DES HYMNES. Uffi.c. 6. Aint Ifidore dit que l'ufage eft d'appel- Lib. 1. de ler hymne tous les vers faits à la loüange de Dieu; Carmina quæcumque in laudem Dei dicuntur, hymni vocantur. On a été quelquefois partagé au fujet de ces hymnes; fçavoir fi on devoit en admettre dans l'office divin; le premier concile de Brague ne veut pas qu'on s'en ferve dans l'Eglife, ordonnant de n'inferer dans l'office que ce qui fera tiré des Ecritures, & d'en exclure la poëfie & toute compofition humaine; Ut extra pfalmos, vel canonicarum fcriptu- Can. 38 rarum veteris & novi Teftamenti, nihil poëtice compofitum in Ecclefia pfallatur, ficut & Sancti precipiunt canones. Mais le quatrieme concile de Tolede en 633. permet de chanter des hymnes dans l'Eglife, pourvû qu'elles foient d'Auteurs recommandables, & juftifie cet ufage par l'exemple de J.C. & des Apôtres qui en ont chanté; Hymno dicto, par l'autorité de faint Hilaire & de faint Ambroise qui en ont compofé, & qu'on chantoit en plufieurs Eglifes, & par plufieurs autres Docteurs qui en ont fait à la loüange de Dieu, en l'honneur des Apôtres & des Martyrs : il ajoûte qu'on peut dire dans l'Eglife des chofes qui ne font pas dans l'Ecriture, comme on chante Gloria Patri à la fin de chaque pfeaume, aufsibien que Gloria in excelfis, qui a été compofé par des hommes doctes & fçavans; qu'il en eft des hymnes comme des meffes, des collectes, des profes, & des bénédicCan. 11. tions qui fe lifent dans la meffe: qu'il n'y auroit plus d'office ecclefiaftique, fi on en retranchoit tout ce qui n'est pas de l'Ecriture; & conclut qu'on ne doit pas blâmer ceux qui ont inferé des hymnes dans l'office; Sicut ergo orationes ita & hymnos in laudem Dei compofitos, nullus veftrum ulterius improbet. Le huitiéme concile de Tolede fait mention des hymnes & des cantiques qu'on joignoit aux pfeaumes dans le Can. 8. corps de l'office; Pfalterium canticorum ufualium & hymnorum. Il paroît par le fupplément d'Amalaire, par l'ordre Romain de Benoît & autres, qu'avant le douzième fiécle on ne difoit point d'hymnes à Rome; & quand Ulric dans fes coûtumes de Cluny fait mention des hymnes de l'Eglife Romaine, il a voulu parler des hymnes de quelques Eglifes particulieres de Rome. A Lyon & à Vienne il n'y en a point encore, fi ce n'eft à Complies. Il n'y a pas long-tems qu'on les a admis à Paris : on ne trouve point d'hymnes chez les Grecs, ni chez les anciens moines d'Orient, Caffien n'en dit pas un mot; non plus qu'en Occident dans S.Colomban,faint Ifidore, faint Fructueux, le Maître, & Donat dans leurs Regles: on ne commençe à en voir que dans la Regle de faint Céfaire, dans celle d'Aurelien, & dans celle de faint Benoît, où l'hymne eft appellé Ambroifianum, parce qu'on les croioit faites par faint Ambroife, ou fur le modele de celles que ce Pere avoit compofées. A Milan on dit toûjours à Matines Æterne rerum conditor, puis le Benedicite omnia opera, avec une antienne & trois fois Kyrie eleifon, enfuite les pfeaumes & les leçons. Comme la plupart des hymnes du breviaire Romain pêchent dans la quantité, dans la mefure & la cadence des vers, un Cordelier François s'appliqua dans le fiecle dernier à les rendre plus poëtiques. Le pape Urbain VIII. approuva fa poëfie, & la fit inferer dans fon breviaire: plufieurs s'en plaignirent difant, que fous prétexte de les rendre plus latins, on en avoit ôté le gout de la pieté qu'on y refpiroit, Acceffit latinitas & receffit pietas. S. Ambroife parjant de fes hymnes difoit, qu'il avoit eu plus égard au fens qu'aux paroles: Negligere verba debemus, penfare myfteria. Saint Bernard dit Ep. 312. de lui la même chofe, qu'il s'étoit plus ap zi. Lib. 2: in Luc. pliqué à exprimer le fens de fes pensées, qu'à les mesurer à la cadence des paroles, & que c'eft ce qu'on doit principalement fe propofer dans les hymnes de l'Eglife. Quod ad cantum fpectat, hymnum compofui, metri negligens, ut fenfui non deeffem..... Senfus verborum non debet cedere verfui, fed verfus fenfui, ut fenfum littera non evacuet, fed fœcundet. Urbain VIII. approuvant la nouvelle profodie des hymnes du breviaire Romain, dit, que les anciens n'avoient qu'ébauché les hyranes en les comparant avec le travail de fon nouveau poëte, Inchoaffe potiùs hymnos quàm perfeciffe. Mais il faut convenir qu'on en a fait de notre tems de beaucoup plus parfaites, que ne font celles que ce Pape authorifa. On croit que la plupart des hymnes qui font à l'office du Dimanche & des feries, font de S. Ambroife. Saint Auguftin en cite quelques-unes dans fes ouvrages. DES PSE AUMES. 'Eglife a trouvé la Synagogue en poffeffion de louer Dieu par les pfeaumes; elle les a adoptés, & s'en eft fervi d'autant plus volontiers, que comme il n'y a que Dieu qui fe connoiffe parfaitement, il n'ap partient qu'à lui de fe louer comme il faut, c'est à lui à nous apprendre comment il le faut louer. Ainfi on ne se trompera jamais en lui adreffant ce qu'il a infpiré aux hommes de dire à fa louange, & tels font les pleaumes. Quia in pfalmis laudavit fe In pfal. Deus, ideò invenit homo, quemadmodum laudet Deum, dit S. Auguftin. 144. Entre les éloges que l'on a faits de l'excellence & de l'utilité des pfeaumes, je dirai feulement avec S. Bafile, que le livre des Homil. pfeaumes renferme lui feul tout ce qu'il y a in Pf.. d'utile dans les autres livres de l'Ecriture pour toute forte de perfonnes ; il prédit avec certitude l'avenir; il rapporte hiftoriquement le paffé; il donne des loix pour bien vivre, & il prefcrit à chacun tout ce qu'il doit faire. La pfalmodie a de tout tems fait la principale partie de l'office divin, & encore aujourd'hui toutes les heures consistent en un certain nombre de pfeaumes.Je ne parlerai prefentement que de l'office de la nuit:les uns en difoient plus, les autres moins. Caf fien dit, qu'un Ange perfuada aux folitaires d'Orient d'en dire douze. La regle de Chro dogand dit que celui qui préfidoit au chœur, faifoit chanter à fa volonté un certain nombre de pfeaumes à l'office de la nuit, & il paroît qu'on chantoit quelquefois quarante |