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ou cinquante pfeaumes dans une nuit ; ainsi l'office n'étoit pas encore reglé ni uniforme, comme il eft à prefent. La regle de S. Benoift laiffe à la prudence de l'Abbé de fixer le nombre des pfeaumes qu'on doit chanter à chaque office : les Orientaux disputoient quelquefois entre eux à qui en chanteroit le plus.

L'ufage de Rome eft d'en dire dix-huit les Dimanches, douze les jours de ferie & neuf aux fêtes à neuf leçons. Le chapitre In die dift. s. De confecratione, attribue ce reglement au pape Gregoire VII.

On trouve dans les vies des Saints, que plufieurs d'entre eux difoient tous les jours le pfeautier. Saint Benoift ordonna de le dire chaque femaine ; il a distribué les pfeaumes dans l'office d'une maniere à les Can. 70. dire tous chaque femaine. Le concile d'Aix la Chapelle en 789. recommande de garder la mediation & la divifion des versets : Ut Pfalmi fecundum divifiones verfuum modulentur.

Quand les pfeaumes étoient trop longs, on ne faifoit pas difficulté de les couper en deux ou trois, afin de prier avec plus d'attention, & on ne cherchoit pas tant, dit Lib. 1. Caffien, à en dire beaucoup & promtement, qu'à leur donner une grande attention. Âmalaire dit auffi qu'on divifoit les pfeaumes

XI.

Lib.

offic.

trop longs comme il eft refté au Beati immaculati en vingt-quatre portions, fi ce n'étoit dans les grandes folemnités, lorfque les pfeaumes avoient quelque rapport au myftere, comme à Noël Mifericordias Domini, à la Pentecôte Exurgat, la veille de Noël Audite cali; car pour lors on ne les coupoit point: Qua divifio pfalmorum non debet effe in proprietatibus folemnitatum.

Le livre des pfeaumes eft intitulé le livre des hymnes ou des louanges, parce que la principale partie a pour fujet les louanges de Dieu. Les Grecs les ont appellés pfeaumes, parce qu'on accompagnoit la voix du fon des inftrumens de mufique. La pluspart des pfeaumes ont un titre particulier, qui marque fouvent le nom de l'auteur. Saint Jérôme croit que c'eft une chofe conftante, que les pfeaumes ne font pas tous de David: p Scimus errare eos qui pfalmos omnes David effe arbitrantur, & non eorum quorum nominibus infcripti funt. On ne doute point que les pfeaumes ne foient un ouvrage poëtique; mais on n'eft pas d'accord fur le genre & fur la nature de la poëfie des Hébreux ; fi ce n'étoit qu'une rime, ou fi elle confistoit en un certain nombre de pieds & de cadence. On ne reconnoît rien de cela dans les pfeaumes; on y reconnoît feulement un style & un tour poëtique.

Ep. ad

Quant à la traduction des pfeaumes en la langue latine, il faut remarquer qu'il y en a deux verfions qui ont eu cours dans l'Eglife, fçavoir celle de S. Jérôme & la Vulgate; ou plutôt deux versions latines' faites fur les Septante, & ces deux verfions font de S. Jérôme. La premiere n'étoit que la revifion de la traduction latine qui avoit cours dans l'Occident, & qui eft devenue la Vulgate. Il entreprit ce travail étant encore jeune dans la ville de Rome, & l'acheva en peu de tems. Il fit dans la suite étant retiré à Bethléem une feconde édition des pfeaumes, revûe plus éxactement que la premiere: ces deux verfions ont eu cours De rebus dans l'Eglife, & Valfride Strabon prétend Ecclef.

6.25.

que la verfion qu'on fuivoit en France étoit différente de celle de Rome, & que ce fut Gregoire de Tours qui introduifit en France la verfion dont on fe fervoit à Rome. Mais il n'eft pas vray que Gregoire de Tours ait introduit en France la verfion de S. Jérôme qu'on fuivoit à Rome, puifque cet Evêque dans les endroits qu'il cite de l'Ecriture, ne fuit pas la verfion qui étoit en ufage en Lib. 5. France; car, par éxemple, rapportant leverbift. 6.14. fet 18. & 19. du pfeaume 72. Verumtamen propter dolofitatem pofuifti eis mala. Dans le pfeauter de France on lit: Verumtamen propter dolos difpofuifti eis mala. On lisoit aussi:

Perierunt propter injuftitias fuas, & dans le pfeautier de S. Jérôme il y avoit : Propter injuftitiam fuam. Ce n'étoit donc pas la verfion de S. Jérôme qu'on fuivoit en France au tems de Gregoire de Tours, ce fut peutêtre du tems de Boniface de Mayence, qui répandit en France & en Allemagne le pfeautier de la verfion de S. Jérôme.

Rome conferva fa verfion jufqu'au tems de Pie V. qui autorifa la vulgate, & permit feulement à l'Eglife de S. Pierre, & à Milan dans celle de S. Ambroife de fuivre leur ancienne verfion, ordonnant que par tout ailleurs on eût à fe fervir de la vulgate dans tous les offices de l'Eglife. Thomafius nous a donné ces deux pfcautiers fous le titre du Pfeautier Gallican & du Pfeautier Italique,& l'on voit la différence qu'il y avoit entre eux.

Dans la vie de S. wilfride évêque d'Yorc en 709. il eft dit qu'il fit fupprimer la verfion des pfeaumes de S. Jérôme qu'on avoit lue jufqu'alors en Angleterre, & qu'il y fic pfalmodier felon la verfion qu'on fuivoit à Rome: Pfalmos quos fecundum Hieronymum legerat, more Romanorum juxta Septuaginta editionem memorialiter tranfmutavit.

Des Antiennes & des Répons.

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Hanter en forme d'antienne,c'eft chanter alternativement à deux chœurs. In duos choros divifi alternatim pfallunt. On appelle ainfi les pfeaumes & les cantiques des antiennes, parce qu'on les chante à deux chœurs. L'ufage eft d'appeller préfentement antiennes certaines prieres courtes ou fentences qu'on commence avant que d'entonner un pleaume, & qu'on chante toute entiere à la fin du pleaume.

Autrefois on chantoit les pfeaumes fans antiennes, cela nous eft refté le jour & la femaine de Pâque aux petites heures, & les trois jours avant Pâque. Dans le jour & la femaine de cette fête on ne dit à la fin des pleaumes qu' Alleluia. Nous voyons dans Caffien la même chofe à la fin des pleau mes. Dans la fuite on établit des antiennes; Cap. 14. & la regle d'Etienne & de Paul ordonne qu'elles feront toutes de l'Ecriture auffi-bien que les répons. Nullus prafumat refponforia vel antiphonas pro fuo libitu, & non ex car nonica fcriptura defumpta canere. Le nombre des antiennes n'étoit pas reglé; quelquefois on difoit deux pfeaumes, quelquefois trois ou davantage fous une feule antienne.

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