hance en 888, défendant au prêtre de commencer le canon que le Sanctus ne fût fini; Secreta prefbyteri non inchoent,antequam Sanctus finiatur. Et cela convient avec ce que le prêtre vient de demander à Dieu de pouvoir s'unir avec les Anges, & ne faire qu'une feule voix avec eux : & le Micrologue dit, que le prêtre doit neceffairement chanter cette hymne avec les autres, de peur qu'il ne femble fe priver lui-même de l'ef fet de fa priere.

D. Comment chantoit-on autre fois le Sanctus ?

R. Le chant du Sanctus étoit autre fois fur le ton même de la préface, le prêtre continuoit à le chanter fur les mêmes nottes, & le chœur fe joignoit à lui. Raoul de Tongres prétend que c'eft fans autorité qu'on y a depuis ajoûté un fi grand nombre de nottes dans les Eglifes des feculiers; on le chante encore à Milan & chez les Chartreux tous les jours felon fa premiere fimplicité, comme aux jours de ferie & aux meffes des morts. Dans plufieurs anciens miffels, comme celui de Paris de l'an 1481, on le trouve noté à la fuite même de la préface.

Quand on eût commencé à charger le Sanctus de notes, & que le prêtre eût ceffé de le chanter feul ou avec le choeur; pour

l'occuper jufqu'à la fin, on lui fît dire en particulier de longues prieres qui fe trouveut dans tant d'anciens miffels,& qui com→ mencent par ces mots Ante confpectum divine majeftatis.. parce qu'il ne pouvoir commencer le canon que le Sanctus ne fût fini.

D. Quelque rapport le Benedictus a-t-il avec le Sanctus, & pourquoi le chante-t-on immédiatement après ?

R. Le Benedictus n'a point de rapport au Sanctus; en plufieurs Eglifes on le dit après l'élevation; en d'autres, comme à Lyon & à Paris, & dans toutes les meffes de la faculté de Theologie on ne le fepare jamais du Sanctus, on le dit tout de fuite fans avoir égard à l'élevation qui pourroit fe faire pendant ce tems.

C'eft une acclamation des fidelles au fujet de la venue du Meffie: le figne de croix qu'on fait en le difant n'eft que pour apprendre que J. C. de qui on parle eft la fource de toute bénédiction par la mort & fes fouffrances.

Depuis qu'en a chargé le Sanctus de not→ tes, & qu'il eft devenu tres-long à chanter, on s'eft vû obligé d'en féparer le Benedictus. D. Qu'est-ce que le canon de la messe, & qu'elle eft fon origine?

R. Le canon de la meffe eft le

corps des

prieres qui précedent ou qui fuivent la bénédiction ou confecration de l'Euchariftie: L'origine de chacune de ces prieres est fort difficile à trouver, il eft toûjours vrai de dire que le premier auteur du canon eft nôtre Seigneur J. C. dans l'inftitution de l'Euchariftie, lorfqu'il dit : Prenez mangez, ceci eft mon Corps, faites ceci en mémoire de moi: Beuvez en tous car ceci eft mon Sang. Voilà le fond du canon, mais on le fait préceder de plufieurs prieres particulieres.

D. Difoit-on autre fois le canon à voix haute & intelligible?

R. Oui, l'Empereur Justinien en fit même une loy particuliere pour les Eglifes d'Orient qui s'observe encore aujourd'hui chez les Grecs, ou les paroles de la confécration font entendues par le peuple qui y répond Amen.

Dans l'Occident la même chofe s'eft encore obfervée jufqu'environ l'onze & lexi. fiécle. Florus Diacre, qui vivoit dans le neuviéme, marque pofitivement dans fon Commentaire fur le canon de la meffe, que l'on répondoit Amen à la confecra tion; Amen quod ab omni Ecclefia refpondetur interpretatur verum; hec ergo ad tanti myfbcc terii conjecrationem ficut & in omni legitima oratione refpondent fideles & refpondendo fubfcribunt. Pafchase abbé de Corbie, mort

en 865, dit qu'après la priere qui confacre le Corps & le Sang de J. C. nous réuniffons nos voix pour répondre Amen. Et c'est ainfi que l'Eglife de tout païs, & en toute langue loue Dieu & le prie. Auffi dans l'onziéme & le douzième fiécle, l'auteur des divins offices fous le nom d'Alcuin, Innocent III. Honoré d'Autun, Jean Beleth, Durand, & les autres regardent comme une nouveauté de le réciter à voix basse, de maniere qu'on ne foit prefque plus entendu des affiftans; ils difent tous, Cum antiquitùs, primitus, publicè, & altâ voce canon di

seretur.

L'auteur des divins offices, fous le nom d'Alcuin, Innocent III. & les autres difent qu'on a ceffé de le réciter à voix haute, de peur que des paroles fi facrées ne vinflent à s'avilir en devenant communes & triviales, de ma niere que les gens fimples & les enfans les chantaffent dans les rues & dans les places publiques; & que des bergers qui s'aviferent de les chanter au milieu des champs, furent par une permiffion divine fubitement frapez de la foudre ; mais l'auteur du Pré Spirituel Jean Mofchus, qui vivoit au feptiéme fiécle, & qui rapporte l'hiftoire de la punition de ces bergers, .ne dit point que cela ait donné occasion à réciter le canon à voix baffe: c'eft le faux Alcuin

123.

qui fe l'eft imaginé. Mais fans avoir égard à ce récit il paroît par Mofchus même qu'il n'y avoit que quelques Eglifes de la province d'Apamée, où l'on difoit à haute voix les paroles du facrifice; ainfi cela ne fe pratiquoit gueres ailleurs en Orient; Confuc- Cap. 196. verunt quibufdam in locis altâ voce prefbyteri fancti facrificii orationes pronuntiare. L'ordonnance que fit l'Empereur Juftinien Nevil. montre évidemment que cela ne s'obfervoit point pour lors dans fon Empire : & ce n'eft peut être que depuis cette ordonnance, qu'on a inferé dans les liturgies Grecques de dire à haute voix les paroles de la confecration: & auffi le concile de Laodicée marque que des trois oraifons de la liturgie, la premiere se disoit dans le fecret en filence; Sub filentio ; mais dans l'Eglife Latine depuis le dixiéme fiécle l'ufage & la Can. 19. regle a été univerfellement de dire 'le canon à voix baffe.

L'auteur des divins offices fous le nom d'Alcuin, dit que la coûtume eft venuë dans Cap. 40. l'Eglife que la priere Te igitur, & la confecration fe difent tout bas par le prêtre. Yves de Chartres faifant voir la convenance entre l'ancien & le nouveau Teftament, dit que dans le canon le prêtre prie en fecret, imitant J. C. dans le Jardin qui y pria trois fois en fecret & feul; & fe con

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