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glife que pendant ce qu'on appelle la messe des Catechumenes; en tout autre tems on ne les admettoit point, on les en faifoit fortir; ce ne peut donc être à cause d'eux que l'on dit bas le Pater à l'office, & qu'on le chante à la meffe; outre qu'au Romain on dit encore le Pater à haute voix en Avent & en Carême à Laudes & à Vêprês, & même dans la regle de S. Benoît, le célébrant ne le dit à haute voix qu'à ces heures-là: aux autres heures du jour cha cun le dit bas jufqu'à, Et ne nos inducas, que le célébrant dit haut, & on lui répond Sed libera nos à malo.

Je croi au contraire que le chœur & le peuple chantoit le Pater à la meffe avec le prêtre, comme il chante le Credo ; ainfi qu'it paroît par les anciennes Liturgies, & qu'à Foffice le prêtre le difoit feul, comme on fait dans l'Ordre de S.Benoît, qu'il en étoit comme des autres Collectes & oraifons que le prêtre dit feul, & aufquelles le peuple ré pond Amen. Le peuple répondoit en difant la derniere demande, Sed libera nos à malo. On a fupprimé depuis le chant du Pater à la meffe, pour éviter la confufion que la voix du peuple & celle du prêtre pouvoit faire; & on l'a laiffe chanter feul au prêtre jufqu'aux derniere paroles que peuple répond, & qu'il chante quand le prê

tre a fini.

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Il est donc plus naturel de croire qu'on difoit le Pater tout haut dans les offices folemnels, où tous les affiftans étoient raf Lemblez ; c'étoit répondre à la folemnité des offices, tels que font la Meffe, les Laudes, & les Vêpres, & c'eft pour cela qu'on le dit tout haut à la meffe, & qu'on a retenu de le dire haut à Vêpres & à Laudes en Carême dans le Romain, & pendant toute l'année dans les Monafteres de S. Benoît, c'eft auffi ce qu'ordonne le concile de Girone que j'ai déja cité: mais pour les autres offices qui ne font pas fi folemnels, on le difoir en fecret, comme laiffant la liberté à chaque particulier de finir cet office par le Pater ou par quelque autre priere: & de là eft venue la coûtume de l'annoncer tout haut en difant: Pater nofter, pour avertir que c'eft la priere la plus convenable; le célebrant continue enfuite tour bas avec l'affemblée, jufqu'au verfet Et ne nos inducas, auquel il éleve fa voix afin qu'on lui réponde, Sed libera nos à malo de même qu'à la messe le prêtre éleve fa voix à Domine non fum dignus, pour avertir les affiftans de le dire & de continuer : comme quand on dit l'Agelus en commun, le Superieur commence chaque verfet, pour avertir l'affemblée de continuer à voix baffe.

Quant aux autres chofes qui regardent

Lib. 7.

le Pater, faint Grégoire remarque que Ep. 64. chez les Grecs les peuples difoient le Pater avec le prêtre; Dominica oratio apud Gracos ab omni populo dicitur, apud nos vero folo facerdote. Il paroît par Grégoire de de Mirac. Tours qu'en France on chantoit le Pater en commun: comme au contraire en Afri

Lib. 1.

S. Mart.

c. zo.

que

il n'y avoit que le célébrant, puisque faint Auguftin dit que tous les jours on récite le Pater à l'autel, & que les fidelles Serm. 58. l'entendent; In Ecclefia ad altare Dei quotidie dicitur ifta Dominica oratio & audiunt illam fideles,

Serm.35.

A ces paroles, Dimitte nobis, on frappoit fa poitrine, pour fe confeffer pé→ cheur, & en demander pardon à Dieu, comme le marque faint Auguftin; Tun dentes pectora dicimus, Dimitte nobis peccata noftra.

D. D'où vient que le prêtre répond Amen, & non pas le peuple felon la coû tume ordinaire des autres prieres?

R. C'eft que le peuple aiant chanté le Pater avec le prêtre, comme on vient de le voir, ce n'eft pas au peuple à souscrire à ce qu'il a demandé, mais au prêtre à ratifier & à approuver ce que le peuple a dit, & c'eft pour cela qu'il répond Amen.

Le prêtre auffi avant de répondre, devroit attendre que le peuple eût fini de

chanter, Sed libera nos à malo, & répondre enfuite Amen, au moins d'une voix intelligible, comme le porte l'ordinaire des Chartreux; Cum refponfum eft à conventu, Sed libera nos à malo, dicit intelligibili voce, Amen.

Remarquez encore qu'on dit le Pater principalement à la meffe & vers le tems de la communion, parce qu'on croit dans cette priere demander le pain vivant qui eft l'Euchariftie; Panem noftrum quotidianum, comme tant de Peres l'expliquent : c'eft pour cela qu'on fait le signal pour

avertir de venir communier en élevant la patene, qui eft le baffin fur lequel on met le pain de la communion. A Reims le Vendredi-Saint l'élevation fe fait à ces paroles : Panem noftrum. A Lyon & à Vienne on donne cet avertiffement avec l'hoftie à ces pa*roles: Sicut in calo & in terra. Le prêtre pour lors l'éleve haut, comme pour marquer que ces fymboles viennent du ciel, & il les remet fur l'autel en difant: Et in terra, pour defigner que c'eft en terre qu'ils defcendent pour la nourriture des hommes. Cette élevation ne fe fait que d'une main en quelques miffels, comme on l'obferve encore le Vendredi-Saint au tems de la communion, pour avertir de s'y venir préfenter.

Le Pater fervoit encore de préparation à la communion, en avertissant les fidelles de fe réconcilier avant que de communier, felon le fens de ces paroles: Dimitte nobis debita noftra ficut & nos dimittimus ; c'est auffi pour cela qu'on a jugé plus à propos de donner le baifer de paix après le Pater qu'avant l'offrande, comme l'ordonne Innocent 1. parce que les peuples font avertis dans le Pater de fe pardonner mutuellement en difant: Dimitte nobis...ficut dimittimus, & que le baifer de paix eft le figne de la réconciliation.

Pendant le Pater le diacre montre la petene au peuple pour l'avertir que le tems de la communion approche & qu'il faut se difpofer: car la patene eft le plat fur lequel on met le Corps de J. C. qui doit être diftribué aux fidelles. Le foudiacre, felon le rit Romain, garde cette patene au bas de l'autel depuis la fin de l'offertoire jufqu'à la fin du Pater. La patene eft neceffaire pendant l'offrande pour y mettre le pain qui doit être confacré; ce pain après l'offrande eft mis immédiatement fur l'autel : ainsi la patene devient alors inutile jusqu'au tems de la communion : dans cet intervale le foudiacre qui n'a point alors d'autre miniftere la garde. A Paris ce n'eft pas le foudiacre, c'eft un acolythe qui la garde.

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