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c. 19.

travail à la douziéme heure, c'étoit la derniere heure du jour. Les Juifs & les autres peuples partageoient auffi la nuit en douze heures, & les Chrétiens à leur éxemple firent la même chofe, comme le remarque S. Ifidore de Séville. La premiere des heu- Lib res commençoit au coucher du foleil & étoit de offic. appellée la premiere, & la suivante la deuxiéme, & ainfi confécutivement les autres heures avoient le nom de leur rang, enforte que la fixième étoit à minuit. Ils partageoient auffi ces douze heures de la nuit en quatre parties; chacune étoit de trois heures, à la fin defquelles on veilloit dans l'Eglife, pour y prier Dieu; ainfi que les gens de guerre divifent la nuit en quatre parties égales, aufquelles ils veillent par tour, & font le guet & la garde pour éviter la furprise de l'ennemi. J. C. fait mention des quatre veilles Vigilate quia nefcitis Marc.13. quando Dominus veniet, fero an media nocte, an galli cantu, aut mane. Et comme il pourroit y avoir quelque difficulté fur ce que le milieu de la nuit eft diftingué du chant du coq, faint Luc ne les diftingue que par trois Luc. 12. veilles. Si venerit in fecunda vigilia, & fi in tertia vigilia venerit. Saint Marc diftinguant Marc. 6. les veilles en défigne quatre. Circa quartam 48. vigiliam noctis. On demande fi ces quatre veilles fe font obfervées dans l'Eglife; fi on

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difoit les trois nocturnes aux trois premieres veilles, & les laudes à la quatriéme ; & fi on fe levoit à diverfes fois pour chanter les trois nocturnes à trois heures differentes. Quelques-uns en ont douté, parce que, difent-ils, il n'y a aucun veftige de cela dans toutes les communautés de Religieux, soit Benedictins, Chartreux, Cifterciens, ni à Cluny ; & auffi parce que l'office ferial qui eft le plus ancien, n'a qu'un nocturne pour tous les jours de la femaine, excepté le Dimanche. Cependant on voit l'office de la nuit partagé en trois ftations differentes dans Amalaire, qui les appelle tres ftationes Lib.4 67. vigiliarum in nocte. Les trois nocturnes ne fe difoient pas de fuite comme à prefent; on en faifoit à trois reprises; fur les neuf heures du foir on difoit le premier nocturne, à minuit le fecond, & environ trois heures avant le jour on venoit à l'Eglife pour dire le troifiéme, & on chantoit les Laudes un peu avant que le foleil fe levât.Nous voions cela marqué dans quelques Peres. Saint Clement d'Alexandrie dit qu'il faut fe lever plus d'une fois de fon lit pour chanter les In padag. louanges de Dieu. Sape ctiam noctu è lecto furgendum eft, Deufque laudandus, fimiles Argelis, quos vigilantes vocamus. Saint Jérôme écrit à Euftochium qu'on doit prier trois fois la nuit, Noctibus bis terve furgen

6.9.

6.

dum. Dans la regle de S. Bafile on voit la Regul. diftribution de l'office nocturne en trois 37. tems différens, fçavoir à l'entrée de la nuit, au milieu de la nuit, & avant le jour. Primis fe impendentibus tenebris fequetur petitio, ut quies quam fumus capturi.... tempore media noctis, traditum à Paulo & Sila, & ante diluculum ad orationem furgendum eft. On voit une priere avant que de fe coucher, une autre au milieu de la nuit, & une troifiéme avant le crepufcule, à la pointe du jour.

On lit dans Amalaire qu'à Rome la nuit de Noël le Pape difoit des vigiles à trois nocturnes fans invitatoire à fainte MarieMajeure à l'heure de la premiere veille, & qu'en fuite il alloit à faint Pierre chanter Matines avec invitatoire pour l'office de la nuit, le peuple s'y trouvoit. In ecclefia fancti Petri cum invitatorio, nocturnali tempore quando populus folet ad officium furgere. Ces deux offices nocturnes ayant chacun trois nocturnes fe trouvent dans Thomafius à plusieurs autres fêtes. Ces trois nocturnes se disoient en autant de veilles qu'en comptoient les anciens, d'où ils font quelquefois nommés prima vigilia, fecunda vigilia, & tertia vigilia. Chaque veille avoit fon office complet & feparé comme dans le jour, Tierce,Sexte & None font des offices fépaMy

τές.

Il reste encore de la féparation des trois nocturnes, qu'on repete les encensemens à chaque Nocturne, comme fi c'étoient de nouveaux offices. Dans l'ancien ordinaire de Noyon on devoit fonner féparément chaque nocturne de l'office des morts. A Sens on fonne fucceffivement les nocturnes, le fecond fur la fin du premier, & le troifiéme fur la fin du fecond: on fe leve au dernier Gloria. Patri de chaque nocturne comme pour s'en aller & fe retirer du chœur, au lieu qu'on refte affis au Gloria Patri des autres répons aux fêtes folemnelles.

Ces trois différens nocturnes, comme on les appelle à prefent, ne fe difoient néanmoins que dans les veilles des principales fêtes, enforte qu'étant autrefois tres-rares, les offices des trois nocturnes n'étoient pas fort communs. Dans les autres jours on ne difoit qu'un nocturne au milieu de la nuit ; mais dès qu'on eut ceffé de fe lever trois fois la nuit, & même une feule fois, on donna facilement trois nocturnes à la plufpart des fêtes au refte chaque nocturne étoit bien plus long qu'à prefent; on y difoit un bien plus grand nombre de pfeaumes. On doit encore remarquer que fouvent c'étoient les mêmes qui fe relevoient à chaque nocturne, comme nous l'avons marqué du pape à Rome, qui difoit deux offices la

nuit de plufieurs fêtes. En quelques Eglifes les Clercs fe partageoient en autant de choeurs qu'il y avoit de nocturnes, pour affifter chacun à son tour à l'un de ces of fices. Dans la vie de faint Germain de Paris il eft dit que les Clercs fe relevoient tour à tour, Se mutantibus clericis.

On pourroit auffi rapporter l'origine des trois nocturnes féparés à ce que dit Caffien, Lib.3.c.8. que quand les veilles étoient trop longues, on diftinguoit l'office en trois parties; qu'après trois pfeaumes on lifoit trois leçons, Ideoque vigilias tripartitis diftinguunt officiis. Trois pleaumes & trois leçons étoient chantés alternativement par un certain nombre de Moines qui étoient debout, par après ils s'affeoient à terre ou fur des fieges fort bas, pendant qu'on chantoit les trois autres pleaumes.

Des prieres particulieres qui précedent l'office de la nuit, telles que le figne de la croix, Pater, Ave, Credo.

Outes ces prieres qui précedent la pfalmodie, viennent de la dévotion de quelques moines des fiécles plus reculez: car pendant un tres-long-tems les moines mêmes commençoient l'office par la

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