Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Chez les Grecs on prononce à haute voix les paroles de la confécration, & les peuples répondent Amen. Cela s'obfervoit auffi dans l'Eglife Latine, comme il paroît par faint Ambroise; Ipfe clamat Dominus Lib. de Myft.c.9. Jefus, Hoc eft corpus meum.... Ipfe dicit fanguinem fuum....& tu dicis, Amen. Hoc eft, verum eft.

A la confécration du calice le prêtre, en difant Bibire, beniffoit le calice, l'approchant comme quand on veut boire, pour exprimer les paroles de J. C. comme à Manducate, il approchoit l'hoftie de fa bouche, comme pour manger.

D. Expliquez-nous tout ce qui a rapport à l'élevation de l'hoftie & du calice, & à l'adoration de l'un & de l'autre ?

R. Au temps de l'élevation on tire les courtines & les rideaux, & on ouvre les portes du chœur, afin que tous les peuples adorent J. C. qu'on leur expofe, & qu'ils fe difpofent à la communion.

L'élevation de l'hoftie a été en usage de tout tems chez les Grecs, & c'étoit comme le fignal pour avertir les peuples de fe préparer à la communion.

C'eft ce qui paroît par faint Bafile lors qu'il dit: Quel Saint nous a laiffé dans ses Lib. de écrits les paroles de l'invocation quand on Sp. S... montre le pain de l'Euchariftie & le calice

de bénédiction.

F vj

L'Auteur du livre de la Hierarchie dit encore que le prêtre expose à la vûë des peuples les facrez mystéres qu'il a consacrez. Dans la vie de faint Bafile écrite par Amphiloque, on trouve qu'après l'oraifon Dominicale il élevoit le pain en haut & Corat. de prioit. Anaftafe Sinaïte le dit auffi ; Après S. Synax. la confecration & l'oraifon Dominicale, le prêtre leve en haut le pain de vie & le montre à tous les affiftans, & le diacre crie à haute voix: Faites attention, & auffi-tôt le prêtre dit: Les chofes faintes aux Saints. Dans la Liturgie de faint Chryfoftome & dans celle de faint Jacques, avant la communion le prêtre élevant les faints dons dit: Les chofes faintes aux Saints.

que

Originairement ce n'étoit qu'un fignal pour avertir le tems de la communion approchoit, & c'étoit ordinairement à Panem noftrum qu'on donnoit ce fignal.

Dans l'Eglife Latine c'étoit avant l'oraifon Dominicale, & où eft maintenant la feconde élevation, comme le marque F'ordre Romain: A ces paroles, Per ipfum, le diacre éleve le calice, & le célébrant met l'hoftie deffus & la montre au peuple. Cette élevation de l'hoftie ne se faifoit qu'avec une main, comme on le pra tique encore à prefent le Vendredi-Saint, & tous les jours à Lyon on fait la même

chofe au Pater, à ces paroles, Sicut in calo & in terra, pour le fignal de la com

munion.

Depuis environ le milieu du douziéme fiécle on a attaché l'adoration à l'élevation, & on les a multipliées, de maniere qu'il y en a maintenant trois, au lieu qu'il n'y en avoit qu'une de l'hoftie & du calice tout enfemble, comme on le pratique aujourd'hui à la feconde élevation: on a depuis ajoûté l'élevation de l'hoftie & du calice féparement après leur confécration, & on a introduit l'une & l'autre pour faire adorer J. C. dans l'Euchariftie: & pour l'invitation à la communion, dont l'élevation n'étoit originairement que le fignal; on a fuppléé l'élevation de la patene qui fe fait par le foudiacre, & par le diacre pendant le Pater.

Quant à la maniere d'adorer J. C. au tems de l'élevation, depuis qu'elle s'eft introduite, il y a des Eglifes où on demeure encore debout comme autrefois, avec une fimple inclination. Aufli Honoré III. dans fa Decretale, Sane cum olim, au titre de celebratione miffarum, ne prefcrit qu'une fimple inclination de corps aux fidelles pendant l'élevation : & la rubrique du miffel Romain ne demande ni génuflexion ni inclination à la troifiéme élevation, quoique

ce foit la même chofe qu'elle prétende faire adorer.

Les Grecs même latinifez & réunis au fiége de Rome, adorent encore l'Euchariftie debout & n'ont aucune génuflexion dans leur liturgie.

Et dans la Clementine Ad noftrum, au titre de Hareticis ; une des erreurs des Beguards & des Beguines, étoit qu'à l'élevation du corps de J. C. il n'étoit pas neceffaire de fe lever ni de lui rendre aucun ref pect; Afferens quod in elevatione corporis Jefu Chrifti, non debent affurgere nec eidem reverentiam exhibere. Il n'y a pas 25 ou 30 ans, qu'à Châlons fur Marne, à Verdun & en d'autres Cathedrales on ne se mettoit pas encore à genoux à l'élevation; on ne le fait pas encore à Lyon; à Chartres on le fait à la meffe du choeur; mais à toutes les autres, même aux grandes meffes, les Chanoines reftent debout.

D. Pourquoi fait-on des fignes de croix fur les fymboles après leur confécration. R. Il y a plufieurs fiécles qu'on fe récrie De Sacr. contre cette pratique; Eftienne d'Autun altars. dit qu'il y auroit de l'abfurdité à s'imaginer que ces fignes de croix fuffent pour benir & fanctifier celui qui eft la fource de zoute fanctification; Oblata non benedici aut eum à quo eft omnis fanctificatio, vel de

cujus plenitudine omnes nos accepimus, fan-
Etificet; effet enim abfurdum. Saint Thomas
voulant juftifier ces fignes de croix dit,qu'on
doit bien se donner de garde de croire qu'ils
fervent à benir ou à fanctifier celui
par qui
toutes les autres chofes font fanctifiées;
Non quod eum qui præfens eft fanctum fan-
Etorum fanctificemus.

lib.

4.

[ocr errors]

44.22.40

Durand parle de plufieurs Eglifes qui Rational. omettoient dans le Suplices te rogamus, benir l'hoftie & le calice en difant, Corpus & fanguinem. Et le Jefuite Maldonat dans fon traité fur les cérémonies de la meffe defaprouve ces fignes de croix après la confécration, difant que s'il en étoit cru, on les retrancheroit comme inutiles ou difconvenables; Si hodie Ecclefia vellet repurgare ceremonias que minus decent rem facram, aut adeo funt omnino inutiles, libere ingenue dicerem meam opinionem effe, ut Concilio œcu menico decerneretur, nullum fignum adhiberi poft confecrationem.

Je dis donc que les fignes de croix que fait le prêtre fur l'hoftie & fur le calice après la confécration, ne font que pour marquer plus particulierement qu'il parle de Jefus-Chrift crucifié. Comme le facrifice eft le mémorial de fa mort, on exprime la croix ou fon crucifiement toutes les fois qu'on parle de lui; Hoftiam pu

« AnteriorContinuar »