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auffi qu'on prioit pour les Rois & les Em pereurs quand ils vivoient en payens, à plus forte raifon, dit-il, doit-on prier pour eux s'ils font Chrétiens & s'ils vivent dans Catech. s. la pieté S.Cyrille de Jérufalem dit de même que le prêtre prie dans le facrifice pour la tranquillité des Etats,& pour les Rois. EufeLib.4. de be parlant de la dédicace de l'églife de Tyr, remarque qu'on y pria pendant le facrifice pour l'Eglife, pour l'Empereur & pour ses

vit.Conf.

6.45.

enfans.

Dans le Te igitur on prie auffi pour le Pape & pour l'Evêque. Le fecond concile de Ban. 4. Vaifon en 529 en fit un reglement : il nous a paru jufte de nommer dans nos Eglifes le Pape qui eft affis fur le fiége Apostolique; Fuftum vifum eft ut nomen Domni Papa quicumque fedi Apoftolica prafuerit, in noftris Ecclefiis recitetur. On ne peut dire quand cela a commencé, & fi cela s'obfervoit par tout; ce canon marque aflez que cela ne fe faifoit pas auparavant en Espagne, l'ufage fut d'abord de prier pour fon Pafteur, c'està-dire pour l'Evêque du lieu, comme on fait encore dans les prieres de Laudes & de Vepres; Oremus pro paftore noftro. A Rome où le Pape étoit aufli l'Evêque, on commença par le nommer comme Pape, enfuite on le nomma dans les autres Eglifes après le Pafteur, & c'étoit en nommant le

Pape qu'on marquoit fon union ou fa communion avec le faint Siege, comme le dit Hugues de Flavigny dans fa Chronique; Noverit fe à communione totius orbis feparari Pag 128. quicumque nomen Apoftolici pro qualicumque diffenfione in canone non recitaverit. L'Auteur des divins Offices, fous le nom d'Alcuin, rapporte ces mêmes paroles qu'il at- cap. 10. tribue au pape l'elage,

D. Quelles cérémonies obferve le prê tre en difant le Te igitur?

R. Le prêtre en commençant Te igitur, leve les yeux en haut parce qu'il s'adreffe au Pere qui eft dans les cieux; Te igitur clementiffime Pater. Le prêtre étend auffi les mains; Origene dit, qu'en étendant les mains & élevant les yeux au ciel on exprime en quelque forte à l'exterieur les difpofitions où doit être l'ame pendant l'oraifon. C'eft auffi la penfée de faint Auguftin Lib. de qui dit qu'il eft bon de donner au corps mortuis la fituation la plus convenable à un fup- 6, 5. pliant, comme de prier à genoux ou profterné par terre, ou les mains étenduës; Orantes de membris fuis faciunt quod fuplican tibus congruit, cum genua figunt, cum exten, dunt manus, vel etiam profernuntur.

A ces paroles, Benedicas, hac dona, has munera, hac fancta facrificia. On fait trois bénédictions, ce qui vient de ce qu'autre fois les oblations fe mettoient de côté &

Cur. pre

d'autre fur l'autel à côté de celle qui eft destinée à communier le prêtre, comme nous faifons quand on confacre des hofties en grand nombre fur le corporal: & cela eft dans l'ordinaire des Chartreux, qui marque que s'il y a plufieurs hofties à confacrer, on les doit mettre de part & d'autre à côté de celle qui eft deftinée pour le prêtre.

Au Romain on baise l'autel à ces paroles, Suplices te rogamus, c'est-à-dire, qu'on s'incline profondement car les Chartreux ni les Jacobins, ni les Carmes ne baifent point encore l'autel à ces paroles; ainfi ce baifer ne marque qu'une inclination profonde.

Cette priere, comme toutes les autres du canon, s'adreffe au Pere au nom du Fils, c'étoit l'ancienne maniere de prier. Voyez faint Justin, Apolog. 2.

D. Expliquez-nous ce qui regarde la fe conde oraifon du canon appellée le me mento?

R. Le memento eft la fuite de Te igitur. Après avoir prié pour l'Eglife, pour les Evêques, pour les Princes, pour les Moines, pour les captifs, & pour les autres fidelles, on prioit pour les affiftans qui a◄ voient offert de leurs biens à Dieu & à l'Eglife, c'étoit la reconnoiffance que l'Eglife leur témoignoit en faifant une mémoire

fpéciale d'eux. Saint Cyprien mande dans fes lettres qu'on lui envoie les noms de ceux qui ont fait du bien aux pauvres pour les réciter publiquement à l'Eglife.

Innocent I. dit qu'on ne doit réciter les noms de ceux qui ont fait des offrandes qu'après que le prêtre les a recommandez à Dieu dans la priere. Voilà donc le Me mento ou la récitation des noms de ceux qui étoient venus à l'offrande, qui tibi offe

runt.

Ainfi on prioit en général pour tous les fidelles préfens & abfens, enfuite on nom moit les perfonnes infignes, celles qui s'étoient rendues recommandables par leur charité envers les pauvres, ou par leur liberalitez envers l'Eglife; on les nommoit fimplement fans faire de prieres particulieres pour elles comme on fait à préfent; on

s'eftimoit tres-honoré d'être nommé dans le facrifice, & on regardoit cela comme une interceffion puiffante de l'Eglife auprès de Dieu en faveur des perfonnes que l'on'

nommoit.

Or comme c'étoit une maniere de parler ufitée parmi les fidelles de dire aux Prêtres de fe fouvenir d'eux à l'autel, pour fe recommander à leurs prieres dans le facrifice (comme il paroît par fainte Monique s. Aug. qui demanda qu'on fe fouvint d'elle à l'au lib. 9.

Confeff

tel) c'eft de-là qu'on a appellé Memento la priere que l'on fait pour les vivans & pour les morts.

Il y avoit plufieurs manieres de réciter les noms. Saint Jérôme dit, qu'un diacre In Ezech. 6.17. nommoit publiquement ceux qui avoient fait quelque offrande; Publicè Diaconus in Ecclefia recitat offerrentium nomina. La mê me chose se trouve dans la liturgie de faint Chryfoftome; Diaconus in circuitu facram menfam thurificat & defunctorum ac vivorum dyptica, ut illi lubet, percurrit,

On écrivoit ces noms fur des tablettes qui fe plioient en plufieurs feuilles, & felon le nombre des feüillets on les appelloit dyptiques, tryptiques, ou polyptiques.

En quelques endroits on récitoit les noms à l'autel, en d'autres on montoit au jubé pour les nommer, en plufieurs Eglifes & principalement en France on ne les récitoit ni à l'autel, ni au jubé, un foudiacre ou un acolyte venoit feulement dire à l'oreille du célébrant de fe fouvenir de tels & tels : à Paris c'est un enfant de chœur qui l'annon❤ ce au célébrant.

Quelquefois on fe contentoit d'écrire ces noms fur une tablette & de la préfenter au célébrant, qui faifoit une mémoire générale de tous ceux qu'on lui ayoit ainfi recommandez, & dont les

noms

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