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Defirs fut conduite dans une grande Plaine, au bout de laquelle étoit un bâtiment prodigicux tout partagé en fales & en galeries pleines de Boutiques fi fuperbes, qu'il n'y a, pour y trouver une comparaifon, qu'à fe fouvenir des magnifiques Banques de Marli. A chacune de ces Boutiques il y avoit de jeunes & d'agréables Fées, & auprès d'elles, pour les aider, les perfonnes qu'elles aimoient le mieux. Auffi

tôt que Defirs parut, fes agrémens charmerent tout

le monde, elle prit poffeffion de tous les coeurs. Aux premieres Boutiques où elle s'adreffa, elle fit grande pitié en demandant le fard de jeuneffe, aucun ne lui vouloit dire où il fe trouvoit, parce que quand ce

n'étoit pas une Fée qui le

venoit chercher, il defi

gnoit un fupplice pour la perfonne qui étoit chargée de cette dangereuse commiffion.

Les bonnes Fées difoient à Defirs qu'elle s'en retournât, & qu'elle ne demandât plus ce qu'ellecher

choit. Elle étoit fi belle, qu'on couroit au devant d'elle aux lieux où elle paffoit. Son malheur la mena à la fatale Boutique d'une mauvaise Fée. A peine cutelle demandé le fard de jeuneffe de la part de la Reine des Fées, que lui lançant un regard terrible, elle lui dit qu'elle l'avoit, & qu'elle le lui donneroit le lendemain, & lui commanda de paffer dans une chambre pour attendre qu'il fût préparé. Mais on la mena dans un lieu tenebreux & puant, où elle ne voyoit goute.

Elle fut atteinte de quel

a

que terreur: Ah! dit-elle : aimableamant de Plus belle que Fée, hâtez-vous de me fecourir, ou je fuis perduë. Il fut fourd à sa voix ou dans l'impoffibilité d'agir en ce lieu là, comme il avoit fait dans les autres. Defirs fe tourmenta une partie de la nuit, elle dormit l'autre, & fe fentit reveillée par une agréable fille qui lui vint dire en lui portant un peu de nourriture, que c'étoit de la part du favori de la Fée fa maîtreffe, qui s'étoit refolu de

la fecourir; qu'elle feroit heureuse fi cela étoit, parce que la Fée avoit envoyé chercher un méchant efprit, afin qu'il vinst lui fouffler au nez de la laideur, & qu'en cet état difforme & plein d'ignominie, elle la renvoiroit à la Reine des Fées, afin qu'elle fervît au triomphe de leurs reffentimens. La Princesse Defirs penfa mourir de frayeur à cette menace de perdre tout d'un coup tous fes charmes, & elle fouhaita de mourir.

Son tourment étoit hor

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