Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'hoftie fur le calice, au dehors du calice, & au pied: c'eft qu'il les faifoit autrefois avec l'hoftie fur les fruits nouveaux ou autres chofes que l'on avoit benies en difant, Per quem hæc omnia, afin qu'ils receuffent leur bénédiction, non-feulement des prieres des Prêtres, mais de J. C. mê me qui étoit préfent & qui eft la fource de toute bénédiction. Depuis qu'on a ceffé d'offrir ces fruits à la meffe, les bénédic tions ou fignes de croix font restées & se font à Per quem omnia fur l'hoftie & fur le calice, & à Per ipfum fur le calice & fur les hofties qui font autour, avec la principale hoftie qui eft celle qui doit fervir à la com munion du prêtre,

Les cinq fignes de croix viennent de ce que c'eft l'ufage d'en faire quand on nom me quelque perfonne de la Trinité, ainfi comme on nomme trois fois le Fils de Dieu, une fois le Pere, & une fois le faint Efprit, c'eft pour cela qu'on en fait cinq.

Quant à la feconde élevation, elle eft plus ancienne que la premiere, quoiqu'elle n'ait été d'abord inftituée que comme un fignal pour avertir de fe préparer à la communion; on ne laiffe pas dans ce mo❤ ment d'y adorer J. C. felon les paroles que dit alors le prêtre ; Omnis honor & gloria. Et honorant ainfi Dieu par J. C. les fidelles adoroient J. C. d'où vient que c'est encore

la coûtume des peuples aux meffes baffes de dire en ce moment, Ave falus, ave vita, ave redemptio noftra.

[ocr errors]

On ne faifoit point de fignes de croix avec l'hoftie à Per ipfum & cum ipfo, on touchoit feulement le calice avec l'hoftie, & ce n'est peut-être que cela qu'on a prétendu faire avant que les rubriques moder nes euffent prefcrit de toucher le haut & le pied du calice en maniere de croix : car dans l'ordre Romain il y a feulement que quand le Pontife prononce Per ipfum & cum ipfo, l'Archidiacre prend le calice par les ances avec un voile, & le Pontife touche un côté du calice avec les hofties.

Dans les anciens ftatuts des Chartreux le prêtre met l'hoftie fur le calice en difant Omnis honor & gloria, il fait l'élevation à ces paroles, Per omnia facula: & couvre le calice quand on répond Amen. Tenens boftiam & calicem dicit: Et tibi Deo Patri: &dicens Per omnia facula facularum, tenet calicem cum hoftia; cum dicit Amen deponit utrumque. Avant le douziéme fiécle il n'y avoit point à la meffe d'autre élevation du Corps & du Sang de J. C. que celle-ci ; alors le prêtre les élevoit affez haut pour que le peuple pût voir & adorer J. C. par qui on rendoit à la fainte Trinité tout hon neur & gloire. Depuis que la coûtume de les élever féparément après la confécration

s'eft introduite, le prêtre fe contente de foulever un peu le calice & l'hoftie fur l'au tel. Autrefois à Laon on. élevoit l'hoftie en faisant trois fignes de croix en l'air en l'honneur de la fainte Trinité.

La coûtume de fonner une petite cloche à la feconde élevation, & de répondre aux baffes meflès ces paroles Ave falus, &c. qui s'adreffent à J. C. qu'on éleve, est un refte de l'ancienne difcipline, qui marque qu'il n'y avoit que cette feule élevation.

Le Per omnia facula, doit être joint immédiatement à ces paroles, Omnis bonor & gloria, & n'a aucun rapport à la préface

du Pater.

D. Dites-nous tout ce qui a rapport au Pater?

R. Le Per, omnia, comme on voit, eft la fin du canon, & a rapport à ces dernieres paroles, Omnis honor & gloria, on devroit même le dire fur le même ton, ou fur un qui fût un peu plus élevé, ainfi que le prêtre a coûtume de faire toutes les fois qu'il dit la conclufion de quelque oraifon.

Le peuple répond Amen, comme ratifiant publiquement tout ce que le prêtre a dit dans le canon, quoi-qu'il ne l'ait prefque pas entendu felon l'ufage moderne de le réciter d'une voix prefque inintelligible. Le Praceptis falutaribus eft la préface qui

Lib. 3.

précede la Pater: il y en avoit à toutes les prieres, comme nous avons dit en parlant des Collectes, il n'en refte plus qu'à la Secrette avant laquelle le prêtre dit: Orate fratres ut meum ac veftrum facrificium ac ceptabile, &c. & au Pater, avant lequel on dit, Præceptis falutaribus.

De tout tems on a dit l'oraison Dominicale à la meffe. Saint Grégoire affure que les Apôtres la difoient; Mos Apoftolorum fuit ad ipfam oblationis hoftiam, orationem

Dominicam recitare. Saint Jérôme dit que cont. Pe. J. C. ordonna aux Apôtres de la dire tous Lag. les jours au tems du facrifice; Docuit Chrif tus Apoftolos fuos ut quotidie in corporis il lius facrificio audeant dicere Pater nofter. Le concile de Girone en 517, ordonne de la dire tous les jours à la fin de chaque of fice folemnel; Omnibus diebus poft matutinas & vefpertinas oratio Dominica à facerdote proferatur. Cela s'obferve encore les jours de grande ferie de dire le Pater à cha que heure, & aux offices qui ne font pas doubles; on le dit à toutes les heures dans l'Ordre de faint Benoît. Mais l'usage de Rome & de plufieurs Eglifes eft de le dire bas aux heures du jour, & de ne le dire tout haut qu'à la meffe; & il n'y a que dans l'ordre de faint Benoît qu'on le dit à voix intelligible à Laudes & à Vêpres.

Il

Il n'eft pas aifé de donner la raifon de cette difference car pourquoi le dire bas? eft-ce qu'on auroit honte de dire haut la priere que J. C. lui-même a composée, & qu'il a commandé de dire? & pourquoi ne la pas dire auffi diftinctement qu'à la meffe? On prétend que cela vient de ce que les Catechumenes à qui il n'étoit pas encore permis de dire cette priere, & à qui on la tenoit cachée jufqu'à leur baptême, pouvoient le trouver à l'office quand on la difoit; & que c'étoit pour cela qu'on la difoit bas auffi-bien que le Credo, ou la profeffion de la foy qu'on recite bas à l'office; au lieu qu'à la meffe, comme on les avoit fait retirer après l'Evangile & le fermon, on pouvoit chanter le Pater comme le Credo, étant feur que pour lors il n'y avoit point de Catechumenes. Que S. Benoît ne fit obferver le contraire dans Les maisons, que parce qu'il n'y avoit que des Solitaires, & qu'elles n'étoient pas même frequentées par les fidelles, & cù confequent on n'apprehendoit pas de trouver de Catechumenes.

par

J'ai d'autant plus de peine à donner dans ces raifons que l'on fçait tres-bien que les Catechumenes affiftoient rarement à l'office, ils n'y avoient ni rang ni place, ils ne fe trouvoient avec les fidelles dans l'E

G

« AnteriorContinuar »