collecte, ou pour lors l'ordination étoit faite, & où on entroit fous le Dimanche. On n'y dit point non plus, comme le marque le faux Alcuin, l'oraifon fur le peuple, parce que les canons défendent de s'agenouiller le Dimanche. On voit dans Amalaire & dans l'ordre Romain qu'on difoit douze leçons le Samedy des Quatre-temps; In duodecim lectionibus; nous n'en difons plus que fix. L'abbé Bernon qui vivoit dans l'onzième fiécle, dit qu'on avoit coûtume à Rome de les dire en Grec & en Latin; les premieres pour les Grecs qui fe trouvoient à l'office & qui n'entendoient pas le Latin, & les fecondes pour les Latins. Ce qui femble faire croire qu'il n'y en avoit que fix comme à prefent, & qu'on ne les a appellées douze leçons, que parce que chacune fe lifoit deux fois en differentes langues.

En Avent le Mercredy des Quatre-temps on lifoit la nuit l'Evangile Miffus eft avec lumiere & encens, comme on fait à la messe aux jours folemnels; & on l'annonçoit par le fon de la groffe cloche qu'on fonnoit pour lors.

Quant aux antiennes folemnelles qui commencent par l'interjection O,dont nous nous fervons pour conjurer le Sauveur de venir nous délivrer du peché. Dans plu

fieurs ordres Romains elles commençoient à la fête de faint Nicolas & duroient jufqu'à Noel; O fapientia eft par tout la premiere. On trouve; O clavis David dans la vie d'Alcuin, qu'il la difoit trois jours avant fa mort, ce fut l'an 815. Tertia antequam migraret die, folitam exultationis voce de cantavit antiphonam, Oclavis David, & fceptrum domus Ifrael..... Honoré d'AuLib.3.c.5. tun, dit qu'on ne difoit que fept O, mais qu'il y avoit des Eglifes où l'on en disoit douze, pour exprimer les douze Prophetes qui ont prédit le Meffie; Si duodecim O cantantur, duodecim Prophetia exprimuntur ; ceux qui n'en ont que fept, ont prétendu confacrer une semaine à demander le Meffie à l'exemple de l'Eglife de Tolede, qui dans fon dixiéme concile en l'an 656. faifoit une fête de la Vierge huit jours avant Noël, & la faifoit durer tous les huit jours. Outre ces fept jours qui avoient chacun un O particulier, le dernier étoit en l'honneur de la Vierge; O Virgo Virginum ; il est dans tous les anciens ordres Romains: depuis Pie V. on l'a retranché ; c'eft de là qu'il n'eft plus refté que fept O à Rome. D'autres en avoient ajoûté un à faint Thomas, & il fe difoit à Paris avant la réforme du dernier breviaire, ; O Thoma Didyme. C'est de là qu'il y en eut neuf. On a fupprimé OVirgo

Can. 1.

Virginum, & O Thoma, comme n'étant pas de la convenance de demander le Meffie à un Apôtre; & celui d'O Virgo Virginum, parce qu'il étoit d'une compofition bafle & on leur en a fubftitué deux autres tirés des Prophetes; O Paftor Ifrael, pour la veille de faint Thomas; & O fancte fanctorum, pour le dernier jour.

A Châlon fur Saone les O fe chantoient au refectoire où l'Evêque & le Chapitre alloient en proceffion, enfuite on prefentoit la collation ; & comme il s'y paffoit quelquefois du defordre, cela fut fupprimé en 1624. A Paris les O fe chantoient au Chapitre, on y alloit en proceffion, on y chantoit trois répons, Miffus eft, & deux autres, & puis l'O. Le clerc du Chantre tenoit une coupe d'argent doré dans laquel le on verfoit du vin pour celui qui chantoit l'O; il bûvoit le premier, puis tous ceux du chœur felon leur rang: pendant la cérémonie on allumoit deux torches qui alloient devant le clergé, & qui l'éclairoient auffi au retour; mais dès l'an 1545. il fut ordonné de convertir cette collation en argent ; cela fe faifoit pourtant encore en 1635. II eft refté à Paris de fonner une cloche pendant Magnificat de l'O; c'étoit le fignal pour avertir ceux qui vouloient y affifter; on l'a fupprimé dans la Cathédrale, depuis

qu'on chante l'O au chœur, & ce qu'on fonne pendant Magnificat eft pour Complies, ainsi qu'on les fonne tous les autres jours de l'année.

DE LA FESTE ET DE LA VIGILE de Noël, & de fon octave.

Oël est un cri de joie qui se faisoit autrefois aux fêtes & aux naiffances publiques, comme aux baptêmes des Princes & aux entrées des Rois.

Entre les plus grandes folemnitez de l'Eglife, celle de Noël a toûjours tenu le premier rang après celles de Pâques & de la Pentecôte. Elle eft ainfi nommée de Natalis, Lib. 4. de le jour natal de J. C. la fête de fanaiffance. Trinit. S.Auguftin en parle en plufieurs endroits,& dit qu'elle fe célébroit le huitiéme avant les Kalendes de Janvier, c'est le 25. Decembre; In Pfal. Natus traditur octavo Kalendas Januarias, au tems que le foleil commence à remonter, au lieu que la naiffance de faint Jean -Baptifte fe faifoit au folftice d'été, quand les jours commencent à diminuer.

232.

pas

fi

Én l'Eglife d'Orient le jour n'étoit univerfellement déterminé, & on commença par faire cette fête le fix Janvier avec le baptême de J. C. puis on les fepara à l'éxemple de l'Eglise Latine.

10.

Nous avons le jeûne de la veille de Noël marqué dans Theophile d'Alexandrie, en une année où cette veille arrivoit un Dimanche, auquel jour il étoit défendu de jeûner. * Theophile pour accorder la joie du Dinianche avec le jeûne de Noël, permit seulement de manger quelques dattes; Ut paucos dactylos fumentes fimul & hærefes vitemus qua Chrifti refurrectionem non honorant, & diei jejunii quod debetur reddamus. L'ufage n'étoit pas d'anticiper le Samedy le jeung qui arrivoit au Dimanche;ou bien c'eft qu'en Orient on ne jeûnoit point le Samedy non plus que le Dimanche, ainfi on n'eût pû l'anticiper. Saint Auguftin dépofa un prêtre & curé dans fon diocèfe pour n'avoir pas jeûné la veille de Noël; Confeffus eft die je- Ep. 236. junii natalis Domini quo omnes Ecclefia jejunabant, prandiße & canaffe... Pierre Damien permet à fes Religieux de prendre un peu plus de nourriture qu'à l'ordinaire à cause de la longueur de l'office de la nuit ; Opufer4. mais il fe plaint de ceux qui prenoient ce prétexte pour boire du vin ou d'autres liqueurs.

L'office de cette veille eft tres-remarquable, il ne cede en rien aux veilles de Pâ-' ques & de Pentecôté pour fa diftinction, l'emportant fur le Dimanche même fi cette veille y échoit, comme il paroît par les sta