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Liturg

noms lui étoient reprefentez fans qu'il les nommât; d'où vient que dans certains miffels il y a, Memento Domine famulorum famularumque & eorum quorum etiam fpeciem &nomina contemplamur, vel voce depromimus. Cela fe trouve auffi dans Pamelius; Tom. 2. Memento famulorum, famularumque & eorum quorum nomina ad memorandum confcripfimus, ac fuper fanctum altare tuum adfcripta effe videntur. Dans un ancien miffel de faint Denis en France, le prêtre fait mémoire de ceux qui fe font recommandés à fes prieres, ou qui lui ont fait quelque aumône, & de ceux qui fe font confeffés à lui; Memento...eorum qui fe in meis commendaverunt orationibus, & fuas mihi largiti funt eleemofynas, fuaque mihi confeffi funt peccata.

D. Qu'y a-t-il encore à obferver fur le Memento?

R. 1. A ces paroles, Et omnium circumftantium, le prêtre étend les mains comme pour montrer les affiftans dont il fait men

rion.

2. Ces paroles, Pro quibus tibi offerimus, ont été jointes dans la fuite en quelques mif fels à celles-ci, Qui tibi offerunt, avec le mot de vel entre-deux pour marquer qu'on laisse au prêtre l'alternative ou le choix de ces expreffions: le vel fe trouve en quelques mif

F

fels en rubriques ou lettres rouges, au lieu que dans les miffels ordinaires il eft en noir, comme conjonctif, & non pas disjonctif. Cap. 3. Le Micrologue, dit que les plus anciens & les plus authentiques Sacramentaires avoient ces paroles, Qui tibi offerunt; in antiquioribus & veracioribus facramentorum libris; c'eft de là que dans quelques miffels il y avoit, Qui tibi offerunt; dans d'autres, Pra quibus tibi offerimus. Les anciens miflèls de Câteaux ont communément, Qui tibi offerunt, sans ajoûter, Pro quibus tibi offerimus. Il y a d'autres miffels manufcrits où l'on trouve ces paroles, Pro quibus tibi offerimus, vel ill. qui tibi offerunt: ces trois lettres ill, font l'abregé d'illorum, & marquent la place des noms de ceux pour qui on offroit particulierement le facrifice.

D. Quel eft le fens du Communicante} ? R. Après avoir prié pour les vivans, on prioit pour les morts, & on faifoit mémoi re de ceux qu'on croioit jouir de la gloire, & que nous appellons Saints, Communicantes & memoriam venerantes. Comme ordinairement on ne célébroit le facrifice fur les corps ou les reliques de quelque Martyr, il parut raifonnable de nommer le faint Martyr qu'on honoroit dans le lieu où l'on prioit; Memoriam venerantes; cela s'appelloit rendre honneur à fa mé

moire.

que

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Enfuite on y a ajoûté les Prophetes, les Patriarches, les Apôtres, & les Martyrs en général, fans en nommer aucun, comme il paroît par faint Cyrille de Jérufalem. Nous faifons, dit-il, mémoire de ceux qui font morts avant nous; fçavoir des Patriarches, des Prophetes, des Apôtres, & des Martyrs, afin que par leurs prieres il plaise à Dieu de recevoir favorablement les noftres; ce qui a rapport avec la fin de nôtre Communicantes, où nous difons Quorum meritis precibufque 'concedas, ut in omnibus protec

tionis tua muniamur auxilio.

de Civit.

cap. 10.

Saint Auguftin explique cette coûtume de tib. 21. faire mémoire au facrifice du Saint qu'on honoroit dans le lieu où on célébroit: Nous n'érigeons point, dit-il, des temples ni des autels aux Martyrs, nous nous contentons feulement de les nommer dans le facrifice qui eft offert à Dieu pour honorer leur mémoire; Non martyribus templa nec altaria erigimus... ad quod facrificium ficut homines Dei, fuo loco & ordine nominantur. D'où il paroît qu'on ne nommoit alors que les Martyrs; enfuite on y a ajoûté la fainte Vierge & lesApôtres.Dans la vie du pape Grégoire III, on lit qu'il ordonna de nommer dans le canon le Saint dont on faifoit la fête; In canone miffa adjecit ita à facerdote dicendum: Quorum folemnitas hodie in confpectu rue ma

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jeftatis celebratur. Chaque église enfuite y a inferé fes patrons.

Quant au fens du Communicantes, il s'eft trouvé des gens qui fe font donné bien de la peine pour l'expliquer, la plufpart croient qu'il a rappor aux paroles de S. Paul; Memoriis fanctorum communicantes; mais il est bien plus naturel de dire que ces paroles marquent l'union qu'il y a dans le facrifice entre les Saints du ciel & les Fidelles qui font fur la terre: que l'Eglife prie pour ceux-ci, & qu'elle expofe la vertu, le mérite & la gloire des Saints qui font dans le ciel, pour fe rendre Dieu plus propice; ainfi les Juifs lui expofoient le mérite d'Abraham & des autres Patriarches, afin qu'à leur confideration, & par le fouvenir des bontez qu'il avoit cu pour eux, il fût favorable à un peuple qui honoroit ceux qu'il avoit fi fort aimé.

que

D. Pourquoi le Communicantes est-il intitulé Infra actionem?

R. Dans les miffels ordinaires cette priere eft intitulée Infra actionem ; dans quelques miffels anciens il y avoit in fractione; c'est qu'on appelloit indifferemment le facrifice actio ou agenda, ou fractio. Ainfi on intituloit ces oraisons felon l'ordre qu'elles avoient dans la célébration du facrifice.

Gabriel Biel dans fon expofition de la

Meffe, dit que de fon tems, le prêtre au Communicantes, élevoit fes mains au ciel pour exprimer par cette action le defir qu'il avoit d'être uni aux bienheureux qui y font. Dans quelques miffels on s'agenoüilloit à ces mots Venerantes, pour marquer fa vénération envers les Saints. Dans quelqu'autres le Prêtre faifoit fur lui le figne de la croix à ces paroles; Protectionis tua muniamur auxilio; pour marquer qu'il fe muniffoit de ce figne, dans le defir d'être ainfi muni de la protection de Dieu; Muniat fe ipfum cruce, dit le miffel de Strasbourg de l'an 1520.

Remarquez que le Te igitur, le Memento, & le Communicantes, ne font aujourd'hui qu'une feule oraifon qui comprend toutes les prieres & les fujets particuliers pour lefquels on prioit féparément dans les premiers fiécles; & ces trois oraifons fe terminent par une feule conclufion, Per eundem Chriftum Dominum noftrum ; c'est-àdire la médiation de J. C. A la fin le peuple répondoit Amen; mais depuis que le canon ne fe dit plus d'une voix intelligible, c'eft le prêtre qui le dit au nom des peuples. Le cardinal Hugues mort en 1260, dans fon Miroir des Prêtres, marque affez que de fon tems les peuples difoient encore cet Amen ; & c'étoit à eux & non au prêtre à le dire ; Terminando non

que

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