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comme les Jacobins prirent le Breviaire de Paris,lesTrinitaires, les Croifiers, & les Auguftins, quand ils s'y établirent. Voici donc en quoi confiftoit l'office divin dans fon origine.

Les prieres publiques du clergé & des fideles n'étoient d'abord que la récitation de l'oraifon Dominicale, du Symbole des Apôtres, & de quelque nombre de Pfeaumes, c'étoit ce qui fe pratiquoit dans les affemblées publiques, quand les fideles prioient ensemble & on y inferoit des inftructions: il n'y eut rien d'abord de réglé, chaque fidele en particulier, & chaque Evêque ou pafteur dans les affemblées fuivoit les mouvemens & la difpofition de fon cœur & de fa dévotion.

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Enfuite on réduifit ces exercices en un corps de prieres & de lectures, on dreffa un Lectionaire qui marquoit ce qu'on devoit lire des Ecritures pendant le cours de l'année; on regla le nombre & le chant des Pleaumes pour ces affemblées; on affecta d'en choifir qui paroiffoient plus propres aux fêtes & aux folemnitez confiderables, & peu-à-peu on régla les heures destinez à la priere, & les chofes qu'il y falloit dire: puis les Evêques drefferent un cours de l'office pour leur Eglife: à Rome faint Grégoire fit dreffer des Antiphoniers, des Mif

fels, & donna ainfi naiflance eu Breviaire Romain; il étoit bien different de celui d'aujourd'hui ; celui même qu'on dit à faint Pierre de Rome a peu d'offices de Saints, & feulement des martyrs: on y lit les Pfeaumes felon la verfion des Septante; & prefque jamais l'office du Dimanche n'étoit interrompu par celui d'une fête. Celui que Pie V. a fait retoucher eft aujourd'hui le plus répandu ce Pape ordonna à toutes les Eglifes qui depuis deux cens ans avoient l'ufage de dire le Breviaire Romain, ou qui n'avoient point de Breviaire particulier, de le prendre: il déclare qu'il a emploié les gens les plus fçavans pour le réformer; cependant il faut avouer que ceux que ce Pape en chargea n'y firent pas toute l'attention convenable, puifqu'ils ont laiffé tant de fauffes hiftoires & tant de chofes qui mériteroient d'en être entierement retranchées. Auffi Clement VIII. le fit encore revoir en 1602. & Urbain VIII. en 1631. Je ne fçai quand il aura fa derniere perfection. Il y a long tems qu'on corrige ce Breviaire. puis qu'Agobard dit qu'il avoit fi fort travaillé à corriger l'Antiphonier, (c'étoit le Romain dont il parle) que Charlemagne avoit introduit en France; Antiphonarium correximus, amputatis que fuperflua,

Opufe. c. levia, falfa, blafphema, ridicula, fantastica 1. correct. multa videbantur.

Tom. 2.

6. 31.

En 1583. plufieurs perfonnes ayant voulu introduire à Paris le breviaire Romain, & faire valoir la Bulle de Pie V. Pierre de Gondi évêque de Paris & le Chapitre de cette églife s'y oppoferent fortement, & firent un decret qui eft rapporté dans les preuves des libertez de l'Eglife Gallicane. On y voit auffi le plaidoyé de M. Servin avocat general au Parlement pour la Trinité d'Angers contre Charles Miron évêque de cette ville, qui y vouloit introduire le breviaire Romain; & par arrêt du Parlement de 1603. il fut ordonné que le fervice divin de l'église de la Trinité d'Angers feroit continué à l'ordinaire, & fait défenses à l'évêque d'innover & de rien changer en la célébration du service divin aux églises de fon diocéfe fans l'autorité du Roy. En 1604. le grand-confeil du Roy en fit de même à l'égard de l'Official de Rouen.

Ce fut dans l'édition du breviaire de Paris faite en 1584. que l'on commença à l'intituler Breviarium Parienfe ad formam facro-fancti concilii Tridentini reftitutum quoique le concile de Trente n'ait point fait de réforme du breviaire, ni ordonné qu'on en fift; apparemment qu'on voulut

dire par là qu'on avoit pris le breviaire Romain & qu'on avoit accommodé aux usages de Paris.

Le breviaire de Paris a cela de fingulier qu'outre la ville & le diocèze, on le difoit encore en plufieurs églifes du vicariat de Pontoife,& dans toutes les faintes Chapelles du royaume; on l'avoit toujours dit en la fainte Chapelle de Paris jufqu'en 1610.qu'on le quitta pour prendre le Romain, ce que l'on fit auffi en celle de Vincennes, parce que la fondation porte que l'on y fera l'office divin comme dans la fainte Chapelle de Paris. Geoffroy de Beaulieu dans la vie de S. Louis rapporte que ce prince en tel lieu qu'il fe trouvoit difoit toujours l'office felon l'ufage de Paris, & le faifoit célébrer de même dans fa chapelle, Du Tillet dans fes recherches de France, dit que nos Rois faifoient la même chofe en quelque endroit qu'ils fe trouvaffent. Les ufages ni les bré viaires des églifes particulieres ne préjudi cient point à la foy de l'Eglife, quoiqu'elle ait fouvent défiré qu'il y eût de l'uniformité; comme cela n'a pû fe faire jufqu'à préfent, perfonne ne peut être blâmé de fe fervir de l'office où il demeure, puifque c'eft la regle ancienne de l'Eglife de s'accommoder aux ufages des lieux dans les chofes qui ne font pas déterminées par l'écriture & par la tra,

§. Cor. 1 4.

dition, & qu'il n'y a d'ailleurs aucune né◄ ceffité de fe conformer au Romain; l'Eglife n'a jamais mis fon unité dans les mêmes prieres & dans les mêmes coûtumes, mais dans un même efprit, fondé en une même foy, & on a toujours permis dans l'Eglife la diverfité des offices & des prieres, elle a même été regardée comme la vraye marque de l'abondance & de la varieté des dons du S. Efprit.

De l'origine & de l'ufage du Chant dans l'Eglife.

Aint Paul nous apprend que

les fideles

dans leurs affemblées chantoient des pleaumes & des cantiques (pirituels, étant alors miraculeusement inspirez du S. Efprit; les uns parloient des langues inconnues, les autres avoient des révélations, d'autres enfin compofoient des cantiques qu'ils chantoient, comme les prophetes dans l'ancien Teftament à l'imitation des cantiques de Moyfe, de Marie fa fœur, de Debora, d'Anne femme d'Elcana, d'Ifaïe, de la sainte Vierge, de Zacharie, du vieillard Simeon:Cum convenitis,unufquifque veftrum pfalmum habet, doctrinam habet, Apocalyp fim habet, interpretationem habet. Dans un

autre

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