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que on le difoit tous les Dimanches de l'année. Saint Benoift a fuivi l'ufage d'Efpagne, ne l'omettant que le carême, & non les trois femaines qui précedent le carême.

Quand S. Gregoire dit que ce fut à la perfuafion de S. Jérôme que le pape Damafe, à l'imitation de l'Eglife de Jerufalem, ordonna de dire à Rome Alleluia, il a voulu parler du tems d'après Pâque & du cours de l'année, & non du tems pafchal, où l'ufage étoit de le dire, comme par tout ailleurs. Saint Lib.6. Ifidore de Séville dit qu'Alleluia eft compofé Origin. de deux mots hébreux qui veulent dire,

6.19.

Louange à Dieu; qu'ya eft un des noms que
les Hébreux donnent à Dieu; qu' Amen figni-
fie vrayement, cela eft vray & conftant,
que c'eft auffi un mot hébreu ; & il remar-
que qu'Alleluia & Amen font tellement con-
facrez par
le langage de l'Eglife, que ni les
Grecs ni les Latins, ni les autres nations ne
les ont point ofé traduire en leur langue,
à caufe que les Apôtres ne les ont point
traduits dans leurs écrits, fans avoir dit ce
qu'ils fignifioient, pour nous faire parler fur
la terre de la même maniere que les Saints
dans le ciel louent la gloire de Dieu- Amen
& Alleluia facro facra funt, ut etiam Joan-
nes referat audiffe caleftes exercitus dicentium
Amen & Alleluia, ac per hoc fic in terris
oportet utraque dici, ficut in calo refonant,

On peut expliquer ces mots, mais on ne les change point.

S. Jérôme dit que les payfans & les labou- Ep. 17. reurs au lieu de chanfons profanes faifoient 27 retentir l'Alleluia pour adoucir leur travail,

& que le fon de ce mot étoit fi agréable aux Chrétiens, qu'on appelloit les Moines & les Vierges à l'office divin de la nuit, en leur difant Alleluia, deforte qu'il étoit comme un horloge, & un fignal qui leur marquoit les heures deftinées pour louer Dieu, L'office Mozarabique commence d'une maniere particuliere; on dit d'abord, Kyrie Chrifte, Kyrie eleifon, Pater & Ave fecreto: auffi-tôt on dit In nomine D. N.J. C. lumen cum pace. R. Deo gratias. Cela a à rapport à Deus in adjutorium; de même qu'à la fin de chaque heure on dit: In nomine D. N.J.C, proficiamus in pace. R. Deo gratias, c'eft pro prement notre Benedicamus. A la fin des pfeaumes on dit Gloria & honor Patri & Filio, & non Gloria Patri.

A Lyon on commence l'office par Sancti Spiritus adfit nobis gratia, puis Domine labia, & Deus in adjutorium. Il y a des Eglifes où l'on commence par l'hymne, Veni creator Spiritus,

De l'Invitatoire.

L n'y en avoit point autrefois, & cela eft refté à Matines du jour de l'Epiphanie, & aux trois jours avant Pâque. Ce ne peut donc être qu'après que l'office ayant été à peu près difpofé comme nous l'avons parce que le jour de l'Epiphanie avoit les pleaumes propres à Matines, dans lesquels Le trouvoit le Venite, on jugea à propos de ne point ajoûter d'Invitatoire à ce jour, pour ne pas repeter deux fois ce même pleaume.

Amalaire parle de l'Invitatoire, & dit que Suppl.1. felon la Regle de S. Benoît on le disoit les jours ouvrables en été fans antienne, c'est-àdire qu'on difoit le pfeaume Venite fans répeter l'antienne; Invitatorium diebus aftivis bebdomadalibus fine modulatione antiphone folet dici, Dans la regle du Maître l'Invitatoire eft appellé Refponforium hortationis. Il veut que ce foit l'Abbé qui le dife, comme étant le pafteur qui invite fon troupeau à louer le Seigneur, Raoul de Tongres dit 4. 41. qu'on le chantoit lentement, Omnino pro trahendo & morofe. Uldaric dans fes coûtumes de Cluny le fait chanter par le Chantre ou par l'Hebdomadier, & aux fêtes folemnelles

lemnelles on joignoit plufieurs Chantres revêtus d'aubes ou de chapes pour le chanter. Dans les Us de Cifteaux il eft ordonné de le chanter à deux devant les dégrez de l'autel; ces deux font l'Hebdomadier de la femaine courante, & celui de la femaine précedente, & on étoit tourné vers l'autel pendant le Venite. Le concile d'Aix-la-Chapelle en 817. parle de l'Invitatoire, ordonnant de ne le point dire non plus que Gloria Patri à l'office des morts.

19.

Il eft refté au pfeaume de l'Invitatoire l'ancienne maniere de chanter, ce que nous appellons les antiennes. On en difoit d'abord une avant le pfeaume, & on la reprenoit à chaque verfet du pfeaume. Sozomene Lib. 5. c, parlant des pfeaumes chantés à la translation 1o. des reliques de faint Babylas à Antioche, dit que ceux qui fçavoient le mieux chanter commençoient, & tout le peuple répondoit, répetant à chaque verfet du pfeaume 96. Confundantur omnes qui adorant fculptilia, &qui gloriantur in fimulacris fuis. Il y a encore des Eglifes où l'ufage s'eft confervé de chanter à Magnificat l'antienne à chaque verfet, comme à Lyon, à Vienne. On en a retenu de les réiterer jufqu'à trois fois ; & à Rome le jour des Rois au Venite qui se dit au troifiéme nocturne, faint Athanafe 4rol, de dit qu'ayant fait lire par le diacre le pfeaume

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135. a la fin de chaque verfet le peuple répondoit, Parce que fa mifericorde cit éternelle; Quoniam in æternum mifericordia ejus. Le concile d'Aix-la-Chapelle de l'an 816, Cap. 11. parle du pfeaume Venite pour Invitatoire, avec Gloria Patri, & ordonne de le chanter gravement & fans précipitation, & que celui qui viendra à Matines après le Gloria Patri ne fe mettra point à fa place dans le chœur, mais qu'il demeurerà le dernier ; Quod fi quis ad nocturnas vigilias poft gloriam pfalmi 94. quem propter hoc fubtrahendo & morofe volumus dici occurrerit.... On trouve ce canon mot à mot dans la Regle de faint Benoît, où avant le Venite & l'Inviratoire il est prescrit de dire le pfeaume, Domine quid multiplicati funt, à cause de ces paroles qui font mention du fommeil & du lever; Ego dormivi & foporatus fum, & exurrexi. Cela se disoit apparemment en se levant ou en allant au choeur; depuis on la inferé dans l'office.

A Narbonne aux fêtes du premier rang, douze chapiers avec chacun un bourdon en main & un cierge allumé à la cime du bourdon, fe rengent en demi-cercle devant l'autel, chantent les versets du Venite & l'hymne. A Laon aux fêtes de premiere claffe on repete trois fois l'Invitatoire.

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