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que

d'hommes éclairés; les ignorans, les fiècles fuivans rapportent fur leurs débris, s'étonnent à la vue de leurs reftes; & lorfque la terre les a enfevelis dans une feconde couche, c'eft aux générations fuivantes qui fouillent dans les deux à en faire la diftin&tion: l'une brute, leur paroît méprisable comme la matière qu'elle renferme l'autre différenciée par les fragmens d'ouvrages favans, & par les belles formes que confervent encore les marbres & les métaux, paroît à leurs yeux avec l'éclat d'une terre mêlée de diamans, & avec la vénération due aux hommes éclairés qui l'ont habitée ; ils refpectent leurs dépouilles, ils admirent leurs connoiffances, ils payent à leur mémoire un juste

tribut d'éloges, en même temps qu'ils laiffent tomber un œil méprisant fur la couche barbare qui forme une barrière entre eux & les fiècles lumineux dont ils voient les veftiges. C'est ainsi, qu'après cinquante fiècles, les belles formes que prirent les arts fous la main généreufe de Louis XIV, & le génie dont les anima le fouffle créateur de ce grand roi, feront encore dans les ruines l'admiration des hommes qui habiteront la Gaule, quand même elle feroit couverte de Turcs & de Tartares.

Depuis tant de temps que le philofophe s'écrie, que la terre ouvre fes flancs, & qu'à l'infpection des couches qui compofent fon volume elle les étonne, & les inftruise comme par la lecture des fauilles

feuilles d'un livre lumineux. Elle a été fourde à fes cris, mais la conftance de l'observateur a triomphé de son opiniâtreté; il a pénétré avec le fer dans quelques-uns de fes replis, & a porté un œil avide dans les cavités qu'elle a creusées, & fur les matières qu'elle a rejetées dans des momens de fureur. Quel étonnant spectacle, que l'homme forçant la nature,l'obligeant à se développer & à lui révéler les fecrets qu'elle fe proposoit de cacher, ou qu'elle réfervoit pour d'autres temps ! Les vérités font rarement les fruits du hazard, elles ne fe montrent guères qu'à ceux qui les cherchent. C'eft fur ces obfervations que le philofophe & l'hiftorien ont fondé leur travail & pourfuivi leurs études: l'hiftorien furb

tout a fenti que c'eft fur de telles recherches, & fur la garantie de pareils monumens, que doivent être fondés fes récits pour ces temps perdus, dont les titres font ufés, & la tradition oubliée; il a jugé avec raifon que c'étoit dans le fein de la terre qu'il devoit puifer fes preuves.

La furface des Gaules, par exemple, offre aux regards de l'obfervateur une vafte colle&ion d'antiquités en tout genre ; elles lui rappellent que ces contrées, avant que d'avoir été habitées par les Francs, les Bourguignons, les Vifigots, les Bretons, les Normands, Favoient été par les Romains, que les Grecs & les Afiatiques les y avoient précédés ; que les Phéniciens & les Carthaginois les avoient

fréquentées avant ces derniers, & avoient établi un commerce avec les Celtes, qui étoient les premiers habitans connus de cette terre. A la vérité, les monumens hiftoriques du moyen âge finiffent là; mais ces Celtés, pour être les plus anciens peuples connus, étoient ils les premiers? Et ne peut-on pas penfer qu'ils avoient paru à la fuite d'une révolution qui en avoit fait difparoître d'autres, puifqu'à une profondeur très-confidérable, & fous des rochers très-épais, on a trouvé des hommes pétrifiés? (1) Ainfi voila un chaînon de plus à la chaîne des antiquités gauloifes, & il faut qu'elle s'étende encore à une grande diftance

pour arriver jufqu'à cet

(1) Voyez M. de Buffon, hist. nat.

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