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préfente au prêtre le calice avec du vin & de l'eau dedans & la patene par-deflus puis il va s'affeoir du côté de l'épître qu'il ne lit point non plus que l'évangile, ni ce qui eft entre deux. A Laon & en quelques autres églifes aprés les oraisons, on chante Chriftus vincit, Chriftus regnat. A Chartres quand l'évêque dit pax vobis, ou le célébrant Dominus vobifcum, le chœur ne répond point, mais l'un des enfans qui portent les chandeliers répondent bas. Cela sobferve auffi quand le Pape officic.

D. Inftruifez-nous auffi de tout ce qui a rapport à l'épître, de fon origine, du nombre des épîtres, de quelle maniere on la difoit ou on la chantoit, & des differens pupitres ?

R. Le peuple étant affemblé on prenoit de là occafion de l'inftruire par les lectu res, cela s'étoit de tout tems pratiqué chez les Juifs de lire quelque chofe de la loy & des prophetes aux jours du fabbath dans les fynagogues, & c'eft ce que faint Luc nous marque, que les premiers fidéles étoient affidus à entendre la doctrine des Apôtres, & à célébrer la fraction du pain : Erant 48. perfeverantes in doctrina Apoftolorum & ora tione & fractione panis. On s'affembloit pour célébrer l'Euchariftie,& on commençoit par Pinftruction. Saint Juftin dit que les fidéles

étant affemblez les Dimanches on lifoit Apolog. les écritures des prophetes & des apôtres,

cap.2.

autant qu'on avoit de loifir. Tertullien dit qu'on s'affembloit le dimanche pour lire Apolog. les écritures: Cogimur ad divinarum littecap.39. rarum expofitionem.

L'épître eft intitulée Lectio, à legendo,parce qu'on la lit & qu'on ne la chante pas. Dans quelques églifes on la chantoit avec des notes, comme à Rouen & à Cambray, les fêtes de Noël.

Selon faint Juftin, que je viens de citer on lifoit les écrits des Apôtres & des Prophetes auffi fouvent ; il y avoit deux épîtres, l'une de l'ancien & l'autre du nouveau Teftament, cela s'eft confervé aux mercredis des quatre-temps, & aux fame= dis, il n'y a que la derniere lecture qui foit du nouveau Teftament, & presqué tous les jours de Carême, & d'autres jeûnes les épîtres font encore de l'ancien Tefta ment, le Samedy faint & celui de devant la Pentecôte toutes les lectures font de l'ancien Teftament.

A Milan aux fêtes folemnelles l'épître · eft précédée d'une leçon de l'ancien Teftament. A Vienne en Dauphiné l'épître précede la prophétie ou la leçon tirée des prophetes. Tertullien femble marquer quatre leçons, deux de l'ancien & deux du nouveau

:

de David

& Sai!.

Teftament, lorsqu'il dit: Legem & prophe- Deprefc. tas cum evangelicis & apoftolicis litteris mifcet; (ap. 36. mais pour les deux lectures de l'ancien & du nouveau Testament faint Justin les marque formellement Et commentaria apostelo- Apolog. rum & fcripta prophetarum quoad tempus fert, cap. 2. leguntur. Saint Chryfoftome fe plaint de ceux qui le même jour qu'ils avoient entendu les prophetes & l'apôtre alloient aux fpectacles: lifdem auribus, quibus prophetam Homil. apoftolum, fcenam audiunt. Pachimere remarque le même ordre dans fon Commentaire fur le livre de la Hierarchie : Deinde cap. 3. per lectores divinarum fcripturarum, prophetan rum, apoftoli & divini evangelii lectio fit. Saint Auguftin pareillement: In omnibus lectionibus audivimus.... primam lectionem Ifaia propheta.... deinde fuccedit lectio apofto- Serm. 45. lica. Gregoire de Tours fait mention N. Ed. de trois livres qu'on mettoit fur l'autel pour lire à la meffe; dans l'un étoient les prophéties, dans l'autre les épîtres des apôtres, & dans le troifiéme les évangiles : Libri prophetia, apoftoli & evangeliorum.

quas

En France on commençoit par lire les actes des martyrs, comme on voit dans la Lirurgie Gallicane, & dans Gregoire de Tours (lib. 2. de mirac. S. Martini cap. 4. & lib. de Glor. Martyr. cap. 86.)

La même chofe s'obfervoit en Espagne,

Lib. 4.

Hift.

cela paroît par Braulius évêque de Sarra goffe qui écrivit la vie de faint Emilien afin qu'on la lût à la messe le jour de f Fête Ut poffet in miffe ejus celebrations quantocius legi. En Afrique on les lifoit auffi, cela fe voit dans les actes de la tranflation des reliques de faint Etienne : on les lifoit encore autrefois à Rome; mais comme on étoit fouvent expofé à lire de faux actes de martyrs, le pape Gelafe dans

un concile de Rome, ordonna de ne les lire qu'avec beaucoup de précaution : Secundum antiquam confuetudinem fingulari cau tela in Ecclefia Romana legantur. Le concile an. 59. de Laodicée & le troifiéme de Carthage Can. 47. avoient déja ordonné de ne lire à la messe que les livres canoniques.

Le plus célebre recueil des lectures de la mefle pour toute l'année eft celui qui eft appellé Comes Hieronymi ; on le nommoit Comes, qui fignifie compagnon, parce que les ecclefiaftiques devoient l'avoir toû jours avec eux, & on ajoûtoit Hieronymi, parce qu'on croyoit que faint Jerôme en étoit l'auteur, mais fouvent il eft feulement appellé liber comes, ou liber comitis.

Dans la fuite on fit un lectionnaire où les épîtres furent mifes par ordre pour être dites dans le cours de l'année ; Genmade dit que Mufé Prêtre de Marfeille à

la priere de Venerus, évêque de Milan, avoit tiré des leçons de l'écriture propres pour tous les jours de l'année : il mourut vers l'an 460.

Ce que nous appellons l'épître a pris fon nom de ce qu'elle étoit ordinairement tirée des épîtres de faint Paul : c'eft pour cela qu'en plufieurs endroits on l'appelloit Apoftolus, l'Apôtre, comme dans S.Auguftin Apoftolum audivimus; dés le temps des Apôtres, & fur tout de S. Paul, on lifoit fes épîtres dans l'Eglife, il l'avoit recommandé lui-même : Cum lecta fuerit apud vos epiftola col. 4 bac, facite ut & in Laodicenfium ecclefia legatur,& eam que Laodicenfium eft, vos legatis. On lifoit d'abord les épîtres de l'Apôtre dans les églifes où elles étoient adreflées puis on les lifoit dans les autres ; S. Paul conjure ceux de Theffalonique de lire sa lettre: Adjuro vos per Dominum ut legatur Thessal. epiftola hac omnibus fanctis fratribus.·

Quand on lit S. Paul on commence par fratres, parce que cet apôtre y appelle ainfi ceux à qui il écrit: aux autres épîtres on dit chariffimi, qui eft la maniere de parler de ceux qui les ont écrites: pour les leçons historiques de l'ancien & du nouveau Teftament, on dit toûjours In diebus illis. On faifoit ces lectures en un lieu élevé appellé depuis tribune, degré, pupitre, jubé,

1. C. S.

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