se faisoit par les cinq grandes rivières qui les arrosoient. Le bien public que les Romains ne perdirent jamais de vue, et l'utilité de leurs fonctions en avoient fait des magistrats. Cette institution, qui remonte au tems de César (b), et

(a) M. Le Goux de Gerland, pag. 106, donne la description du tombeau d'un de ces chefs, sur lequel on lit Nauta Avaricus.

(b) V. les Commentaires de César : Erant quin

peut-être plus haut, existoit encore à l'époque du démembrement des Gaules sous Honorius; chaque grande rivière avoit ses ports particuliers, Auxonne, Verdun, Saint-Jean-de-Losne, paroissent, d'après les conjectures de l'historien de Bourgogne, et selon qu'on peut en juger par les monnoies gauloises qu'on y a trouvées, avoir été autant de ports situés sur la Saône. Le commerce, ainsi honoré et appelé pour soutenir et nourrir l'état, couvrit les canaux de ses richesses, et porta l'abondance et l'agrément jusques dans les forêts et les montagnes.

Ce qui contribua le plus au développement du commerce, et assura ses succès, furent ces grandes voies romaines qui établirent la correspondance entre toutes les parties de l'empire; le commerce se jeta dans ces

que corporati navigatione: Avarici, Ligerici, SequaAdruentii, Petrocorii.

nes,

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