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pfalmodie, comme nous fai ons encore les trois jours avant Pâques. C'eft le modele de l'ancienne maniere de dire l'office; mais depuis on a inferé le Pater, l'Ave, le Credo, le Domine labia... le Deus in adjutorium, l'invitatoire, l'hymne : & aujourd'hui on fait préceder toutes ces prieres d'Aperi os meum, comme fi le Domine labia ne fuffifoit pas, on y a encore ajoûté Domine Fefu in unione... de maniere que cela pourra croître à l'infini, & que les préparations à l'office deviendroient auffi longues que l'office même, fi l'on n'arrête l'imagination de quelques particuliers.

Quant au figne de la croix,comme il a de tout tems été en ufage dans l'Eglife, on a pû auffi de tout tems fe figner ou faire le figne de la croix fur foi, en commençant l'office, comme on fait à Rome les trois jours avant Pâques, fans dire In nomine Patris. Auffi la regle de Chrodogand, qui eft le plus ancien endroit où il en foit parlé, dit qu'en s'éveil lant on fera le figne de la croix, difant Domine labia mea aperies L'abbé Grimelay dans Cap. so fa Regle pour les Réclus, fait dire Deus in adjutorium, en faifant le figne de la croix en fe levant, & non pas In nomine Patris. Voici fes paroles; Ad curfum cum feftinatione furgentes, fignum crucis fronti inferatur, fimulque fub filentio dicatur, Deus in

adjutorium meum intende: Domine ad adjuvandum me feftina. On ne fe fignoit qu'au front, de là eft venu nôtre ufage de nous figner fur la bouche en difant, Domine labia... & de nous figner fur la poitrine en difant, Deus in adjutorium... Dans la vie sacul.4 de faint Benoît d'Aniane, on voit qu'il or- Benedic donnoit à fes Religieux de prendre de l'eaubenite en se levant; Surgentes concite, fratres aquis fe fanctificatis perfundant.

On trouve le figne de la croix avec In nomine Patris en fe levant, avant que de dire Domine labia, ou autres prieres dans des conftitutions monaftiques pour l'ordre de faint Benoît; Nocturnis horis cum delectulo furrexerit frater, primum fignum crucis imprimat fibi per invocationem Sanite Trinitatis, deinde dicar Domine labia: cela fe trouve auffi dans la concorde des Regles de faint Dunstan.

Quant au Pater avant Matines on ne le voit dans aucune des Regles monaftiques, même du dix, de l'onze, & du douzième fiécle, où l'office étant rédigé dans la maniere que nous le difons, on commence les heures par Deus in adjutorium, ce qu'on trouve dans la vie de Notker moine de faint Gal, qui vivoit au dixiéme fiécle, dans l'ancien breviaire manufcrit de Montcaffin, qui eft de l'onzième, dans les ancien

nes coûtumes de Cluny, recueillies par Uldaric ou Ulric. On ne commence à le Cap. 68. voir que dans les Us de Cîteaux; Dimiffo officii figno, orationem fuper mifericor dias faciant id eft Pater nofter & Credo in Deum, antequam verfum Deus in adjutorium decantent. Après qu'on eut ainsi introduit le Pater avant l'office, on voit des conftitutions où on le fait dire trois fois. avec d'autres prieres, ce qui provenoit de la dévotion de quelques moines qui avant que d'aller au choeur, parcouroient tous les autels de leur Eglife, & difoient un Pater à chaque autel ; & comme cela pouvoit retarder le commencement de l'office, on fupprima ces efpeces de proceffions, & on ordonna de dire les mêmes prieres à fa place du chœur, en attendant que le célébrant commençât l'office.

Le Pater, l'Ave & le Credo, fe difent encore à voix baffe parce qu'ils ne font pas de l'office, n'étant qu'à la dévotion de quelques particuliers, auffi leur recommandoiton de le dire en filence; Sub filentio dicat Pater. Durand parle du Pater au commencement de l'office. A Lyon on ne dit que Pater avant l'office. A Milan on dit Pater & Ave: c'eft peut-être faint Charles qui les y a introduits dans cet office.

Quant à l'Ave, il eft bien plus récent

on le difoit feulement au commencement du petit office de la Vierge; plufieurs ordres récitoient cet office avant que de dire le grand office, comme on l'obferve encore dans l'ordre de Cîteaux : comme ils avoient l'Ave & un office entier en l'honneur de la Vierge, ils ne parloient plus d'elle dans le grand office, on ne difoit que Pater & Credo. Le Cardinal fainte Croix eft le premier qui l'ait inferé dans fon breviaire, & c'eft de là que Pie V. ou ceux qui ont travaillé au breviaire Romain par l'ordre de ce Pape, l'ont introduit dans l'office de Rome; & encore ce n'eft que dans le breviaire de ce Cardinal qu'on trouve à la fin nunc & in hora mortis noftra; depuis on l'a inferé dans le breviaire Romain. L'addition fancta Maria ne fe trouve dans aucun breviaire avant l'an 1500. & il y avoit feulement fanita Maria mater Dei ora pro nobis peccatoribus, Amen. Dans les rubriques des Chartreux d'aujourd'hui il y eft prefcrit de dire trois fois Pater & Ave avant Matines, étant inclinez ou à genoux; Ad matutinas omni tempore, ter Pater & ter Ave... præmittimus, deinde Deus in adjutorium. Dans le nouveau breviaire de Cluny on y a rétabli l'ancien usage de ne dire ni Pater, ni Ave, ni Credo; l'office commence par Deus in adjutorium, en faisant

fur foy le figne de la croix ; Celebrans manu extenfa fignando fe à fronte ad pectus, quod fervatur initio omnium horarum, incipit Deus in adjutorium. C'eft ainfi que la Regle de faint Benoît l'avoit ordonné, où l'on ne voit point Pater ni Ave, ni Credo avant le commencement d'aucune heure de l'office. Ce fut en 1433. qu'on commença à Toul en Lorraine à dire Ave Maria au commencement de chaque heure, ce qui s'introduisit par après dans tout le diocèze.

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Le Credo a été ajoûté au Pater depuis que les conciles & les rituels eurent ordonné aux fideles de les dire le matin & le foir ainfi ces prieres qui se disent à voix baffe devant l'office, étoient la priere des laïques, que les clercs & les moines fe font impofés de dire en particulier avant l'office public; ou bien on a substitué le Pater, Ave, & le Credo à la place des prieres particulieres qu'on faifoit avant qu'on commançât l'office.

Du verfet, Deus in adjutorium, Domine labia, Gloria Patri, Amen, Alleluia.

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Outes ces prieres fe difoient en particulier en fe levant, avant que de ve nir à l'office. Dans la Regle de Chrodo

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